TAHITI
Les pirogueS sont alignées les unes à côté
des autres sur la plage de sable noir, à côté du temple de Paofaï.
Plus de cent pirogues sans aucun doute,
retournées, au repos, bleues, jaunes, rouges. Il y a des pirogues
individuelles, fines, si fines que l’on se demande comment elles peuvent porter
un homme. Il y a les longues pirogues de haute mer, construites pour six
rameurs.
Les piroguiers, on les reconnaît à
l’épaisseur de leurs épaules : La pagaie courte, à large pale, n’économise pas
l’effort !
Sur une mer bien formée, les pirogues
enfournent à chaque lame. Malgré les bâches de protection, les rameurs sont
bien obligés d’écoper. On a le vent debout. Il souffle à plus de vingt nœuds,
avec des rafales à vingt cinq nœuds. Les creux ont plus de deux mètres.
Peu à peu, la pirogue bleue des jeunes des
Îles-sous-le-Vent se détache. Une rouge la suit, mais se retourne au passage
d’une vague plus grosse que les autres. Pour la remettre à flot et reprendre la
course il faut perdre un temps fou. La pirogue bleue accentue son avance.
Derrière, les autres concurrents adoptent
des routes qui divergent : Un groupe suit le récif, l’autre gagne au large.
Elles sont deux à avoir viré la bouée et à prendre le chemin du retour,
navigant avec vent arrière alors que les autres peinent toujours. Porté par les
vagues, on ne faiblit pas, à la cadence d’un coup de pagaie par seconde ...
Soixante coups à la minute ! L’eau gicle de toutes parts.
Et puis, soudain, nouveau chavirage de la
pirogue qui est à la seconde place ... Elle est redressée par ses piroguiers
qui étaient tombés à la mer. Elle chavire à nouveau dix minutes plus tard. Son
équipage abandonne. Il n’est pourtant pas au bout de ses émotions : En essayant
de gagner l’îlot le plus proche, la pirogue se casse en deux .
Tout le monde à la mer, une fois de plus !
L’équipage essaie de monter par l’arrière sur le bateau accompagnateur,
celui-ci est déjà surchargé. Une lourde vague embarque, le bateau coule à son
tour !
Les jeunes des Îles-sous-le-Vent
poursuivent sans faiblir. Ils atteindront la ligne d’arrivée en cinq heures
trente deux minutes, vingt deux secondes. Allez vous étonner que les
Polynésiens aient de larges épaules !
Cette année, une pirogue polynésienne
remportera le championnat du monde des pirogues de haute mer, à Honolulu ...
Mais comment peut-on courir avec de telles pirogues, alors que le barreur est
parfois si gros ?
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire