TAHITI
Le Temple de Paofaï reluit comme une pièce
montée.
Un peu trop de peinture sans doute. On
croirait qu’on l’a importé tout construit d’un crémeux village du Devon.
Balustres blancs et clocher rouge. Le
carillon tinte clair.
Il fait déjà nuit. Par les baies ouvertes
, on aperçoit des lambris vernis. Les hommes sont à droite, tête nue. À gauche,
les femmes portent de blanches capelines.
“SILENCE-CULTE” dit la pancarte.
En chaire parle un pasteur, veston croisé,
cravate noire.
Mais c’est l’endroit le plus bruyant de la
ville : route devant, route derrière ... toutes deux à grande circulation.
Larges pneus qui crissent sur l’asphalte. Échappements pétaradants, hurlement des
motos dans les embouteillages.
“SILENCE-CULTE”.
Et pour que nul n’en ignore, les fidèles
ont bouché les rues adjacentes, obturées, remplies, garnies par leurs voitures.
À l’intérieur du temple, on chante en
choeur. On chante les hyménées, à pleins poumons.
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