vendredi 21 août 2015

PAUL GAUGUIN

















Ce pays ne s’est jamais remis de ne pas avoir, quand il en était temps, reconnu Paul Gauguin. Il est vrai que son travail ne faisait pas encore s’envoler les enchères !

Il est vrai aussi que l’on pouvait s’y tromper : Ce n’était jamais qu’un gueux, arrivé ici avec un billet gratuit de quatrième classe. Amoral, sinon immoral. De plus, c’était un véritable empêcheur de tourner en rond, qui se prenait quatidiennement de bec avec les gendarmes !

Quelques-uns savaient qu’il peignait ... Parfois sur de la toile de sac ... Des trucs colorés, pleins de chevaux verts, de sables rouges, d’arbres bleus. Dans ces paysage, il allongeait des fillettes impudiques de treize ans, vues de profil. Il sculptait aussi, parfois, ou plus souvent il gravait ... d’étranges choses, inavouables.

Il mourut quelque part aux Marquises où l’avait poussé son sale caractère. On retrouva quelques toiles. On vendit le tout aux enchères.



Tout ce qui constituait son oeuvre quitta le pays, absolument tout. On dit qu’un tableau était présenté à l’envers par le Commissaire-Priseur, mais comme personne ne comprenait ce que cela représentait, on vendit ce tableau pour un paysage de neige ... C’est dire que le tout partit pour presque rien !

La belle affaire ! En vérité, on n’y eut pas dépensé quatre sous !

Tahiti, aujourd’hui, court après l’ombre de Gauguin. Il y a le Lycée Gauguin, bien sûr, mais il y a aussi le restaurant Gauguin, la boutique “Photo-Gauguin”, la laverie Gauguin, l’avenue Gauguin ... Il y a l’effigie de Gauguin sur les timbres-poste, sur les cartes de téléphone, sur les paréos des Vahinés, les autocollants et les tee-shirts. Quoi d’autre encore?

Il y a un Musée Gauguin ... Qui ne possède aucun tableau de Gauguin !

Et puis il y a toutes les galeries d’art ... Combien de galeries ? ... Pas une désoeuvrée, ici, qui ne se découvre des dons pour le pinceau. Pas un prof. de collège ou de lycée qui n’expose et qui ne vende ...



"Comment dire, ma chère ?" ... Je voudrais trouver le plus juste compliment ...

-”Mes compliments pour avoir ... osé, Madame ! “ Ceci dit entre deux verres et trois cacahouètes.

Quant à moi, je n’ai rien acheté ... Au risque d’avoir encore une fois, laissé passer Gauguin !

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