jeudi 17 novembre 2016

OLERONNADES




OLERONNADES,

de Michel Savatier




(Réflexions sur une île en perte d’identité.)







ÉDITIONS « LE CROÎT-VIF - 2; RUELLE DE L’HOSPICE - 17001-SAINTES





Michel Savatier est-il un auteur sérieux ?  On est 
parfois tenté de s’interroger à ce sujet. Il est vrai 
qu’il vit une partie du temps dans le Midi. Ce qui 
explique peut-être que ses Oleronnades 
riment souvent avec galéjades. On ne s’en plaint pas, 
d’ailleurs.
Dans l’oeillet d’oleron et le lys du Japon, il évoquait ses ancêtres herborisant sur les 
dunes.
Quand Oleron était une île raconte surtout 
ses souvenirs d’enfance, avec, pour jeu préféré, la 
pêche, toutes les pêches, y compris celles dans les 
fameuses écluses à poisson. Il nous décrivait 
aussi un grand-oncle se rasant avec un coupe-
chou. C’était attendrissant.
L’enfance est encore présente dans Oleronnades. 
En partie seulement. Refusant de se cantonner 
dans un seul genre, chapitre après chapitre, notre 
narrateur sautille d’un registre à l’autre, passant 
du conte à la sottie (mot ancien qui vient de sot), 
de la fantaisie historique délirante ( un genre qu’il 
pourrait bien avoir inventé) au récit dramatique 
qui donne des frissons. Comme il est en même 
temps visionnaire et naturellement poète, on le 
suit, charmés, mais tout de même secoués et 
ballottés comme sur ces voiliers de jadis sur 
lesquels il nous emmène savourer les tempêtes du 
Cap Horn (grand voyageur, il adore le Cap Horn). 
Il met aussi en scène l’abbé Pierre-Marie Kieffer au 
temps où il était curé de Saint-Pierre. On doit à 
l’abbé Kieffer la création du musée Aliénor 
d’Aquitaine qui est devenu le Musée de l’île 
d’Oléron.
On le trouve ensuite sur les plages de l’île, 
contemplant l’infini en solitaire et humant le vent 
du large. Il y ramasse des os de seiche qui ont 
rétréci, et constate (comme c’est bizarre !) que 
certaines espèces ont disparu. Romantique, il joue 
avec les mouettes et les goélands (lui, au moins, 
fait la différence !) et, avant d’offrir un bouquet de 
roses à sa bien-aimée, s’émerveille longuement de 
la cétoine dorée posée sur l’une d’elles.

Ne nous y trompons pas pourtant ! Michel 
Savatier n’est pas toujours le doux rêveur 
inoffensif que l’on pourrait croire. Il est juste assez 
sérieux pour signaler en passant les dangers qui 
guettent son île, comme la création d’un complexe 
balnéaire de béton auquel elle a échappé de 
justesse. Sans cesser de badiner, il souligne une 
certaine perte d’identité qui serait due, entre 
autres, à la prolifération de résidences secondaires 
sans caractère et autres « terrains de loisir ». 
Mine de rien, il informe le monde que le 
tiers des terres de l’île est en dessous du niveau de 
la mer, et que l’océan qui ronge la côte pourrait 
aussi prendre ses aises de ce côté-là. Il y aurait 
peut-être quelques précautions à prendre pour 
tenter de l’éviter.

« À bon entendeur, salut ! », nous dit cet amoureux d’Oléron.
M.P.
La Plume des Fadets  (Juin 2015)
(Reproduit avec l’autorisation de l’auteur)

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