lundi 7 novembre 2016

LE RÊVE SANS QUEUE NI TÊTE ...







UN RÊVE


SANS QUEUE NI TÊTE.











                





                         Il faisait nuit et je ne savais pas quelle heure il était. Je tâtonnai, mais je ne parvins pas à trouver l’interrupteur qui m’aurait permis d’obtenir de la lumière … Ou bien cet interrupteur avait-il été enlevé sans que je le sache ?


                 Il faisait nuit noire, assurément … Un instant auparavant … Mais était-ce bien auparavant ? … J’étais sur un grand radeau de bois, construit de bric et de broc, ficelé de cordes nouées … Il est vrai que, la veille, j’avais lu l’horrible récit de l’odyssée du radeau de la Méduse, dérivant au soleil à partir du banc d’Arguin … Ce n’était du reste pas tout à fait du radeau de la Méduse qu’il était question … L’écrivain avait rebaptisé la frégate qui, selon lui, se nommait l’Alliance … Pourquoi ? - Les aventures étaient bien les mêmes et l’horreur était aussi la même …

                     Sur le radeau où je me trouvais, moi, il y avait une centaine de personnes, hommes, femmes et enfants. Le radeau avait un mât. Les voiles étaient gonflées … Elles étaient curieuses, ces voiles, gonflées comme des ballons. Je dirigeais cette curieuse embarcation … Qui volait ! – Nous étions, selon toute vraisemblance, au-dessus des vallées de Tahiti ! … Tu connais Tahiti, toi ? – En tirant sur une écoute, puis sur l’autre, je modifiais la direction de l’esquif. Je lui faisais sauter des crêtes, remonter le lit des torrents. Mes compagnons riaient. Nous descendions parfois jusqu’à raser les sommets des grands arbres.










                      Ce devait être un jour de fête : Les habitants étaient tous dehors, groupés en petites troupes sur les pelouses. Les femmes portaient des robes colorées, à volants bleus et rouges. Elles avaient des fleurs à l’oreille, ou bien elles en portaient en colliers, ou encore en couronnes sur la tête … Les hommes servaient à boire et chantaient. Les enfants tiraient sur les ficelles de leurs cerfs-volants. Les cloches sonnaient à la volée … C’était bien au-dessus des terres que volait notre radeau, pas au-dessus de l’eau …
D’ailleurs, je ne me souviens pas d’avoir aperçu de l’eau … Bizarre – Quand on parle de Tahiti ! … Non ?


















                       Je ne sais pas ce qu’il advint du radeau, ni de mes compagnons de voyage … J’ignore ce que sont devenus les habitants et les paysages … J’ai encore dans la tête le son des cloches , très distinct, encore que de plus en plus lointain … Je ressentais un grand creux, un grand vide dans l’estomac … Comme on peut le ressentir après avoir glissé longtemps en profondes descentes, en montées vertigineuses …











                      Y avait-il jamais eu un interrupteur à l’endroit où je l’avais cherché ?  - Question trop compliquée, tu vois … Pour que je me casse la tête à essayer d’y répondre …

                   Mes deux pieds étaient à terre … J’étais seul … Je devais avancer. J’avançai, les yeux écarquillés … Mais il faisait si noir que cela ne me servait à rien … Bien entendu, j’avais les deux bras tendus vers l’avant … Et mes deux mains tâtonnaient, ouvertes … Colin-Maillard, tu connais ! … C’est affreux, Colin-Maillard ! Surtout lorsque tu ne sais pas où tu es … On t’a fait tourner longtemps sur toi-même, pour te faire perdre le sens de l’orientation … Ta main droite a rencontré quelque chose ? – C’est froid … Qu’est-ce que c’est ?

-   Comment veux-tu que je sache ce que c’est, puisque je n’ai trouvé aucun indice, aucun ...




















       Voilà maintenant que c’est ma tête qui cogne … Contre quoi ?



- C’est dur... Vertige … Vertige et panique … Pas la peur : La Panique ! – C’est l’épouvante ! – Des assassins ? – C’est horrible : Tu ne veux même plus savoir où va le temps qui passe … Le temps qui passe … Terreur de ce qu’il pourrait bien apporter … Terreur encore beaucoup plus forte de ce qu’il pourrait bien emporter … Panique ! – Terreur d’enfant  dont tu ne te remets jamais : Tu en meurs !



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