mardi 3 juillet 2018

PÉRIGUEUX






PÉRIGUEUX






“Ils m’ont jugé à pendre

Que c’est dur à entendre

À pendre et étrangler

Sur la place du 

Vous m’entendez

À pendre et étrangler

Sur la place du marché”
....




“Pleur’pas Nelly

Pleur’ pas Nelly

Demain on va me pendre

Pleur’ pas Nelly

Demain tout s’ra fini”




*
Et je dis :


                 

Je dis automne

Je dis enchantement

Et je dis magie





Je dis Jaune franc

Je dis jaune d’or

Citron

Je dis jaune persan

pourquoi persan ?



Sénégal

Et pourquoi pas ?

Je dis ocre jaune

Terre de Sienne brûlée

ou pas brûlée

Carmin

Écarlate

Magenta

Rubis

Vermillon

Et je dis velours

Cachemire et brocart




Je dis roux

Roux surtout

Roux

Je dis l’écureuil la queue en panache

Et je dis le chevreuil et je dis le cerf et la biche

Je dis noisette

Et je dis noix

Pomme de mélèze

Et je dis le gland dans son cuir

La châtaigne


                                

Je dis l’écharpe

Flottant au petit matin
  
Et je dis la montgolfière du soleil

Sans bruit

Surgie à la tête du grand chêne

Passe 

Va doucement où l’imperceptible vent te mène


                  

Château sur la crête

Multiples tourelles

Coupoles

Multiples fenêtres

Longues murailles


               

Mage

Je dis Magie

Je suis le Magicien

J’ai beaucoup marché sur les chemins du monde

Je marche encore et j’entre dans la ville

Less avenues sont jonchées d’étoiles 

Prends garde où ton pied se pose

Sur les trottoirs j’ai semé des étoiles d’or

J’ai porté la flamme dans les allées de liquidambars

Flammes jaunes flammes rouges



 

C’est ainsi que je suis entré dans la ville

En passant par le jardin des poètes

Où le marronnier avait roussi



Magie des marchés dans les rues

J’ai fait venir aux parvis des cathédrales

J’ai fait venir ...



... “Y’a un’ si tant bell’ fille lon la

Y’a un’ si tant bell’ fille ...”


                   

J’ai fait surgir des cathédrales et des palais

J’ai orné les murs de corniches et de moulures

Les fenêtres et les portes d’ arches et de meneaux

D’ogives et de vantaux cloutés

J’ai élevé de hautes toitures et des tours

Couvertes d’ardoises et de tuiles douces


Et puis sur les places pavées de granit

J’ai installé les marchandes et les marchands


J’ai installé la poèsie au milieu de la ville

Et tout est “plume sur la langue”


                               



Les châtaignes et les noix

Les tomates et les choux

Pommes poires du pays

Conserves de foie gras

Saucisson de canard

Magrets et cous farcis 

Confits cassoulets

Les raisins noirs blancs dorés

Et les figues Ah! les figues !



J’ai servi le vin bourru à nul autre pareil

Le Bergerac et le Pécharmant

Les rouges et les blancs

                   

Et puis je suis entré dans la cathédrale

Les grandes orgues y jouaient

Elles disaient bien que j’étais le Roi

Le Roi 

Mais quand les orgues se sont tues

Un homme noir a joué de la khôra

J’étais le roi du monde !



On baptisait trois nouveaux-nés avec de l’eau sur le front

Et les vitraux flambaient



Je dis ocre jaune

Terre de Sienne brûlée

Et pas brûlée

Carmin

Écarlate

Magenta

Rubis et vermillon



Je dis roux

Roux surtout

Rousses les fougères

Rousses

Et je dis bleu 

Bleu azur bleu


 

Et j’ai lancé des ponts

Sous leurs arches on voyait des coupoles et des tours

Des eaux coulaient que l’on aurait voulu plus claires

Mais elles l’avaient été sans aucun doute

En des temps longtemps

Un moulin en témoigne

Des chevelures vertes s’y déploient tout de même

Et des yeux y brillent, clignotants

Des saules y pleurent le temps qui passe

Mais un merle était caché dans le feuillage

Mon Dieu qu’il était gai !




                        




Alors je suis sorti de la cité par la venelle étroite

Les étoiles d’or sur les trottoirs

Avaient séché un peu

Les pas en avaient détaché des pépites



L’an prochain il y en aura encore 

Allons je marche dans la poussière d’or 

Par ci par là une étoile couleur lie de vin

Et les arbres n’ont pas encore fini d’ôter leur robe



Je sais que sous le sol à côté

Est une ville deux fois millénaire 

Je sais 

Je sais que partout

Je marche sur des os brisés.

 
*


“Ne pleure pas Jeannet-ette

Tra la la la la la la la la !

Ne pleure pas Jeannet-ette

Nous te marillerons 

Nous te marillerons ...”




Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire