dimanche 26 mai 2019

LA DURANDIERE







*LA DURANDIÈRE










Venant de Foulerot, vous qui passez par l'avenue de la Durandière, allant de Plaisance jusqu'au port du Douhet, gardant la mer à votre droite ... Aix toute proche, Chatellaillon et La Rochelle ... A votre gauche la dune, sur laquelle ont poussé des villas d'été, s'entrechoquant ... Plus loin les anciens marais-salants, desséchés ou remplis, selon les hasards de la pluie, les hauteurs de la marée ... Vous avez, peut-être, emprunté le chemin de la Malentreprise pour couper à travers la forêt. Il vous a mené jusqu'à un petit bois de chênes-verts, sombres et austères. De là, même si le temps est beau, même si la mer est calme ... De là on entend sonner la mer. Cette baie est la Malconche, où les rouleaux viennent déferler, chargés du sable qu'ils rongent.




Chacun sait que la mer, ici, mord sur la terre. Le vent y joint ses propres efforts pour niveler la dune. La mer est passée là déjà, plusieurs fois, et de tout temps. Saviez-vous que tous ces marais-salants, jusqu'au bourg de Saint-Georges, jusqu'au bourg de Sauzelle et au-delà, sont creusés depuis plus de mille ans dans des terres qui sont situées au-dessous du niveau de l'océan ? La contemplation d'une carte vous permettra d'imaginer la large échancrure que provoquerait au-milieu des terres une pénétration des eaux : L'île de Ré a son fier ... Oleron pourrait bien avoir un jour le sien ... Un quart de la commune de Saint-Georges, s'étendant de Boyardville à Chaucre et Domino, disparaîtrait sous les flots. Songez-y, vous qui rêvez d'élever votre maison dans la dune !





_ " Bonjour, Maître Durand ... N'auriez-vous pas de l'emploi pour un gars qui n'est pas fainéant , qui a de la force et de l'endurance ?"


Le gars en question est bel homme, ma foi. Il est debout, là, vêtu d'une camisole de lin, de braies qui s'arrêtent au genou. Il a les jambes et les pieds nus mais il porte, liés l'un à l'autre par une courroie qui passe autour de son cou, deux sabots de bois auxquels s'ajustent des jambières de toile. Il a son balluchon sur l'épaule, lié à un bâton ... Un curieux bâton, ma foi, de coudrier sculpté : Une couleuvre s'y tord, de sa bouche sort une grenouille qui sert de poignée. Il a ôté son chapeau de paille à large bord, il le tient à la main, respectueusement. D'où vient-il ?




_" Je suis resté à Moëze quelque temps. Le boulanger avait besoin de bras pour sa provision de fagots. Quand il n'a plus eu besoin de moi, j'ai fini la saison en pêchant l'anguille dans les ruissons. L'aubergiste payait bien."




_" Tu sais tenir la charrue ?"




... C'est ainsi que le gars est arrivé à la Durandière, par un après-midi de printemps. Il se faisait appeler Guillaume. Il a commencé par coucher dans la paille, au fond de l'écurie. Le matin, il mangeait la soupe avec le maître, la soupe de gruau, à la cuisine. Il avait un couteau à large lame, qui se repliait dans un manche de buis dont la virole était gravée. Il taillait son pain en le tenant sous son bras, coupait la tranche en dés qu'il laissait gonfler dans l'assiette. Lors de son arrivée à la Durandière, il était plus ou moins couvert de poussière : La poussière blanche que les roues des charrettes écrasent sur les chemins et que soulève la moindre brise. Mais c'était un homme très propre. Il lavait son linge dans le timbre, près du puits. Il lavait aussi son torse, tous les matins, avant de déjeuner, avec un torchon de lin, nu jusqu'à la ceinture.


Dès le jour de son arrivée, il montra ce qu'il savait faire : Avant le dîner, ce fut lui qui procéda à la traite des vaches ... Cinq vaches aux mamelles gonflées ... Il fit leur litière de fougères fraîches. Il distribua le foin dans les mangeoires, au bout de la fourche, mais avant, il avait conduit les bêtes à l'abreuvoir. Calant le tabouret à trois pieds, il s'était ensuite assis. Il avait enduit de graisse ses deux paumes puis saisi les pis de la première de la rangée, une noire ... Il lui avait auparavant lié la queue à la cuisse ... On voyait bien qu'il avait l'habitude : La traite était régulière ... Le lait giclait et moussait dans le seau.


_ " Guillaume, de quelle paroisse es-tu ?"


On n'avait jamais pu le lui faire dire. Il trouvait toujours un prétexte pour éluder la question. Du reste, il n'était pas très causant ... Correct, toujours, avec tout le monde, travailleur, ne rechignant à rien ... Mais secret et solitaire. On avait vu qu'il savait lire ... Dans la paille où il couchait, on avait aperçu des journaux, que le maître croyait avoir jetés. C'était la saison de décavaillonner la vigne. Guillaume y montra son savoir, levé avant le soleil, couché après tout le monde, ne se plaignant jamais de rien. Le dimanche, il allait avec le maître à la messe à l'église de Saint-Georges. On y allait à pied : Quelque trois kilomètres ... La maîtresse prenait place sur le dos du bourriquet, en posant ses chaussures sur les arquets.


Elle avait mis sa robe la plus neuve. Elle portait le bonnet de dentelle. Elle était assez belle encore, quoique le soleil ait brûlé son visage ...



Pendant tout l'office, Guillaume restait debout, appuyé au pilier du portail, son large chapeau entre les mains. Les semaines passant, il avait gagné la confiance de ses employeurs. Il ne couchait plus sur la paille. On avait aménagé pour lui le fournion qui était derrière la cuisine. Il s'y était fait une paillasse de petit sart séché. Il partageait la table commune. On avait appris qu'il s'appelait Guillaume Mauvoisin.



La Durandière n'était pas la plus grosse ferme des environs, loin s'en faut ! Mais c'était une assez jolie ferme tout de même, tout enclose, avec une allée de robiniers pour y conduire. Un grand corps de bâtiments construit sur un seul niveau, comme la plupart des maisons oleronnaises, avec grenier dans le haut : L'étable s'y trouvait, et le hangar, puis le chai où dormaient les barriques, et le treuil à vendanges .... La maison des maîtres avait un étage, elle. Elle formait un angle droit avec le reste mais tournait le dos à la mer, se protégeant ainsi du vent et des embruns. Il y avait , au centre de la cour, un puits et son timbre. Dans un coin on trouvait le poulailler, la meule de foin, le tas de fumier, dans un autre coin, sombre, il y avait le parc à gorets : Dans un grand chaudron, la maîtresse faisait chauffer la beurnée chaque jour, y jetant des choux, des betteraves et des pommes de terre.


Guillaume se levait souvent, la nuit, sans faire de bruit.. On ne se demanda pas longtemps où il pouvait bien rôder : Les lapins qu'il rapportait, pris au collet sous les ronciers des dunes le disaient bien assez et nul n'y aurait trouvé à redire.


Le matin, très tôt, il était le premier levé. Il parcourait la plage, marchant à la laisse de marée haute. Il ramenait les seiches qu'il trouvait échouées après que les marsouins du large leur aient dévoré la tête. Tout le jour ... Vous n'auriez pas pu trouver un journalier aussi vaillant que lui : Les labours dans la vigne, ceux des bosses de marais, pour semer l'orge, le métier et le froment ... Puis vint la récolte du lin, le rouissage, le travail à la brée ... Il faisait aussi l'essartage et fendait le bois. Il étrillait les bêtes ... Et même, il allait avec le maître mareyer les écluses à poisson, à la pointe de la Malaiguille. Il veillait aussi à ne pas laisser approcher les bestiaux des voisins : Leurs passages dans les dunes faisaient crouler le sable et offrait des possibilités de passage à la mer. Plusieurs fois, lors des grandes marées d'équinoxe, la mer était passée déjà.



En Oleron les côtes, de tout temps, ont été fragiles et changeantes. Ce que la mer prend ici, elle le dépose là ... De temps à autre elle se fraie un passage, avance dans les sables, lèche les bois de chênes-verts, entre dans les terres ... Et ceci jusque dans les vignes et les prés. Haies de fascines, jonchées de branchages pour lutter contre le vent, digues de roches ... Malgré les murs des écluses, lesquels brisent la lame et en diminuent la force ( Mais pourrait-on les entretenir pendant longtemps encore ?) ... Malgré tous les efforts, de ce côté-ci d'Oleron, de la Malaiguille à la Gautrelle et au-delà ... L'anse de la Malconche, ne cessait de se creuser, la partie la plus menacée se trouvant entre la ferme de Plaisance et le village de Foulerot. La ferme de la Durandière se trouvait justement au centre de la Malconche. La plupart de ses vignes et de ses champs se trouvaient à la Malentreprise, toute proche.



La Malconche ... Autrement dit la mauvaise conche ... La Malentreprise ... La Malaiguille ...




De jour en jour, Guillaume Mauvoisin devenait plus indispensable à la Durandière. Il quitta son fournion pour s'installer dans une petite maison basse que l'on avait bâtie à son intention. O ! Une maison vraiment petite, une seule pièce, à vrai-dire, mais propre, avec des volets verts ... Et puis, surtout, il était chez lui maintenant ... Il est vrai qu'il y était si rarement, toujours occupé quelque part ! Lorsqu'il faisait mauvais temps, il avait toujours une houe, une faux, une charrue à réparer ... Et il s'y prenait fort bien... Toujours propre, toujours discret, toujours poli, toujours à l'ouvrage : Rien à redire, sinon qu'il ne fréquentait personne, qu'il parlait peu et seulement lorsqu'il ne pouvait pas faire autrement. Il semblait ne pas regarder les gens tout à fait en face. Il leur parlait le plus souvent de côté, montrant son profil. Chez les Durand, on semblait n'y pas penser, mais au café du village, les conversations revenaient souvent sur le sujet :


_ Ce Guillaume, ce Mauvoisin, d'où venait-il et qui était-il ? ... Du reste, il s'était bien mis au patois local, mais le parlait avec un accent montrant bien qu'il venait d'ailleurs ... Et puis... Qu'est-ce qui le maintenait dans le pays ? Il semblait bien installé, quoiqu'il ne fréquentât personne ...



_ " Eh bien moi, je vous dis que ... "



Ce n'était pourtant pas la Durand qui le maintenait ... La Céline était encore assez jolie, c'est vrai, mais personne n'avait encore vu Guillaume en faire cas. Même, il semblait l'éviter, s'occupant seul ou avec le maître, jamais en compagnie de la maîtresse. Quand elle passait près de chez lui pour faire chauffer le repas des gorets, il paraissait la fuir ... Il lui portait les seaux d'eau, pourtant, lorsqu'elle faisait la bugée pour mettre le linge à bouillir ... Mais c'était toujours en restant chacun sur son quant-à-soi, sans s'adresser la parole ou presque.


_ " Je vous dis, moi, que je l'ai vu rôder à la Malentreprise ... C'était par une nuit de pleine-lune ... Il était allé jusqu' à la Croix-Matelot, derrière Foulerot. Il avait pris trois lapins et les portait dans un sac. Mais en revenant, il a encore rôdé sur les sables de la Malconche. Le temps était beau mais il y avait des éclairs de chaleur sur La Rochelle. Que faisait-il ? _ Il suivait la laisse de basse-mer, là où les rouleaux se brisent en grondant. Il est resté longtemps debout, face au feu de l'île d'Aix. Il avait son chapeau à la main. 
Que faisait-il donc ? "




_ " On m'a dit qu'il ramassait les simples au pied de la dune. Il va en quérir, aussi, près de la mare de la Malentreprise ... Des simples ... Qu'en fait-il ? _ Passerait encore qu'il cueillît la doucette, les pissenlits ou les poireaux de vigne ! ... Et la nuit, encore !



Au détour des chemins, on l'évitait, le Guillaume ... On n'y avait guère de peine, du reste, parce qu'il ne cherchait point la compagnie ! Cependant, il allait toujours droit devant, sans se préoccuper des autres.


... Et puis il courut des histoires. Les ménagères se les racontaitent autour des puits, dans le fond des quéreux, en faisant la lessive. On se les répétait le soir à la veillée, brodant ou filant la laine ou le lin.



_ " Allez-vous bien vous taire, les commères", disaient les hommes en tirant sur leur pipe ou en graissant le canon de leur fusil. Mais, au comptoir de l'Antoine, dit "Jambe-de-Bois", ils en disaient des choses, les compères, vidant à petits coups leur verre de blanc tandis que les femmes étaient à l'église ... Des hommes ou des femmes, allez donc dire lesquels ont la langue la plus affûtée !




_" Je sais bien qu'il y a des gars qui quittent les terres de leurs pères pour les laisser à leur aîné. Il en vient parfois, du Poitou ou de Charente ... Mais on peut venir aussi d'ailleurs ... "




On n'en disait pas plus ... Les mots suivants glissaient sous la moustache, quand on s'essuyait les lèvres à son mouchoir à carreaux ... _ " Hum ! " ... A quoi pensait-on ? ... Aux marins qui désertaient les équipages, avant le départ des vaisseaux de Rochefort, pour ne pas aller gagner les fièvres dans les pays chauds du Diable ... Et puis il y avait aussi le bagne, à Rochefort, et les pontons de Port-des-Barques, dans l'embouchure de la Charente, derrière l'île Madame ... On ne le disait pas, mais on y pensait, et c'était ce que cachait ce _ " Hum " ! ... Et puis on parlait d'autre chose.


_ " Cela ne fait rien, si j'étais à la place à Durand, je me méfierais ... Et je veillerais la Céline ... "


Les mois avaient passé. Toute une année avait passé, et même un peu plus. Les choses étaient restées en état. Ce fut la Marie-la-souris qui donna l'alerte :


_ " Je vous dis que je les ai entendus parler, moi, le Durand et le Mauvoisin. C'était un matin très tôt. Ils venaient d'atteler pour aller dans les marais. Ni l'un ni l'autre ne parlait très fort, mais je les entendais très bien ... Et puis, j'ai entendu le Durand qui disait :



_ " Cela, c'est la Durandière. Cela a toujours été la Durandière : Du temps de mon père, du temps de mon grand-père, et puis de celui mon aïeul, et aussi loin que l'on remonte le temps ... Personne ne prendra la Durandière aux Durand... Jamais ... Sauf la mer, peut-être, si elle continue à ronger dans la Malconche ... Mais je saurai bien l'en empêcher ! Je me souviens, mon grand-père disait : _ " La Durandière, personne ne la fera jamais sortir de la famille. Si elle en sortait un jour, ce serait la mer qui la prendrait ! "


Eh bien, c'est ce qui s'est passé ! Cela s'est passé très vite. On n'a pas compris ... Un matin, on a appris que le Durand, il était mort ... Allez donc savoir de quoi il était mort ! Quand le docteur est arrivé, il l'a trouvé sur son lit, on eût dit qu'il dormait. Il était paisible. Le docteur n'a rien trouvé à redire ...


On a enterré le défunt dès le lendemain, au cimetière de Saint-Georges, au fond, dans le coin à droite. La veuve était là, sous ses voiles noirs. Guillaume aussi était là, avec une veste et des culottes de velours couleur chocolat, à grosses côtes. Guillaume a ramené la veuve à sa maison : Ils étaient partis très vite ... Bon ! ... Dans les jours qui suivirent, on s'aperçut que Guillaume était passé de sa paillasse au lit de la Céline ... Passe encore ... Peut-être bien qu'elle avait commencé depuis longtemps à s'allonger et à se "mettre en cuisses" avec Guillaume ... On n'avait rien vu ... Nul n'aurait pu le dire ... Mais personne non plus n'aurait pu dire le contraire ... Quand on sait comment on peut se tromper !


Et voilà le Mauvoisin qui va chez le notaire de Chéray et qui lui présente un acte en bonne et dûe forme, daté et signé par Durand devant témoins : Rien d'autre qu'une donation entière et complète ... Tout, absolument tout !


Le Mauvoisin devenait propriétaire de la ferme de la Durandière, avec ses annexes et dépendances, treuils, pressoirs, fouloirs, grosses et petites futailles, étable, logis, hangar, pièces labourables et pièces de vignes, friches et marais-salants ... Tout, absolument tout ... Il se fit accompagner par le notaire, ouvrit toutes les portes et les fenêtres, alluma du feu dans la cheminée, tira de l'eau au puits, visita toutes les chambres, entra dans l'étable, donna de l'avoine au cheval et du foin aux vaches. Il alla dans le jardin, dans lequel il se promena d'un bout à l'autre, arracha des herbes, rompit quelques branches. On se rendit ensuite dans les vignes où il coupa quelques sarments, dans le champ de métier il coupa une poignée de tiges. Dans le marais il leva et ferma les varagnes ... Enfin il avait fait, devant notaire et en compagnie de la veuve, tous actes témoignant de possession, devant lesquels nul ne présenta ni opposition ni remarque ... Et qui donc aurait bien pu en faire ?



... Moins de six mois plus tard, il épousait la Céline après avoir fait publier les bans. Au-dessus de la cheminée, à la Durandière, les fusils de l'ancien maître étaient toujours accrochés, mais la canne de Guillaume y était aussi ... Vous savez, la canne en bois de coudrier, sculptée d'une couleuvre qui tient dans sa bouche une grenouille servant de poignée ... Et les deux pattes de derrière de la grenouille ont déjà disparu dans la gueule de la couleuvre ...


                                   






Maintenant, il faut que je vous dise ... Et ce n'est pas des mensonges ... Tout le monde ici pourra vous le dire à sa façon et selon ce qu'il en a entendu :




_ Le soir-même du mariage de Guillaume et Céline ... Le soir-même ... Au moment précis où sonnait l'angélus au clocher de Saint-Georges ... Au dernier coup de la cloche ...







... Personne n'a eu le temps de dire Ouf ! ... L'océan s'est levé ... Une vague monstrueuse, Messieurs ... Une vague comme on n'en a jamais vues... Plus qu'un ras-de marée ... Seuls les récits des anciens navigateurs font état de pareilles vagues... Cinq mètres de haut, au moins ... Une seule vague ... Qui gonfle, qui gonfle, qui court et qui déferle, qui mange tout, détruit tout ... Quand elle a reflué, on n'a rien retrouvé. La Durandière avait complètement disparu, ne laissant pas pierre sur pierre, ne laissant pas un hangar, pas un pré ... Pour la bonne raison qu'il n'y avait plus rien, après ... Rien qu'une vasière, dans le fond de la Malconche agrandie ...




On dit qu'aux marées de syzygie, quand la mer se retire au loin, très loin, les pêcheurs à la foulée rencontrent encore des pierres alignées en manière de fondations. On dit aussi qu'ils savent où est le puits, qui existerait encore ... Et dans lequel quelques uns auraient bien pu disparaître, quelques-uns qui ne sont jamais revenus.




Voilà, messieurs, pourquoi la route qui va du chemin de la Malentreprise au port du Douhet s'appelle l'avenue de la Durandière : C'est écrit sur les panneaux indicateurs, vous pouvez vérifier ... Et puis vous pouvez le vérifier aussi en regardant sur les cartes anciennes : La Malconche s'est bel et bien creusée ... On dit qu'elle se creuse encore, hiver après hiver, lentement ... Voyez les pins qui ont été plantés là pour tenter de fixer les dunes ... Voyez les enrochements que l'on a dû faire sur la plage ... Voyez, à La Nouette, au niveau de la maison du garde-forestier, la nouvelle conche qui se prépare, les flots ayant mordu là sur la forêt, le sel ayant brûlé les arbres.

... Je me souviens :

_ " La Durandière est aux Durand. Et nul ne prendra la Durandière aux Durand ... Jamais personne ne la fera sortir de la famille, ou bien ce serait la mer qui la prendrait "...





Le flot rendit les corps au bout de trois jours. Sur l'épaule droite de Guillaume, on découvrit la cicatrice d'une brûlure ancienne ... Il se raconta beaucoup de choses ... Point n'est besoin d'y mêler le Diable ... Paix aux morts et aux vivants et mon histoire finit ici ! 

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