mercredi 15 mai 2019

LES TORTUES GÉANTES




LES TORTUES

















Les tortues ... Ah ! Les tortues !

Avez-vous remarqué que la carapace qu'elles portent sur le dos est une coque retournée ... Une coque de canot !



Je ne connais rien de plus triste qu'une tortue géante. Son dos est sombre comme un jour de deuil, entaillé de cicatrices dûes aux chutes sans nombre dans les rochers. Ses pattes sont couvertes d'écailles et son cou est long, long, tout maigre, tout plissé, tout ridé. Sa tête n'exprime rien. Elle est muette, ses yeux sont perdus en d'autres mondes, en d'autres temps ...







La tortue fait peu de cas du visiteur. Elle fait aussi peu de cas de tout ce qi l'entoure. Elle dort, pendant des heures, au creux d'un rocher. Elle mange, de temps à autre, à peu près tout ce qu'elle trouve. Mais elle peut vivre sans manger, longtemps, longtemps ... Elle boit, quand elle trouve de l'eau ... Mais elle peut rester sans boire, longtemps, longtemps ...

Qui disait que les tortues sont éternelles ? On en connaît qui ont plus de trois cents ans ! ... Des tortues qui seraient nées bien avant que les îles de l'Océan Indien ne voient arriver les premiers grands voiliers.








Mais les tortues sont indifférentes. Elles ne craignent que le soleil, dont la chaleur est épouvantable sous leur carapace. Elles vivent comme des mécaniques, au ralenti et ... elles rêvent ! Lorsqu'elles avancent, elles vont droit devant elles. Si elles rencontrent une roche, elles l'affrontent sans la contourner. Elles poussent, elles poussent ... et si la roche ne bouge pas, elles se couchent là et ... elles dorment ! Si elles rencontrent une ravine, elles y tombent. Elles roulent, elles roulent ... Arrivées en bas, elles reprennent leur chemin, tout droit. D'où ces cicatrices, dont les bords sont boursouflés pafois, comme celles que l'on peut voir à l'écorce des vieux arbres.









Ô ! Vieux Capitaines ! En quels lieux, en quels temps vos vaisseaux vous abandonnèrent-ils ? Les carapaces portent les marques des coques qui se brisèrent aux récifs, recollées, rejointées, recalfatées.

Puis des hommes sont venus en ces îles du bout du monde. Grincements de poulies, cris des porteurs d'eau, éclats des mousquets et des canons ... Les tortues s'en sont allées vers d'autres îles ... d'une île à l'autre, et encore à la suivante. 
Aldabra reste le refuge des vieux Capitaines naufragés. Aldabra ... anneau de corail mort, posé sur l'Océan ... Des buissons qui assurent l'ombrage nécessaire ... Des feuilles pour se nourrir, là ou ailleurs ... ! Les tortues géantes se sont regroupées là-bas. Elles sont toujours lentes, songeuses, indifférentes ...







Aldabra ! Les vieux Capitaines ne s'y retrouvent pas tous ! .... Les îles Galapagos, dans un autre océan ...

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