..
“Ils m’ont
jugé à pendre
Que
c’est dur à entendre
À
pendre et étrangler
Sur
la place du
Vous
m’entendez
À
pendre et étrangler
Sur
la place du marché”
....
“Pleur’pas
Nelly
Pleur’
pas Nelly
Demain
on va me pendre
Pleur’
pas Nelly
Demain
tout s’ra fini”
Et je
dis :
Je
dis automne
Je
dis enchantement
Et je
dis magie
Je
dis Jaune franc
Je
dis jaune d’or
Citron
Je
dis jaune persan
Pourquoi
persan ?
Sénégal
Et
pourquoi pas ?
Je
dis ocre jaune
Terre
de Sienne brûlée
Ou
pas brûlée
Carmin
Écarlate
Magenta
Rubis
Vermillon
Et je
dis velours
Cachemire
et brocart
Je
dis roux
Roux
surtout
Roux
Je
dis l’écureuil la queue en panache
Et je
dis le chevreuil et je dis le cerf et La biche
Je
dis noisette
Et je
dis noix
Pomme
de mélèze
Et je
dis le gland dans son cuir
La
châtaigne
Je
dis l’écharpe
Flottant
au petit matin
Et je dis la montgolfière du soleil
Sans
bruit
Surgie
à la tête du grand chêne
Passe
Va
doucement où l’imperceptible vent te mène
Château
sur la crête
Multiples
tourelles
Coupoles
Multiples
fenêtres
Longues
murailles
Mage
Je
dis Magie
Je
suis le Magicien
J’ai
beaucoup marché sur les chemins du monde
Je
marche encore et j’entre dans la ville
Les
avenues sont jonchées d’étoiles
Prends
garde où ton pied se pose
Sur
les trottoirs j’ai semé des étoiles d’or
J’ai
porté la flamme dans les allées de liquidambars
Flammes
jaunes flammes rouges
C’est
ainsi que je suis entré dans la ville
En
passant par le jardin des poètes
Où le
marronnier avait roussi
Magie
des marchés dans les rues
J’ai
fait venir aux parvis des cathédrales
J’ai
fait venir ...
...
“Y’a un’ si tant bell’ fille lon la
Y’a
un’ si tant bell’ fille ...”
J’ai
fait surgir des cathédrales et des palais
J’ai
orné les murs de corniches et de moulures
Les
fenêtres et les portes d’arches et de meneaux
D’ogives
et de vantaux cloutés
J’ai
élevé de hautes toitures et des tours
Couvertes
d’ardoises et de tuiles douces
Et puis
sur les places pavées de granit
J’ai
installé les marchandes et les marchands
J’ai
installé la poésie au milieu de la ville
Et
tout est “plume sur la langue”
Les
châtaignes et les noix
Les
tomates et les choux
Pommes
poires du pays
Conserves
de foie gras
Saucisson
de canard
Magrets
et cous farcis
Confits
cassoulets
Les
raisins noirs blancs dorés
Et
les figues Ah! les figues !
J’ai
servi le vin bourru à nul autre pareil
Le
Bergerac et le Pécharmant
Les
rouges et les blancs
Et
puis je suis entré dans la cathédrale
Les
grandes orgues y jouaient
Elles
disaient bien que j’étais le Roi
Le
Roi
Mais
quand les orgues se sont tues
Un
homme noir a joué de la khôra
J’étais
le roi du monde !
On
baptisait trois nouveaux-nés avec de l’eau sur le front
Et
les vitraux flambaient
Je
dis ocre jaune
Terre
de Sienne brûlée
Et
pas brûlée
Carmin
Écarlate
Magenta
Rubis
et vermillon
Je
dis roux
Roux
surtout
Rousses
les fougères
Rousses
Et je
dis bleu bleu azur bleu
Et
j’ai lancé des ponts
Sous
leurs arches on voyait des coupoles et des tours
Des
eaux coulaient que l’on aurait voulu plus claires
Mais
elles l’avaient été sans aucun doute
En
des temps longtemps
Un
moulin en témoigne
Des
chevelures vertes s’y déploient tout de même
Et
des yeux y brillent, clignotants
Des saules
y pleurent le temps qui passe
Mais
un merle était caché dans le feuillage
Mon
Dieu qu’il était gai !
Alors
je suis sorti de la cité par la venelle étroite
Les
étoiles d’or sur les trottoirs
Avaient
séché un peu
Les
pas en avaient détaché des pépites
L’an
prochain il y en aura encore
Allons,
je marche dans la poussière d’or
Par
ci par là une étoile couleur lie de vin
Et
les arbres n’ont pas encore fini d’ôter leur robe
Je
sais que sous le sol à côté
Est
une ville deux fois millénaire
Je
sais
Je
sais que partout je marche sur des os brisés.
“Ne
pleure pas Jeannet-ette
Tra
la la la la la la la la
Ne
pleure pas Jeannet-ette
Nous
te marillerons
Nous
te marillerons ...”
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire