Chant 1
Quand fleurit
le chrysanthème de la mer
Violet sur
gris et vert
Quand fleurit
le chrysanthème de la mer
Le vent
souffle tant
Tant écume la
vague courant courant
Le vent hurle
tant
Un soir de
février s’ouvrit le chrysanthème
Carême prenant
Le
chrysanthème de la mer
Fleur de mort
Le vent
souffle tant
Écume la vague
courant courant
Corolle
effeuillée par le vent
Entends le
vent le vent le vent
Entends le
vent carême prenant
Long
beuglement porteur de misère
Le vent hurle
tant
Fanée la fleur
du chrysanthème
Nuages lourds
courant dans le ciel noir
Courant vers
le couchant
Ô courant !
Fanée sur la
mer la fleur du chrysanthème
Longues lames
déferlant
Coups sourds
sur les sables
Le vent le
vent le vent au goût du sel
Long
beuglement annonceur de misère
D’où venu ?
Beugle dans le
vent taureau blessé à mort
Hurlement du
vent
D’où venu ?
Dans la nuit
des chrysanthèmes
Longs
beuglements annonceurs de misère
Ô le vent !
Chant 2
La mort n’est
rien vois-tu
Entends-tu
bien le vent ?
Ô le cri de la
sirène !
Au jour du
grand mauvais temps
S’en va passer
le goéland
Tout blanc
Indifférent
Aux allées du
cimetière
S’en vient
marcher le goéland
D’où venu
Sur l’aile du
vent ?
Chant 3
Dans le
mauvais temps le navire
Haletant
frémissant
Navire livré
au vent tout vivant
Ô dans la nuit
les déferlantes !
La roue de
barre ne gouverne plus
Sous les
pinceaux des phares naissent des fleurs
S’éteignent et
se rallument
Chrysanthèmes
violets ou blancs
Fleurs de la
mer fleurs de la mort
Et ces longs
beuglements qu’on entend
Du taureau qui
va mourir et qui le sait
Ô le vent le
vent le vent !
Le vent pousse
à la côte inexorablement
Le navire
halète et frémit
Livré vivant
au vent au courant
José-Maria
Marcelino Léandro Remigio
Bénito José
José
Alvaro
Grégorio Perfecto
Claudio
Antonio Eugénio
Matias le
mousse qui n’a que dix-sept ans
D’autres
encore dont rien n’a recueilli les noms
Dix-neuf
hommes
De San
Sébastian en Corogne
Fleurs de la
mer fleurs de la mort
Ô ce long
beuglement du taureau blessé
Qui va mourir
et qui le sait !
Chant 4
Ô le cri de la
sirène !
Au jour du
grand mauvais temps
S’en va passer
le goéland
Tout blanc
La mort n’est
rien vois-tu
Qu’un grand
poisson froid
En cotte
d’argent
Il glisse
invisible
Indifférent
Infiniment
Le vent le
vent le vent dans les volets
Entends sur le
toit claquer les tuiles
Entends
craquer les arbres dans les bois
Entends sonner
la vague
Entends
fouetter la pluie
Le Malin
frappe chez nous
Celui qui fait
les malheureux
Chant 5
Sainte Marie
mère des marins
Nous te prions
par Saint Jacques
Notre patron
Qu’une barque
porta jusqu’à Iria Flavia
En Galice près
de Padron
La première
baleinière
Emportée par
le vent
Dans la
seconde nous grimpâmes deux
Que la vague
arracha et jeta dans les flots
Sang du Christ
!
Comment garder
son souffle entre les gorgées d’eau ?
Arracher les
bottes et les habits
Nager nager
Roulé tout nu
sur le sable
J’ai couru
dans la dune
J’ai couru
dans les champs
J’ai couru
dans les vignes
Sainte Marie
mère des marins
L’aurore ne
fleurissait pas encore
La mort n’est
rien
Qu’un grand
poisson froid
En cotte
d’argent
Invisible il
glisse
Infiniment
Indifférent
Au jour du
grand mauvais temps
Entends-tu
bien le vent ?
S’en va passer
le goéland
Tout blanc
Chant 6
Sainte Marie
mère des marins
Nous te prions
Par Saint
jacques notre patron
J’ai couru
dans les vignes
J’ai couru
dans les champs
Jusqu’à cette
lumière là devant
Arrivé devant
la porte
Nu et les
pieds sanglants
Sang du Christ
! Une femme m’ouvre
Sainte Marie
mère des marins
Par Saint
Jacques notre patron
Qu’une barque
porta jusqu’à Iria Flavia
En Galice près
de Padron
Veille sur mes
dix-sept compagnons
Assiste mes
amis sur le bateau
Dans le vent
et dans les flots
Le
chrysanthème refleurit sur la mer
Au jour levé
De la dune on
voit l’épave penchée
L’océan gronde
et le vent souffle
Ah ! Le vent
souffle !
Les embruns et
la pluie !
Les nuages
courent !
Les marins
dans les haubans
Hissent un
lamentable pavillon
Chant 7
Premier canot
Safran brisé
Second canot
Pas assez
d’eau
Le troisième
On le traîne
sur un chariot
Pour le
quatrième
Trop de vent
beaucoup trop
Fracas de
l’océan
Oh le cri des
marins là-bas !
Au jour du
grand mauvais temps
Entends-tu
bien le vent ?
S’en va passer
le goéland
Tout blanc
Aux pertuis il
accompagne
Un grand
poisson d’argent
Ô le cri de la
sirène !
La mort n’est
rien vois-tu
Qu’un grand
poisson froid
En cotte
d’argent
Il glisse
invisible
Infiniment
Au jour du
grand mauvais temps
Entends-tu
bien le vent ?
Aux allées du
cimetière
S’en vient
marcher le goéland
D’où venu
Sur l’aile du
vent ?
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