BANGKOK
Bangkok
n’est pas une ville,
à mon sens, c’est une
agglomération.
Bangkok,
c’est d’abord du
bruit, un bruit assourdissant,
continu, obsédant, abrutissant :
L’écoulement ininterrompu des
véhicules à moteurs de toutes
sortes :
Automobiles…
…Innombrables
camions,
autobus, trains … Et ces
curieuses
voiturettes à trois
roues
que l’on appelle les
« Tuk-Tuk » :
Ce sont des taxis,
des
engins qui fonctionnent au
gaz
butane, et la bouteille de
gaz est
fixée sous le siège du
passager.
Le conducteur est à
l’avant,
assis sur une espèce de
selle de
moto.
L’avantage
de ce moyen de
transport,
c’est son aptitude à se
faufiler
à travers les
automobiles…Son
inconvénient
principal,
c’est le bruit, d’où il
tire son
nom, qui n’est qu’une
onomatopée.
Subsidiairement, il
faut
considérer que le passager,
à l’air
libre sous la capote, est
exactement
à la bonne hauteur
pour
respirer tous les gaz
d’échappement
libérés par la
meute à
travers laquelle on se
faufile
… Agréable,
évidemment !
… aussi bien
quand on
roule que lorsqu’on
attend à
l’un des nombreux feux
rouges !
Bangkok, c’est aussi la foule
des
piétons : Ils traversent la rue
sur de
longues passerelles
métalliques
qui enjambent la
voie.
Bagkok, ce sont des
bâtiments
en perpétuelles
modifications.
Celui qui est là
aujourd’hui
ne sera plus là
demain
et celui que l’on vient
de
démolir, demain sera rebâti,
différent
dans ses dimensions et
différent
dans sa forme.
Perpétuels
échafaudages de
bambous
liés qui font songer à
des
cages pour singes que l’on
pourrait
voir dans un zoo.
Même
pour élever une tour de
vingt-cinq
étages, les ouvriers
grimpent
d’un bambou à l’autre
en
portant leur seau de béton …
Ce sont
des tours. Elles abritent
les
grands hôtels, les grands
magasins,
les bureaux des
sociétés,
qui sont nombreux, les
banques,
qui sont nombreuses
aussi.
Tout aussi nombreux :
Les
magasins de joaillerie …
Entrez,
vous êtes devant des
présentoirs
de dimensions
inouïes :
De vrais présentoirs de
marchés
publics : des casiers
comme
casiers de fruits et
légumes,
longs et abondamment
garnis …
Topazes, brûlées ou
non,
émeraudes, foncées ou
claires,
saphirs … Beaucoup de
saphirs,
bleu foncé ou bleu
clair.
Rubis aussi, beaucoup de
rubis, … Les
lumières
électriques,
dans le magasin,
sont
étudiées pour faire luire
toutes
ces pierres. Tant de
pierres :
On a un peu
l’impression,
devant les rubis,
de se
trouver devant l’ éventaire
d’une
marchande de cerises ou
de
prunes ! Qui achète ? – Je ne
sais,
mais les femmes ne
manquent
pas d’entraîner dans
ces
lieux leurs maris ou ceux
qui
aspirent à le devenir, et
même
ceux qui n’ont nullement
l’intention
de le devenir : Ceux-
là, à
mon sens, ambitionnent
quelque
chose qu’ils se
préparent
à payer très cher !
Au petit
matin, en longues files
indiennes,
les moines sortent
des
pagodes. Ils sont
enveloppés
dans une toge dont
la couleur
est d’ocre jaune ou
d’ocre
rouge et qui dégage une
épaule
nue. Ils ont le crâne rasé,
souvent
ils arborent un sourire.
Ils
tendent un bol métallique au
décor
guilloché, dont ils
soulèvent
le couvercle pour que
les
fidèles le remplissent de riz,
de
poisson, de viandes … Les
fidèles
se prosternent. Ils sont
nombreux
et, chacun à son tour
place
son obole : Les bonzes et
bonzillons
auront leur repas
pour la
journée. Ils reviendront
demain.
Les fidèles aussi.
Bangkok,
ce sont aussi les
pagodes,
superbes constructions
aux
toits cornus, aux faïences
vernissées,
aux toits multiples,
aux
mosaïques de verres
colorés,
aux sculptures
grimaçantes
ou souriantes,
aguicheuses
ou terrifiantes …
Marbres,
beaucoup de marbres,
ors,
beaucoup d’ors, lourdes
portes
de bois sculpté, cloches
de
bronze, tambours du même
alliage,
bassins d’eau claire,
statues
du Bouddha.
Multiples
statues du Bouddha ! …
Le
Bouddha assis en position du
lotus,
le Bouddha allongé, la
main
sous la joue, le Bouddha
debout,
le Bouddha marchant …
S’asseoir,
joindre les mains,
saluer …
Surtout, ramener ses
pieds
convenablement : On ne
dirige
pas ses pieds vers le
Bouddha !
Bouddha en bois,
Bouddha
en or, Bouddha en
pierre,
Bouddha d’émeraude …
Ramayana :
Toutes les scènes
de
l’histoire sainte, peintes sur
les
parois … Prodiges des
couleurs
et du trait ! Le peuple
des
singes lutte contre le peuple
des
hommes : Chevaux et chars,
lances
et sabres, grimaces
horribles
mais superbes !
Au dehors, dans des pots de
terre
vernissés,bonzaïs
minutieusement
taillés et voies ferrées qui
mènent
à la gare. On soupçonne, on
devine : On sait que
les venins
s’échangent de main en main. On
sait que le vice est
là : Derrière
les rideaux de fer baissés,
derrière
les murs, sous les toits …
La
chaleur est lourde et l’air
est
chargé de poisons. Dès que
le soir
tombe s’allument les
guirlandes,
les lanternes et les
réverbères. Les
foules s’agglutinent et
bourdonnent. La
« Panthère
Rose » est une maison
de plaisir :
Les jeunes femmes y vont
danser
en maillots de bain,
attendant une
rencontre rémunérée … Jeunes
femmes superbes, qui
s’exposent
et se prostituent pour
échapper au
travail
dans les rizières : Les
deux
pieds dans l’eau et les
reins
brisés pour le repiquage !
Les
spectacles sont graveleux,
mais les
« apsaras » conservent
la
hauteur.
« Choisis », vous dit le
chauffeur
de taxi qui vous
ramène à
votre hôtel ». Et il
vous présente
un album de
photos
sur lequel on choisirait
bien une
princesse ou même
une
reine …
« Massage » ?
– Il y a partout
des « salons
de massages ». On
y
soupçonne d’autres poisons.
Mais
avant de monter dans le
taxi,
flânez donc quelques
instants
dans le quartier de
« Patpong » :
Éventaires sur le
sol ou
sur des tables, tentes et
cahutes
de fortune : Là, on vend
de tout
… Les contrefaçons
étiquetées
« Lacoste »,
« Chanel »
ou « Hermès », les
contrefaçons
de montres
« Rolex »
ou « Breitling », les
bouteilles
de « whisky » frelaté,
les
copies d’œuvres d’art et
d’objets
anciens …. Les
cigarettes,
en fraude … Les
petits
paquets sans aucun nom,
plus que
douteux … Les bonnes
adresses
et les mauvaises …
Même pas
la peine de
chercher :
Tout est là !
Ah !
Les soieries de Thaïlande …
Bangkok, ville extraordinaire
où tout
est invisible, mais où
tout est
là. Il suffit de payer …
En
dollars, de préférence !
J’allais
oublier : Avant de
quitter
la région, ne manquez
pas
d’aller visiter le parc aux
crocodiles
… C’est sur votre
chemin,
quand vous allez voir
le
marché flottant. On vous
montrera
peut-être aussi le
serpent
python …
Bangkok
… Aux branches de
l’Arbre
de Vie, les vents agitent
les
lanières des tissus en
lambeaux
…
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