mardi 7 août 2018

CHANSON POUR LES NOYÉS DE SEPTEMBRE ...




CHANSON POUR

 LES NOYÉS DE

   SEPTEMBRE

                                 



    Remontent les souvenirs :

   C'était en 1953, je crois ... En septembre 1953 ... Dans l'île d'Oléron, treize compagnons partaient ensemble pour une partie de pêche à la senne nocturne ...

                       *
     Chanson pour les noyés de                          septembre :




                                  

                                   




Chant 1




Fou

Fou le cheval noir

Battant l’air des deux pieds

Fou le cheval noir



Fou le cheval noir

Les naseaux ensanglantés

Ses yeux sont verts

Du vert des feux-follets


L’océan est noir

Écume noire aux grèves d’ardoise dure

Le cheval court sur le sable noir

Et le vent s’est étouffé



Qu’attends-tu

Qu’attends-tu

Le cheval court vers le village

Qu’attends-tu dans la nuit noire



C’est le cheval du malheur

Qu’attends-tu dans la nuit noire

L’entends-tu

L’entends-tu
                                      


Chant 2




Treize sont partis

Compagnons

Treize qui chantaient

Le huit septembre dans le soir tombé



La marée reflue

Le huit septembre dans le soir

Notre Dame de la Nativité



Et le vent qui chantait



Huit septembre à minuit

La marée remonte

Qu’attends-tu sous la lampe

Dans ce silence de malheur



Qu’attends-tu sous la lampe

Qu’attends-tu

Treize sont partis

Douze à minuit entreront dans la nuit



Cloche du clocher

Combien de coups faudra-t-il sonner

Saint Michel lavera sa chemise

Avec du bleu de lessive




                                             



Chant 3




Quand l’océan se retire

Sans à-coups et sans bruit

Quand le vent se tait

Et quand la mer est lisse

La mer ne laisse sur le sable

Que des torrents infimes

Branchus comme des arbres

Sans effort l’eau retourne à la mer

Quand l’océan se retire

Sans aucun bruit

Nuit sans lune

Belle nuit

Nuit tiède

Nuit pleine

Caresse

Et l’envie d’un baiser

                                          



Chant 4


O mon amour !

Mon amour, mon amour

Amour de mes yeux

Amour de mes papilles

De mes mains

Amour de mes oreilles

Amour de ma peau

Amour de mes cuisses

Amour de mon ventre

Amour

Amour

Amour de mes instants

Que rythment l’horloge

Les battements de mon cœur

Tic tac

Tic tac

Tic tac

Les mouvements de la mer

Et que faire maintenant

Que faire de mes yeux

Que faire de mes papilles

Que faire de mes mains

De mes oreilles

Que faire de ma peau

De mes cuisses

Que faire de mon ventre

Que faire de l’horloge

Des battements de mon cœur

Des mouvements de la mer

Que faire de la houle

Des marées

Hautes

Basses

Hautes et puis basses

Que faire du sable

Que faire de l’eau salée

Que faire du souvenir

Souvenir mouillé

Inerte

Froid

O mon amour

Mon amour

Mon amour

Que faire de la vie



 
                                        



Chant 5




Huit septembre à minuit

La marée remonte 

Qu’attends-tu sous la lampe

Dans ce silence de malheur



Qu’attends-tu sous la lampe

Qu’attends-tu

Treize sont partis

Douze à minuit

Entreront dans la nuit

 

Fou

Fou le cheval noir

Battant l’air des deux pieds

Fou le cheval noir



L’océan est aveugle et sourd



Fou le cheval noir

Les naseaux ensanglantés

Ses yeux sont verts

Du vert des feux-follets

Treize sont partis

Dans le soir tombé



         
                                             



Chant 6




Douceur

O douceur

Tiédeur

Tiédeur des chairs humides

Pas même un frisson

Les feux qui s’éteignent

Étoiles phares lanternes et falots

Rouges verts ou blancs

Fixes ou mouvants

Clignotants

Scintillants

Lénifiante douceur de la mer en gésine

L’air qui s’endort

Cœur qui bat

Cœur

Cœur

Cœur

Le cœur d’un bateau tout près

Ou bien très loin

Tacata tacata tacata

Continu

Régulier

Tacata tacata tacata

Cœur cœur cœur désorienté

Cœur

Tac tac tacata tac

Tac

Mon cœur affolé

Soudain dans le brouillard épais

Mon cœur

Mon corps

Mes yeux

Et mon âme qui ne sait où aller



 

Huit septembre à minuit marée montante

Treize sont partis

Un seul reviendra


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