Ce billet, il faut bien que je l'écrive : Au cours
de ce colloque, organisé dans
le cadre du
troisième " Festival Créole ", j'ai ressenti des humeurs. Elles ne
doivent
pourtant pas cacher l'ensemble.
_ " Passage de l'oralité à l'écriture ",
tel était le thème. _ il fut abordé ...
Parfois ... On ne peut prétendre qu'il fut
épuisé.
J'en avertis cependant dès maintenant : C'est un
billet d'humeur que j'écris
ici. Dès la
fin de la première matinée, mon impression fut de tristesse :
Celle, un
peu, d'assister à une réunion de la "Société Savante de
Plougastel-Daoulas" ... mais ne médisons pas
des Bretons ...
Voici un colloque qui se veut "
trans-national" et qui rassemble tout au
plus une
trentaine de personnes, une fois achevée la cérémonie
d'ouverture, à laquelle les personnalités se croient
obligées d'assister.
Il y a là quatre Réunionnais, ( Ils ont été invités
par les organisateurs, mais
ils sont
mandatés par qui ? ) On ne sait pas non plus au nom de qui
parlent les Haïtiens ... qui arrivent en fait ... du
Québec ... Ni le Cap-
Verdien, qui demeure à Paris car il est employé au
siège de l'U.N.E.S.C.O.
depuis plus de dix ans ... L'un des Mauriciens est,
au même titre, Parisien
depuis trente
ans ... Et les deux Guyannaises n'engageront vraiment leur
discours que pour parler ... des Haïtiens immigrés
en Guyane !
Du côté du pays organisateur, il reste un président
de séance chenu, d'une
extrème
courtoisie, la Directrice de l'Enseignement supérieur, et celle de
l'Institut
Créole, qui posera quelques questions en évitant d' esquisser des
réponses
!...Soyons juste tout de même, et pour une fois : Ajoutons qu'il y
avait là
quatre coopérants français, rémunérés par leur pays d'origine pour
agir en
faveur du développement ... de la langue française ! Il y avait aussi
un Guinéen
plus ou moins en exil, trois étudiants seychellois dont le titre
de présence
était ... leur échec récent à l' Université de La Réunion ... et
quelques
autres personnages non-identifiés dont, certainement, deux ou
trois
touristes égarés.
Les Mauriciens n'avaient pas tous les mêmes idées :
Ils se sont pris du bec
... Ceux qui
résidaient à l'île Maurice contre ceux qui résidaient à Paris .
Parmi les Réunionnais, il y avait une institutrice
en retraite, un professeur
de faculté se
disant linguiste, et un professeur d'Ecole-Normale aux
opinions extrémistes.
_ Le journal Seychellois "La Nation" titre
: "Victoria, Capitale mondiale de
la
Créolité".
Les manifestations du festival sont, dans
l'ensemble, largement financées
par ... la
France ! Notons que celle-ci, néanmoins, n'est pas officiellement
représentée
au colloque. Son oeuvre d'éducation est pourtant largement et
vertement
critiquée par ... les participants issus du département français
de La Réunion ! _ On parlera de " Génocide
Culturel", mais le Recteur n'est
pas là. On se
plaindra de la "coercition" qui empêche l'expérimentation de
méthodes
jugées " seules sensées et raisonnables", mais personne ne sera
là pour
évoquer le travail quotidien des enseignants réunionnais dans les
écoles. …
Finissons-en avec nos règlements de comptes franco-français.
Je n'en parlerai plus, mais j'avais averti que ce
billet serait un billet
d'humeur. Revenons au colloque. _ Tristesse, un peu
: Pour ce troisième
colloque, les
Martiniquais n'étaient pas là, les Guadeloupéens non plus.
Que sont donc
devenus les universitaires excités qui, naguère, exprimaient
leur créolité
en brûlant des voitures à Didier ou à Pointe-à-Pitre ?
_ Tristesse et langue-de-bois. Les représentantes de
la Guyane, semble-t-il,
avaient fait
tout ce voyage pour exposer le projet d'un musée ... qui
existera peut-être, un jour ! Celui du Cap-Vert nous
parlait de musique,
( " De l'oralité à l'écriture ? ). Les
Mauriciens avouaient deux pour cent
d'analphabètes
: Ils étaient traités de menteurs par les autres, ( Ce dont ils
se moquaient
éperduement ! ). Une Réunionnaise, elle, accusait ...
« quarante pour cent d'analphabètes » dans
son île ! ( On la félicitait pour
"sa franchise " ... Avant qu'elle ne
rectifie et ne fasse la distinction entre les
enfants
" en difficultés d'apprentissage ", qui représenteraient "
quarante
pour cent de
la population scolaire" et les enfants analphabètes, "qui en
représenteraient deux pour cent" ... On eut
aimé que le Recteur fût présent
pour exposer des chiffres réels ou parlât "
d'illettrisme ".
N'omettons pas de parler du poète Mauricien Edouard
Maunick, ( J'ai l'impression très
nette qu'il ne nous le pardonnerait pas de sitôt !) Je le tiens pour un poète
nette qu'il ne nous le pardonnerait pas de sitôt !) Je le tiens pour un poète
de qualité… Et je lui conseillerai de continuer à écrire des poésies, et rien que des
poésies....
Malgré ses poses et ses modulations dignes d'un grand acteur, j'eus grand plaisir à
l'entendre déclamer. Pour le reste ... Eh bien, ma foi, il a peut-être trop tendance à
vouloir apitoyer
les pauvres gens en évoquant les " coups de pieds au
ventre" que d'autres enfants lui donnaient
autrefois à la sortie de l'école.
Au sens propre ou au sens figuré, nous avons tous
reçu un jour des " coups
de pieds au
ventre ", mais ce n'est pas en grattant ses plaies que l'on
construit quoi que ce soit .
Un dernier mot : Ah ! Le beau poème, dédié à Aimé
Césaire, que Maunick
nous a dit ... en Français ... Lors de la cérémonie
de clôture !
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