mercredi 31 mai 2017

LA VALISE DIPLOMATIQUE



LA COMMUNAUTE

 FRANCAISE,(SUITE )


       LA ZIZANIE



 



Il y a ceux qui en ont ... Et ceux qui n'en ont pas ! ...

Ne vous méprenez pas : Je parle ici de radis, de choux-fleurs et de

poires, ( Passe-Crazane ou Passe-droits...).



La communauté gauloise ne pense qu'à ça : Querelles de marchés,

importées de Brive-La - Gaillarde ! Les commères s'excitent ...

Les compères devisent ... 




















Quelques-uns, un certain jour, considérant la rareté des légumes et

des fruits, imaginèrent de se grouper pour passer directement

commande à Rungis. _ L' idée était bonne ... Elle fut réalisée.

Cependant, certains le savaient, certains l'ignoraient ...

Ces derniers découvrirent l'affaire un matin, par hasard ...

A l'odeur de poireaux qui flottait dans les couloirs de l'Ambassade !

Trois artichauts restaient : Celui qui passait les emporta. 






On cause, tous les jours, autour des boîtes à lettres, à heure fixe,

presque ... La rumeur prend de l'ampleur : Elle implique des

considérations d'ordre ... Politique ! 



_ " De pleins cageots de poires, vous dis-je ... Les queues luisantes de cire rouge ! " 

_ " Ce sont eux, certainement ... Ceux de l' " Amicale " ... Ils se sont

bien gardés d'en faire profiter les autres ! " 



 




Il reste à savoir de quelle " Amicale " on veut bien parler : Celle " de

Gauche " ou celle " de Droite "? 



_ Les Gaulois importent leurs virus, on le voit : comme ils importent

 leurs boules de pétanque ! Ah ! Monsieur ! ... Les Gaulois ! 


_ " L'odeur venait du bureau de Marie_chantal ... " 


Alors là, c'est clair, c' est de " l ' Amicale de gauche " qu'il s'agit ! 












_ " Encore un coup du clan ! " 

... Il y a ceux qui en sont ... Et ceux qui n'en sont pas ! ...

 Au tennis, c'est la même chose, et pour les cocktails aussi : Il y a

 ceux qu' on invite, et ceux qu'on n'invite pas ... Ceux-ci deviennent

ceux-là quand on parle de l'autre clan. 




... L'autre mardi, les bureaux sentaient encore le poireau ...

Mais contrairement à la fois précédente, Monsieur l'Ambassadeur

était là. 


_ Livraison subreptice ? _ Livraison restreinte, mais il n'y avait pas

que des légumes : Il y avait aussi des fromages ! 


_ " Privilège du Corps Diplomatique ", aurait déclaré Monsieur

l'Ambassadeur ! 












... Il y a ceux qui en sont ... Et ceux qui n'en sont pas ! Histoire de

couleur de passeport ! ... On les distingue, d'ailleurs, à leur façon de

descendre l'escalier : Certains le font en majesté ... D'autres n' y

arrivent pas ! ... On reconnaît aussi les membres du Corps

Diplomatique à leurs voiture ... Et à leurs chauffeurs ! 




_ " Mais je vous le dis : Les membres du Corps Diplomatique ne font

profiter des fromages et des fruits que ceux de " l'Amicale "...




_ La rumeur, Monsieur ! _ La rumeur ! 








mardi 30 mai 2017

UNE HISTOIRE D'HOMME-DE-BOIS ?




UNE HISTOIRE

D' HOMME - DE - BOIS ? 







 














_ " Un géant, Monsieur ! ... Et ce visage ! ... Ces yeux ! ...

Ah ! Monsieur ! Je ne suis sujet, ni à l'imagination, ni à la sensiblerie.

 J'ai voyagé un peu partout ; j'ai vu des choses extraordinaires.

On me dit raisonnable et posé. Mais là, Monsieur, j'ai poussé un

hurlement et j'ai pris mes jambes à mon cou ! 






C'était en mille neuf cent soixante-quatorze. L'aéroport n'était ouvert

que depuis trois ans. J'arrive de Londres en fin d'après-midi. Je suis

seul, mais content de l'être. Le temps de récupérer ma valise, je me

fais conduire à mon hôtel, à Bel-Air. Il fait chaud et l'air est moite. 


Une douche ... Je me change : Me voilà prêt. La nuit est tombée très

vite. Il n'y a pas de lune. J'ai fort envie d'aller, sans attendre, faire un

tour jusqu'à la ville. Mon hôte m'indique le chemin. Me voilà parti. 



La route est étroite et sinueuse. En ville, pas un chat, et très peu

d'éclairage. Je tourne autour de la curieuse horloge qui se veut une

réplique miniature de Big-Ben et je prends le chemin du retour. 


Je grimpe la côte, perdu dans mes pensées. Un crapaud halète,

cherchant son juste ton. L'air embaume le gardénia. Il fait très

sombre. Des arbres immenses tendent leurs bras dont on ne fait que

deviner les extrémités. 






Un bruit de pas derrière moi : Quelqu'un me suit. Il garde la distance: pas de

craintes ... Pourquoi en aurais-je ? ... De toute façon, celui qui

m'agresserait aurait peut-être des surprises ! 

Les pas sont réguliers. Je me contente de jeter un coup d'oeil

par-dessus mon épaule avant chaque virage. Je grimpe la côte,

régulièrement. Et puis tout à coup …


















... Ah ! Monsieur ! ... Un géant, Monsieur, un vrai géant, au beau

milieu du chemin ! Plus haut qu'une armoire ! ... Deux mètres

cinquante, peut-être ? ... Et des yeux qui luisent ! ... 



D'où sort-il, celui-là ? ... Pas un mot. Je m'arrête. Tout à coup,

la peur me prend : Une vraie panique, Monsieur ... Le géant bouge

un peu ... Je pense qu'il essaie de m'attirer vers la gauche ...

Vraiment, il était immense, Monsieur ! J'esquive ... Et c'est alors,

que je pousse un hurlement ! Et je prends mes jambes à mon cou . 



Je ne sais pas si celui qui me suivait tout à l'heure a vu ce qui se

passait ... Il me dépasse en courant, crochète ... Je ne l'ai jamais revu ! 






Certains, sans doute, auraient été retenus par la crainte du ridicule ...

 Moi, je raconte tout à mes hôtes. J'apprends alors que ma rencontre

a eu lieu tout près du vieux cimetière de Bel-Air. Là sont inhumés les

 plus anciens habitants de Mahé, ceux qui ont débarqué ici à la fin du

dix-huitième siècle, venant de Bretagne, de l'Ile-de_France, ou de

Bourbon. Ils reposent là avec leurs fils et leurs filles, sous les dalles

chamboulées, envahies par la végétation. 

La plupart des stèles sont brisées et les lavandières viennent ici

étendre leur linge sur le sol pour le faire sécher.
















_ Et c'est maintenant que mon histoire devient curieuse ... Tout le

monde sait ici ... On vous le confirmera ... qu'un véritable colosse a

vêcu aux Seychelles, au temps des premiers habitants. Il s'appelait

d' Argent, selon les uns, Savy selon les autres ... Peu importe ...

C'était un géant peu ordinaire ! Tout enfant, dit-on , il vous soulevait

un sac de riz avec le petit doigt et recommençait aussi souvent qu'on

le voulait! Puis il a grandi, en taille et en carrure ... Il vous soulevait

une lourde pirogue et, à lui tout seul, il la traînait sur toute la largeur

 de la plage pour la mettre à l'eau ! Il était certainement plus fort que

dix hommes qui auraient uni leurs efforts.




On en vint à le craindre : N'allait-il pas, un jour, se servir de sa force

pour terroriser et soumettre tout le monde ?

_ Vous pouvez voir sa tombe, Monsieur, au cimetière de Bel_Air ...

 C'est celle qui est surmontée d'un obélisque, juste en face de l'entrée

 Elle mesure neuf pieds six pouces, ce qui fait deux mètres

quatre vingt cinq ! 






... L'histoire ne dit pas qui l'a empoisonné, mais elle dit qu'il a bel et

bien été empoisonné. 


Vous observerez, Monsieur, que les lavandières respectent cette

tombe : Elles n'y étendent point leur linge, et s'écartent au passage. 








_ Le géant sort de son tombeau parfois, par les nuits sans lune ...

Beaucoup l'ont rencontré ... Tous ne s'en sont pas vantés ... Il arpente

 les environs du cimetière. Le soir où je passai par là suivait une

journée pendant laquelle des travailleurs, pour la première fois

depuis longtemps, avaient fait un débroussaillage ... Avait-on dérangé

 le géant dans son sommeil ? 


_ Doutez-vous, Monsieur ? 


_ Me prenez-vous pour un esprit crédule ? ... Lisez Vincent W. Ryan,

ancien évêque de l' île Maurice ... Douterez-vous d'un évêque ? ...

Vous trouverez son livre aux Archives Nationales. 






_ " Au cours d'une de mes tournées, écrit-il, on me montra le

chapeau et les chaussures d'un ancien habitant : monsieur Savy.

L'ensemble était à la mesure du personnage ... Qui mesurait plus de

sept pieds ! " 






... Cela fait combien, exprimé en mètres ?