lundi 1 mai 2017

L'OUBLI ? ...



LE RENIEMENT

  HISTORIQUE




 





Au livre des ans ... Au livre des siècles ... Ce sont les


mêmes questions, toujours, que répète chaque page : _



_ Qui sommes-nous ?
_ D'où venons-nous ?
_ Où allons-nous ?




Gauguin y exerça ses couleurs et y prêta des visages

Il ne paraît pas que la réponse ait été trouvée. Pour

chacun, le présent ne peut se justifier que par

l'avenir ou par le passé. Ou bien il faudrait penser,

comme certains, que le présent se résout tout entier

 dans la sensation : La dignité humaine n'y

trouverait guère son lot.

La science prétendait naguère à l'avenir ...

Elle ne nous laisse que peu d'espoirs ...

En ce qui concerne le passé, elle ne nous propose

plus que le "Big-Bang" : C'est ne rien expliquer du

tout _ Ni la raison, ni la passion n'y trouvent leur

part.


Ne rêvant plus au futur, il nous reste à gérer la

continuité, travail de comptable, nécessaire ...










Quant au passé : Chacune des pierres soulevées en

 Mésopotamie nous dévoile de nouveaux

millénaires, et plus dignes, plus brillants qu'on ne

le croyait : L'homme a toujours imprimé sa pensée

sur les stèles qu'il dresse.


 





C'est pourquoi il y a attentat, aux profanations des

cimetières ... Attentat contre l'esprit.

Mais que dire des pierres oubliées, que le temps

effrite et couche ?




Très loin là-bas, dans mon village, à l'emplacement

 de l'ancien cimetière, on a créé un jardin ...

Pas même un marbre pour conserver la mémoire

de nos pères ... Du moins, des arbres poussent.

On peut les songer éternels ... Sous leurs feuilles,

en automne, nul ne soupçonne la cendre du temps.





 





Hier, j'étais à La Digue. Un bateau laissa son nom

à cette île, au temps des découvreurs ... Et c'était il

y a si peu de temps ! ...                                                        La

La rêverie dans les cimetières ne marque pas une `

mode nouvelle ... On peut se demander même, si

elle est de mise encore.

Des évènements récents, et qui ont fait la chronique

hexagonale montrent pourtant que là réside encore

 le symbole ...


À La Digue, j'ai donc erré dans le cimetière

abandonné.

_ " Le nouveau est beaucoup plus loin, vers le port ..."

_ "L'ancien ? _ Ô ! _ Il y a bien cent ans qu'il est

délaissé !

_" Cent ans ... C'est si proche : En mille neuf cent

quatre naissait mon père ...

Personne ne vient plus là. Huit stèles ... Peut-être

neuf seulement, sont encore debout. La pierre est

dure à La Digue : Le granit rose est trop dur pour le

 ciseau : Les tombes sont faites de moëllons liés à

la chaux de corail mal brûlé.





 








Et puis le temps ... Et puis le vent ... Et la pluie ... Et

 les embruns ! On lit encore quelques noms, très

rares ... Mais, ici rassemblée, c'est toute l' histoire

des archipels ... Des noms qui vivent encore, qui ont

 fonctions, et qui figurent dans l'annuaire du

téléphone.


_" Antoine Payet, né à l'île Bourbon, le ... Mort à La

 Digue le ... 1889."

_ On prononce " Payette", comme on dit "canote"

pour canot, dans le Sud-Ouest de la France...

_ Didasse, né le ... Mort le ...

_ Houareau ... De nos jours, ce dernier nom s'est

quelque peu modifié, sous plusieurs formes, dont

la plus fréquente est : Hoareau ... Mais il est

toujours en usage : Les noms sont vivants et se

perpétuent par-delà les morts. Mais, Dieu ! La

mémoire de ceux-là qui furent les premiers se

meurt quant la chaux s'effrite et quand s'éboulent

les pierres

... D' où vient qu'il reste si peu de noms sur les

stèles ? _ Que sont devenues toutes ces plaques

disparues ? Pierres taillées en croix, creusées de

niches pour y placer chandelle, obole ou fleurs ...


_ "Underwood, Père et Fils" ... Et ceux-là, d'où

venaient-ils ?

Je ne connais rien de plus triste que ces pierres

disloquées, dispersées : Scandale contre la

mémoire, scandale contre l'esprit, au long des

allées envahies par les herbes sauvages ...

Sacrilège d'oubli.














Ah ! Que, par décence, on rase les tombes et que

l'on pose ici une plaque, une seule :


_" Ici reposent des Femmes et des Hommes. Venus

 de France, de Bourbon, de Zanzibar, d'Irlande ou

bien d'ailleurs ... Ils furent les premiers ... Leurs

 descendants sont toujours là. "



Peu de choses : Pourrait-on espérer que la tradition

 dépose quelques fleurs chaque année ?

_ Un peuple qui perd la mémoire n'est pas loin de

se perdre.

Nos anciens n'étaient pas si sots, qui veillaient

la lampe.




 







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