jeudi 4 avril 2019

CAPITULATIONS ...








UN RECORD HISTORIQUE ABSOLU...


                               ***



CAPITULATIONS ET CHANGEMENTS             

               DE DRAPEAUX ...
















Seize capitulations successives ! _ C'est un record sans doute ... N'est-ce

pas ? 



_ " Envoyez les couleurs!" 




_ " Amenez ! " 








Et c'est le même homme qui a signé toutes ces capitulations, dans le même

 pays : Les Seychelles ... Et devant le même adversaire : L ' Anglais. Autant

 dire que, de mille sept cent quatre-vingt-quatorze à mille huit-cent onze, le

 pavillon français et l ' Union-Jack n'ont cessé de monter et de descendre

alternativement au mât de l ' "Etablissement du Roi" !



_ Autant dire qu'en ces dix-sept années, le pavillon britannique a flotté

 chaque fois que passait un navire britannique, remplacé par le pavillon

 tricolore dès que disparaissait le visiteur. _ Du reste, si le Capitaine

Newcome avait, le premier, recueilli la capitulation des Seychelles, le dix-

 sept Mai mille neuf cent quatre-vingt-quatorze, le Commandant des îles

n'avait pas changé : C'était toujours Jean-Baptiste Quéau de Quincy,

gentilhomme et Capitaine du Régiment de Pondichéry, ancien écuyer de

Monsieur, frère du Roi de France. 


 

_ Première capitulation le dix-sept Mai mille sept cent quatre-vingts

 quatorze, donc, sous la menace des cent soixante canons de quatre

vaisseaux ... 



Le pavillon français remonte au mât dès le premier Juin. 



_ Deuxième capitulation le vingt et un Août mille huit cent un, devant les

bouches à feu de la "Sybille",qui venait d'amariner la Frégate française "La

 Chiffone". _ Capitulation encore, et encore capitulation ... Les drapeaux se

succèdent en haut du mât. Pour un peu, les Seychelles seraient devenues

un condominium franco-britannique ! ... On se les partage sans

l'autorisation des métropoles ! 


 


_ Les métropoles, elles, ne se satisfont pas toujours de ce manège ... Ainsi,

 en septembre mille huit cent quatre, Monsieur de Quinssy capitule encore,

 devant le Capitaine Wood cette fois, commandant le " Concorde". Mais ...

Par inadvertance sans doute, ( L'habitude précipite les réflexes

conditionnés ! ) Quéau de Quinssy bouscule un peu les choses : Il capitule

... Avant qu'on le lui demande ! ... Nouvel échange de pavillons ! 






_ Le Général Decaen, Gouverneur-Général, depuis l'Ile-de-France

sermonne le Commandant des Seychelles, et rappelle qu'il ne faut point

tant se presser. 


 



_ " Il est évident que la Colonie ne peut être défendue ... Néanmoins, si

 Messieurs les Anglais veulent s'emparer des Seychelles, ils devront y

mettre les formes. Tant qu'ils n'auront pas effectué une prise de possession

 officielle, le pavillon français devra flotter en haut du mât ... Chaque fois

 que ... Les Anglais ne seront pas là ! " 

... En substance, c'est ce qu'écrit le Général et, croyez-nous, un Général, ça

 s'y connaît ! 






_ " Donc, ne vous hâtez point trop quand vous capitulez ... Il y va de

 l'honneur de la patrie ! 






_ On ne détourne pas le cours de l'Histoire : Le drapeau français a fini par

rester en bas du mât. 





Les forces navales anglaises croisent entre les Seychelles, Tromelin, la côte

malgache et les Mascareignes. Elles prennent possession de Rodrigues en

mille huit cent neuf. 



Le sept Juillet mille huit cent dix, c'est La Réunion qui est prise et le trois

Décembre de la même année, c'est le tour de l' Ile-de-France. Les

Seychelles deviennent britanniques, puisque le Gouverneur-général

français ne gouverne plus rien du tout.


                                


_ Plus de Gouverneur : Plus de Gouvernement ... Le Général Decaen

 regagne sa bonne ville de Caen, dans sa Normandie. 



Le vingt et un Avril mille huit cent onze arrive le "Nissus" et, à son bord, le

 premier fonctionnaire britannique. _ L' Union _ Jack flotte sur les

Seychelles. _ C'était le courant de l'Histoire ... Il est probable que Quéau de

Quinssy l'avait pressenti ... Tout comme Decaen ... Chacun tirant ses

propres conclusions. 


 


_ Donc, en mille huit cent quatre, emporté par ses réflexes et sa

précipitation, de Quinssy baisse son pavillon. Il se fait sermonner. L'année

 suivante, la frégate le " Duncan", sous pavillon de prise, mouille dans le

 port de Mahé. Le bâtiment l' "Emélie", une de ses prises, armée en guerre,

 contourne l'île. Il trouve, près de l'île Thérése le "Courrier des Seychelles"

avec une traite de cent soixante-dix noirs. Il l'amarine. Mais les cent-

 soixante-dix noirs ont eu le temps de se cacher. On les recherche. 


 

L' Anglais met cinquante hommes à terre, qui dévastent l'habitation des

sieurs Blin et Dupont, propriétaires du "Courrier des Seychelles". 

Le brick le "Sirius", venant de Madagascar, arrive au mauvais moment : On

 le canonne ... Il perd sa mâture et son gréement. Le lendemain, on brûle la

goëlette la " Rosalie", de trente tonneaux. 



Au bout de cinq jours de présence, le "Duncan", l'Emélie" et le "Courrier

des Seychelles"appareillent et reprennent le large... 




_ "Sans avoir arboré le pavillon anglais ni témoigné la moindre envie de

prendre possession de ces îles... ", écrit le Général Decaen, rendant compte

à Son Excellence Monsieur le Ministre de la Marine et des Colonies, à

Paris. _ Merveille des rapports administratifs et militaires ! ... inimitable

 saveur des styles ! 


 



_ " Ce départ sans prise de possession laisse les choses sur le pied où il me

 paraît naturel qu'elles soient, c'est à dire que toutes les fois qu'un bâtiment

 de l'Empire (C'est de l'Empire français qu'il s'agit, cela va sans dire ... ),

paraîtra dans quelqu'une des rades de cet archipel, le pavillon français doit

 y flotter à moins d'une prise de possession de la part de l'ennemi qui,

 alors, pourrait donner lieu à une attaque proportionnée aux forces qui y

 auraient été laissées pour garder la conquête ..."







_ Ah ! Mais ! ... Ce n'est pas pour rien que Corneille, Nicolas Morphey,

commandant la frégate le "Cerf" a déposé à Mahé une pierre de granit

gravée aux Armes de France ... Il est vrai que c'était le premier Novembre

 mille-sept cent-cinquante-six et que les Armes de France portaient alors

 trois fleurs de lys, le Cordon du Saint-Esprit et la couronne royale ... Le

 pavillon était blanc et l'on tirait le canon en criant : _ " Vive le Roi" ! 






( Références : A.A.Fauvel : Unpublished Documents on the History of

 Seychelles Islands. Lettres du Général Decaen à Son Excellence, Monsieur

le Ministre de la Marine et des Colonies. Ile-de France, an 14 .... Soit le 6

Décembre 1806. )







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