lundi 22 avril 2019

VARIATIONS CLIMATIQUES







         VARIATIONS CLIMATIQUES EN OLÉRON  
  Quand on vous le dit !







                                 De 1704 à la fin de l’été 1707, la sécheresse fut extrême, au point qu’en 1704 on ne put labourer les vignes et, pendant l’hiver qui suivit, les chemins furent aussi beaux, aussi secs que pendant l’été dont la chaleur fut intense. La pluie ne tomba qu’une seule fois , le 8 août, grâce à un orage bienfaisant. L’eau potable manqua à peu près partout dans l’île. Les malines, fort petites ne permirent pas d’alimenter les marais et la production de sel fut à peu près nulle. 
Du courant de février au 8 septembre 1706, il n’y eut pas une goutte d’eau. Déjà les esprits inquiets et
Superstitieux croyaient à la fin prochaine du monde, quand un violent tremblement de terre, qui n’occasionna heureusement aucun accident, jeta, le 13 novembre, l’effroi partout. Une sorte d’angoisse s’emparait d’un grand nombre et les hommes pondérés et réfléchis eurent du mal à rassurer la masse.

La citerne de la citadelle manqua d’eau en 1707 et il fallut en faire venir de la fontaine de Lupin, par les bâtiments de Rochefort et on remplit de barriques le souterrain 24 de la courtine 3 et 4. L’année fut cependant très pluvieuse, avec des orages et des chaleurs telles que, le 20 Juillet, bon nombre de personnes et d’animaux, dans l’île, moururent d’insolation. Le reste de l’année fut froid, la pluie si abondante que la moisson n’était pas terminée le 20 septembre. Il n’y eut pas de sel.






1708 ne fut pas plus heureuse. Les pluies excessives de l’hiver et du printemps ne permirent pas les premièes cultures de la vigne, pas même la taille. Des chaleurs intenses reprirent au mois d’août et on ne fit pas de sel. La misère était partout, mais 1709 devait l’accentuer encore par son hiver d’une excessive vigueur.

Monsieur de Bonnemie dit que les oiseaux moururent , les corbeaux, les pies et les moineaux exceptés parcequ’ils dévoraient, pour vivre, les autres oiseaux ; Tous les lauriers et les figuiers gelèrent. Il fallut les couper jusqu’à la racine.Les gros chênes fendirent, les branches des amandiers, acacias et noyers furent gelées. Les blés gelés, furent entièrement  perdus. Dans cette île où l’on entrevoit rarement la neige, la terre, gelée, en fut couverte du 5 Janvier au 2 Mars..

Beaucoup de puits sans profondeur, le vin, l’eau de vie, même, dans bon nombre de chais, se trouvèrent gelés On pouvait traverser la Charente à Rochefort et descendre de La Rochelle, en petite rade sur la glace.
La pluie succéda à ce froid terrible. Une disette générale s’en suivit. Pour l’atténuer on recourut au droit de visite domiciliaire, à la vente obligatoire de tout ce qui dépassait le nécessaire jusqu’à la récolte suivante et à la taxe enfaveur des pauvres. Le printemps et l’été permettaient quelques espoirs, qui ne furent pas de longue durée. 







Dans la nuit du 8 au 9 Juillet, un vent d’une extréme violence jeta bas tous les fruits des arbres épargnés par l’hiver : Pommes, poires, prunes et égrena les orges dont la pluie avait retardé la moisson . Bon nombre d’arbres furent brisés ou déracinés. Les feuilles et les pousses de l’année étaient noires, grillées, et les arbres furent dépouillés comme en hiver. Quinze jours après ils se couvrirent de nouvelles feuilles et eurent des fleurs au commencement d’août. Les raisins de cette seconde pousse ne mûrirent pas, mais on cueillit au mois de Janvier suivant d’assez belles poires et d’assez belles pommes de cette seconde floraison. 

La misère, à son comble, poussait les gens au crime. Ils furent nombreux. En 1710, le Lieutenant du Roi fut parmi les victimes. On le trouva étranglé dans son lit,
à la citadelle.








Les tempêtes ajoutaient Leurs désolations à celles des rigueurs des saisons.
En 1709 elles avaient renversé plusieurs maisons et occasionné de nombreux naufrages. Au commencement et à la fin de 1711, il y eut une nouvelle rage des éléments déchaînés. Le 11 et le 23 février, deux grands navires terneuviens, chargés de morues, et dont les armateurs étaient de l’île, se perdirent : Le premier entre Le Petit Matha et Le Colombier, le second à La Cotinière. Le 10 septembre, un ouragan d’une violence inouie fit plus  de 600.000 livres de dégâts aux fronts de mer…


Extrait de « Notes d’Histoire locale » – Abbé Victor Belliard – 1920.


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