mardi 2 avril 2019

JOURNAL DE BORD






LE TOUT PREMIER DÉBARQUEMENT AUX 


ILES SEYCHELLES : JOURNAL DE BORD 


DU CAPITAINE ALEXANDER SHARPEIGH 

                          ... 1609.


( traduction du journal de bord de John Jourdain _ Société 

Hakluyt. )


















19 janvier 1609




Aux environs de neuf heures du matin, nous aperçûmes une terre haute,

 qui s'étendait de l'Est au Sud. A trois heures de l'après-midi, nous

distinguames d'autre îles, qui nous semblèrent être au nombre de quatre.





 Au soir, elles apparaissaient du Nord à l'Est, à quelque cinq lieues de

nous. Nous laissâmes les voiles fasseyer toute la nuit., jusqu'à l'approche

de l'aube, puis nous approchâmes de la terre dans l'espoir d'y trouver de

l'eau et des vivres frais. A midi, nos observations nous situaient par 4° et

20° de latitude. (1)





















20 janvier




Au matin, étant tout près de la terre, nous laissâmes fasseyer nos voiles et

nous mîmes la yole à la mer pour aller sonder devant le navire et chercher

 un bon mouillage. Ainsi, nos hommes allèrent jusqu'à une petite île (2 ) ,

 la plus proche de nous, se trouvant à deux lieues environ au Nord de l'île

 haute ( 3 ). Ils débarquèrent dans une belle anse sablonneuse. Nous

aurions pu y mouiller dans de bonnes conditions, mais, comme nos

 hommes ne signalaient pas avoir trouvé d'eau, nous ne jetâmes pas

l'ancre. Le canot revint donc. Il ramenait autant de tortues terrestres qu'il

pouvait en contenir. Nous nous approchâmes donc des autres îles. 



 


Les tortues fournissaient une bonne viande, aussi bonne que du boeuf

frais, mais après deux ou trois repas, nos hommes refusèrent d'en manger

 à cause de l'apparence si laide de ces animaux avant la cuisson. Elles

 étaient si grosses que huit d'entre elles remplissaient la yole.




Avançant parmi les îles, nous trouvâmes dix à douze brasses à une lieue de

 terre. À deux lieues, il y avait de vingt à trente brasses, avec un très bon

fond. Pour le soir, nous avions pensé mouiller près d'une île qui s'étendait

Est / Nord _ Est et qui paraissait pouvoir offrir beaucoup de fruits et d'eau.

 Mais la nuit était proche et, comme nous avions aperçu des hauts _ fonds

 et des rochers au long de la côte, ainsi que d'autres îles devant nous, nous

 virâmes de bord et nous restâmes au large, cap au Nord / Nord _ Est, en

 attendant le lendemain et en espérant que nous trouverions un bon

 mouillage auprès des autres îles qui nous apparaissaient un peu plus loin

 à l' Est / Nord _ Est.


 



Mais sur notre route il y avait une petite île ( 5 ), à deux lieues environ du

 rivage. Nous ne parvenions pas à la doubler, mais nous réussîmes à passer


 entre elle et l'île principale. Nous avions des fonds de quinze à vingt

 brasses. Cette petite île n'était guère plus qu'un rocher, ou peu s'en faut.

 Ayant passé ce rocher nous tirâmes des bords jusqu'à minuit, puis nous

 demeurames sous la côte Est de l'île, les voiles flasques, sous un vent frais.

 Nous tirâmes des bords vers l' Ouest, puis vers le Nord et l' Ouest / Nord

_ Ouest, pour demeurer auprès de l'île. 


 


J'avais aperçu une trentaine d'îles petites et grandes, et les eaux étaient

libres autour d'elles. Nous fîmes route au Nord par rapport à elles. La

distance entre l'île la plus au Sud et celle qui se trouvait le plus au Nord

pouvait être d'environ vingt lieues, et elles étaient très rapprochées les unes

 des autres.


(1 ) _ D'après Revett, 4° 48'. 
(2 ) _ Ile du Nord. 
(3 ) _Ile Silhouette. 
(4 ) _ Praslin et ses voisines. 
(5 ) _ Mamelles.




 




21 janvier






Au matin, nous nous sommes préparés pour nous rendre à terre. Nous

avons envoyé notre yole pour sonder devant le navire et pour chercher un

endroit favorable au mouillage. 




Aux environs de neuf heures du matin, nous avons jeté l'ancre par un fond

de quinze brasses, à un demi-mille de la côte, à peu près. Mais il y avait là

 beaucoup de petits écueils. En conséquence, nous allâmes plus avant. 

Nous trouvâmes alors un fond clair et nous pûmes avancer aisément
En plusieurs endroits nous trouvâmes une eau potable excellente, mais

 rien ne venait signaler qu'il y avait jamais eu là une vie humaine. 


 



Il y a un excellent passage qui se trouve entre deux îles situées à environ un

 mille et demie l'une de l'autre et qui s'étendent de l'Est / Sud _ Est au Sud

 _ Est et au Nord _ Est. Il y avait trois autres îles qui se trouvent à trois

 lieues environ de l'endroit où nous étions à l'ancre. Ainsi nous nous

trouvions dans une sorte de bassin entouré de terres, sauf à l'Est / Nord _

Est et à l'Est. 


 


Pour permettre l'identification de l'endroit où nous étions au mouillage, je

dirai qu'il y avait une petite île ( 3 ) qui se trouvait à proximité, au Nord du

 chenal à deux lieues environ et qu'il y avait un rocher ( 4 ) entre l'île dans

 laquelle nous voulions nous rendre et celle dont je viens de parler ; le

passage se trouvant au Sud de celui _ ci . Vers l'Ouest _ Nord _ Ouest se

trouve une île très haute, à environ dix lieues, qui est celle dont j'ai déjà

 parlé ( 5 ). Nous avons jeté l'ancre. Le passage était à 4° 10' Sud. 




 



22 janvier




Mettant un canot à la mer afin qu'il se dirige vers l'Est / Nord - Est, nous

élongeâmes deux filins sur une bonne longueur et nous mouillâmes l'ancre

 par treize brasses de fond, excellent fond. 

Nous étions à une portée de pistolet du rivage, vers lequel nous nous

dirigeâmes comme si nous avions navigué dans un bassin de vingt à trente

 brasses de profondeur. 


 

Nous fîmes alors de l'eau et du bois tout à loisir, avec beaucoup de facilité.

 Nous trouvâmes beaucoup de noix de coco, mûres et vertes, de toutes

 espèces, beaucoup de poissons, d'oiseaux et de tortues ( Mais nos hommes

 ne voulaient pas en manger, alors que nous aurions pu en tuer autant que

nous aurions voulu. ). Il y avait beaucoup de raies, et autres poissons.

Auprès des rivières, il y avait également beaucoup d'alligators ( 8 ) . 









En pêchant des raies, nos hommes en prirent un. Ils le tirèrent au sec tout

vivant, en lui passant une corde derrière les ouïes. Sur l'une de ces îles, à

deux milles de l'endroit où nous nous trouvions, il y avait de beaux arbres,

 tels que je n'en avais encore jamais vus quant à la hauteur et au diamètre

 du tronc. Leur bois est dur . On peut en trouver beaucoup qui mesurent de

 soixante à soixante dix pieds de haut, sans une seule branche, si ce n'est

 tout en haut. Ils sont très gros et droits comme des flêches. L'endroit est

 excellent pour les rafraîchissements et pour le bois, l'eau, les noix de coco,

 les oiseaux et les poissons. Il n'y a aucun danger de quelque sorte que ce

soit, à l'exception des alligators. C'est à ne pas comprendre que personne

 ne soit venu ici avant nous. ( 9 ).


 


( Le 1er février, ils mettaient à la voile ... ) 


( 1 ) _ Mouillage final, sous Ste. Anne, près 
de la Victoria actuelle. 
( 2 ) _ Cerf, Ile-Longue et Ile-Moyenne. 
( 3 ) _ Mamelles. 
( 4 ) _ Brisard. 
( 5 ) _ Silhouette
( 6 ) _ 4° 35 Sud. 
( 7 ° _ coco-de-mer ? 
( 8 ) _ Il s'agissait de crocodiles, ( Ils ont 
complètement disparu ! )
( 9 ) _ Ils ont appelé ces îles : " Les îles 
désolées " !




 



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