mercredi 3 avril 2019







LE PEUPLEMENT DE L'ARCHIPEL





( LA CHASSE AUX MARCHANDS             

                                                 D'ESCLAVES )




L ' UNE DES CLÉS POUR COMPRENDRE 


 





_ Les lettres dont la traduction figure ci-dessous ont été écrites de Zanzibar

 par le Capitaine du H.M.S. WASP à son épouse, en 1865. Leur auteur

devait devenir l'Amiral Cornish _ Bowden. Elles ont été publiées par le

" TIMES " en date du 18.04. 1964. 






 







_ " La nuit dernière, j'entendis raconter qu'un navire se préparait à

 appareiller avec un chargement d''esclaves. Je donnai des ordres pour

 armer la chaloupe et le canot. 


 


La chaloupe aperçut un dow, ouvrit le feu dans sa direction et se prépara à

l'aborder. Le dow, manoeuvrant ses voiles, courut sur elle et emporta son

 mât. Le Lieutenant Théobald reçut un coup de lance au poignet et un

pauvre homme fut tué. Ils nous repoussaient avec des lances de bambou.

Le Lieutenant Rising, avec le canot, l'aborda par l'arrière. Après une

résistance acharnée, les Arabes sautèrent par-dessus bord et s'éloignèrent

dans une embarcation, à l'exception de treize d'entre eux qui restèrent à

bord. Ils laissaient trois morts. 



 


Il paraît que ce pauvre Rising avait bondi au-milieu de la mêlée avec

beaucoup de courage, mais sa main gauche avait été quasiment sectionnée

 à hauteur de l'articulation. Il avait également été blessé au cou, d'un revers

 de sabre. 


                             

C 'est le canot que nous avons vu revenir le premier, avec le pavillon en

berne. À son bord, il y avait ce pauvre New, mort. Rising ne pouvait plus

bouger, il était couvert de sang, mais il n'avait pas perdu conscience

Les esclaves étaient aussi serrés que des abeilles dans un essaim. Il n'était

pas étonnant que mes hommes aient été abattus sur ce pont : Ils avaient

été obligés de se battre en se tenant debout comme ils le pouvaient, juchés

sur les corps. 

 

Nous avons compté deux cent quatre vingt neuf esclaves : Des femmes et

des fillettes, pour la plupart. On nous dit que plusieurs, effrayés, avaient

 sauté par-dessus bord. 





 






14 MAI : _ Je suis allé rendre visite au Sultan. Je lui ai dit ce que je

 pensais, aussi fermement que possible. Le Sultan acquiesçait à tout ce que

je lui demandais et, après avoir reçu la lettre que je lui avais fait porter, il

avait fait saisir deux cent cinquante esclaves qui avaient été rassemblés par

 les Arabes pour un nouveau chargement. 



 




Lorsque je lui dis que je souhaitais ne restituer ni les esclaves, ni le bateau,

 il mit le tout à ma disposition et , comme je lui demandais de punir les

prisonniers arabes, ils me répondit que je pouvais en faire ce que je voulais

 : Je pouvais les pendre ou en faire ce qui me conviendrait. Je refusai cette

 responsabilité et je m'efforçai de lui faire comprendre que c'était à ses

propres lois qu'ils avaient contrevenu. Il était si brutal que je ne pouvais

me permettre d'avoir avec lui, ne serait-ce que l'apparence d'une dispute.


 


Dès que mes esclaves seront capables de tenir le coup, je ferai la traversée

vers les Seychelles avec eux. Le temps pluvieux me pose des problèmes

 pour leur logement à bord. Aujourd'hui, j'en ai cent quatre-vingts et il faut

trouver une solution, surtout pour les plus affaiblis et pour les petits

enfants.

Dès leur arrivée à bord, on les a mis dans des baquets et les hommes

 d'équipage les ont lavés avec du savon mou. Pendant qu'on les lavait, je

me suis aperçu que beaucoup d'entre eux avaient de petites plaies. 

Ils sont très heureux, maintenant qu'on leur a dit qu'ils ne seraient plus

jamais esclaves. 



 




23 MAI _ : Je suis tout près des Seychelles. Dès demain je serai au

mouillage là-bas. Dieu merci, nos blessés vont bien, ( On a amputé la main

de ce pauvre Rising, à l'exception du pouce et du petit doigt. Il est

affreusement faible, mais il tient bien le coup. J'ai essayé de le réconforter

en lui disant qu'il allait avoir une promotion ... Je l'espère d'ailleurs, et je

 sens que je peux rédiger un excellent rapport en sa faveur.) 


 

Vous pouvez imaginer dans quel état nous nous trouvons : Depuis le mât

 de misaine jusqu' à l'arrière, le pont n'est qu'un hôpital. Le reste du navire

 est un enclos à esclaves. Dans l'ensemble, ils se comportent bien mais

 maintenant qu'ils ont surmonté leur peur et leur mal-de-mer ils font

grand bruit ! 


 


Nous avons eu quatre morts ...


Pauvres êtres! _ Je ne peux pas les mettre dans la cale : Ils sentent trop

fort! _ Tous les matins nous les lavons dans de grands baquets, en les

arrosant au jet : Je pense qu'ils n'ont jamais été aussi bien lavés ! Plusieurs

d'entre eux sont couverts de crow-crow, la gale africaine. . Je crois

d'ailleurs que, plus ou moins, tous en ont. 



L'armurier et le forgeron ont fabriqué tout un appareillage en fer, qui

encercle le crâne de Rising et sa poitrine, afin de tenir sa tête droite ... 





 




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