Je vous écris d’un siècle
lointain
D’une autre planète
Mon langage sûrement n’est
pas le vôtre
Ni les voix
Ni les mots
Ni les codes
Et je pense aux peuples
évanouis
Dont nul ne comprend ce
qu’ils ont écrit
Pourtant j’ai marché sur la
piste
Et je marcherai
Sentes fangeuses
Caillouteuses
Le temps d’un soupir
Et je dirai le buisson
Le buisson des pèlerins
Épineux
Sec
J’ai noué à sa branche un
brin de laine
Rouge
J’ai accompli le rite
Dont les raisons se sont
perdues
Les vents se sont étouffés
Pendent mille brins
Bandelettes et rubans
Inertes
Depuis des temps très
lointains
Et venus de pays inconnus
Tous les pèlerins ont ici
accompli le rite
Le buisson d’épines semble un
fantôme
Un épouvantail à moineaux
Mais il n’y a pas de moineaux
ici
Et quand se lève le vent
C’est en vain que le buisson
agite ses guenilles
Commémoration ?
Prière ?
J’ai attaché un brin de laine
rouge
Que décolorera le temps
longtemps
Sentes fangeuses
Caillouteuses
J’ai marché sur la piste
Et je marcherai
Le temps d’un soupir
J’ai posé ma pierre
Sur le cairn au bord du
chemin
J’ai accompli le rite
Comme tout pèlerin qui passe
ici
J’aurai posé une pierre sur
une autre
Prière
Ou bien commémoration
Marque d’un code perdu ?
Croix sur un treillis de
grillage
Deux brindilles en croix
Prières ou mémorials ?
Milliers de croix toutes
petites
Les rites sont accomplis
Ô vous pour qui j’écris cette
lettre
D’un siècle lointain
Et d’une autre planète
Le vent aura depuis longtemps
arraché le buisson d’épines
Le cairn aura disparu sans
aucun doute
Et les brindilles des croix
Je suis passé là
Pèlerin d’un siècle oublié
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