(Le vieux port de Cannes)
LE VOILIER NORD
Nous appareillâmes un soir d’octobre
Aux étoiles. L’ancre racla la coque
Il y eut trois longs cris de la sirène
Et nous défilâmes par le travers
D’un grand vapeur aux trente-six lumières
Qui sommeillait doucement à la houle
Puis ce fut la bouée puis ce fut la route
Dans les écumes et les sifflements
De tout le navire tendu au vent …
(Julian Taylor - Galerie Gantois - Cannes)
…L’on fila cinq ans, l’on fila dix ans
Il y eut dix années d’eau sous la quille
Sur tous les abîmes de l’océan
Et dix années de mer dans notre histoire.
Quelques-uns flanchèrent et descendirent
Qui s’étaient découragés d’arriver
D’autres on les descendit aux requins
Qui suivaient depuis toujours le navire
Chaque soir en haut du grand mât montait
Le capitaine découvrir le Nord
Qui se cachait si bien dans les brouillards.
Un matin venteux on changea les voiles.
(Julian Taylor - Galerie Gantois - Cannes)
Ah Ah mais n’était-ce pas ces dix ans
Les mêmes escales que l’on passait
N’avait-on pas dix fois passé le Nord ?
Le premier qui le dit on le crut fou
Le second qui le crut on le pendit
Le troisième on le jeta aux requins
Mais le quatrième on le crut enfin.
C’est vrai, l’on faisait le même chemin
Depuis ces dix années dans l’étendue
C’était ces mêmes ports exactement
Où l’on avait mouillé dix ans avant
Dans notre voyage sur l’océan
L’étoile ne brillait que dans nos yeux
L’on avait suivi un rêve de plus
C’était pour ça, ces dix ans de route
Le Nord cherché, le Nord n’existait pas.
(Galerie Neel - Cannes)
Si ma voix mourait à terre
Portez-la au bord de la mer
Et laissez-la sur le rivage.
Portez-la au bord de la mer
Et nommez-la capitaine
D'un blanc vaisseau de guerre.
Oh ! ma voix décorée
De l'insigne marin :
Une ancre sur le coeur
Et sur l'ancre une étoile
Et sur l'étoile le vent
Et sur le vent la voile !
RAPHAËL ALBERTI - Traduit de l'Espagnol.
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