mercredi 27 février 2013

NOCES À SAINT-VALLIER






                                                                     
      LE MUR DES AMOUREUX DE PEYNET, RUE SAINT-SAUVEUR - LE VIEUX CANNET.



NOCES À SAINT-VALLIER



-   - «  Je ne sais pas très bien  … »
-   - « Qu’est-ce que tu nous racontes ? … Il te suffit de décider … »

Il ya de la myrte et du romarin, des phlox, des colchiques et des asphodèles, de l’origan que l’on nomme aussi marjolaine … Il y a de la menthe et du basilic, de la verveine et du serpolet, de la sauge et de l’estragon. Il y a des canneliers, des eucalyptus et des lauriers : Lauriers-sauce, lauriers-tin, lauriers-cerises et laurier-roses …

-   « Il ne peut y avoir tout cela, dis-tu ? … Si, puisque je le décide : Il suffit de décider » …

Montagnettes, collines en amphithéâtre … L’une des collines écorchée … Pourquoi celle-là ?  -  Pelée par le vent – Cailloux et terre rouge. Les autres douces, rondes, revêtues de garrigue. Toits d’un village, tassés au détour du chemin.

Je sais que, vers le Sud, il y a la Méditerranée. Le bleu du ciel s’en échappe sans doute … Il aura débordé les pentes. Près du village, une mer de lavandins violets. Je sais qu’au-delà, maintenus à distance, il y a des platanes, mais des girofliers aussi, des mahoganis … (Que pensez-vous de ce nom-là ?). Il y a aussi des magnolias, flamboyants, tulipiers, micocouliers et arbres de Judée.
-   - « C’est un tableau du Douanier Rousseau ! »
-   - « Cela est ! »

Un petit nuage rond, gros comme une fleur de cotonnier … Il sert de lustre. Il réfléchit la lumière du soleil. Le soleil, lui, il a déjà roulé de l’autre côté des sommets. Lumière douce, très douce et claire. Odeurs et parfums. Les âmes sont légères. Une perdrix rappelle … C’est ainsi … Je le veux … Appelez la bartavelle si vous le désirez.

Arrivent les mariés. Ils flottent au-dessus des lavandins, mariés de Chagall portés par les airs, se tenant par la main. Elle tient un bouquet. Lui une rose. Le bonheur forme traîne et les accompagne. Les violons sont là, au nombre de trois, venus d’un pays très lointain, si l’on en juge par leurs gilets chamarrés. Ils glissent par-dessus les mimosas. Une musique chante, elle-aussi venue d’ailleurs, d’autres espaces et d’autres temps de mémoire. Le nuage-lustre illumine la chapelle des bergers, minuscule., blanche, entourée de pâquerettes et de bluets. Je choisis de faire grimper une clématite au-dessus du porche. À côté, il y a un cyprès.

La noce est entrée. On s’est assis sur des bancs de bois. La porte est ouverte à deux battants. Un pinceau touche les voilettes, capelines, écharpes et foulards. Parfois il pose ses couleurs un peu à côté : Elles se prennent alors à exister pour elles-mêmes, indépendamment des formes. C’est pourquoi on les perçoit un peu décalées.

Voix profonde, grave, chantant l’Ave Maria … D’où venue cette voix ? … Elle déroule des idées, des images, de larges fleuves et de longues plaines … On y perçoit tout aussi bien des prières que des larmes, aussi bien des flammes que des regrets … des espoirs aussi.

Léonore  et  Philippe se sont choisis devant Dieu et devant les hommes, j’en témoigne. Ils se sont posés un instant devant l’autel, le temps d’échanger leurs promesses et leurs anneaux. Mères attendries, pères gauches un peu …
Couple nimbé de lumière. Flamme d’un grand cierge. Nouvelle lévitation … Les mariés flottent dans l’allée centrale, à hauteur des têtes. Instant palpable, et tiède … L’aïeule essuie une larme. Le voile s’accroche à la clématite, un peu. Le couple débouche en pleine lumière : Photo !

Sonne la cloche. Les violons s’envolent à nouveau. S’envolent les écharpes, les chapeaux, les cravates et les pochettes, en mouvante guirlande. S’envolent les couleurs … Bleus, rouges, verts, violets, ors … Le champ des lavandins lui-même s’étire, se déroule, flotte à mi-pente. Alors arrivent les bruants, les alouettes et les bouvreuils, roitelets, rouge-gorge et gorge-bleue. Il y a même, je le veux, le colibri-topaze, l’oiseau-lyre, le sifilet, le couroucou … Mais ceux-là arrivent juste au moment où les mariés passent sur les toits du village …. Le couroucou … Splendide, non ?

Mille ans de bonheur aux nouveaux mariés !
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