samedi 23 février 2013

L'ÉCOLE FRANCAISE




                                                                           





                                  Dans le Figaro Madame de cette semaine, sous la signature de Dalila Kerchouche, nous trouvons, réparti sur quatre pages un entretien avec Madame Aurélie Phillipetti, actuelle Ministre de la Culture et Madame Marie Despléchin, écrivaine et présidente du comité de consultation sur l’Éducation Artistique.

Madame la Ministre est une agrégée de lettres classiques et Madame Marie Despléchin est essentiellement un auteur de livres pour enfants. Je dois dire que je soupçonne à priori la plupart des agrégés de n’être que rarement descendus au niveau de l’École Primaire : Ils sont très souvent très intelligents et pleins de bonnes idées, mais ils n’ont que rarement le sens modeste et pratique.

Madame Despléchin a conduit des expériences en milieu scolaire, mais elle n’est pas de façon évidente qualifiée pour parler de pédagogie et certains de ses propos laissent songeur : «  En écriture, un bon élève qui respecte les consignes se révèle vite plat. Comme il veut bien faire, il se fond dans le moule au détriment de son ressenti. Au contraire un chahuteur du fond de la classe qui n’éprouve pas ce  désir d’adhésion, qui a un vécu tumultueux, des aspérités, qui est traversé de sentiments ambigus peut rendre un texte formidable … »

Disons tout de suite qu’après plus de quarante ans passés dans des fonctions d’enseignant puis d’inspection, je crois que sais de quoi je parle, même si nul n’est jamais porteur de La Vérité.

    *

Je ne ferai que quelques remarques, en vrac, comme elles me viennent à l’esprit et vous voudrez bien m’excuser si, parfois et pour me faire comprendre, je me montre péremptoire, voire caricatural.

                                    Tout d’abord, j’applaudis tous ceux qui se penchent sur les problèmes de l’école et sur son devenir. J’applaudis tous ceux qui se penchent sur les difficultés des enfants et l’inadaptation de l’École au temps présent et, sans doute, son inadaptation encore plus probable aux temps qui appartiennent à un futur proche : Les sociétés, les techniques, les rapports humains, les concepts … Tout cela évolue, se brise et transforme tellement vite que l’on est bien obligé d’admettre, avec Marie Despléchin que nous ne saurions prétendre savoir ce qui va servir plus tard à nos enfants.

Ma réflexion, nourrie de mon expérience, m’entraînera à la fois en deçà et au-delà de ces considérations : Et d’abord, de quoi parle-t-on quand on parle d’art ? -



                                    « La liste classique des arts, telle que proposée au xixe siècle par Hegel dans Esthétique ou philosophie de l'art, continue pour certains de servir de référence. Elle indique, sans se vouloir pourtant exhaustive, que les principaux arts sont au nombre de cinq : architecture, sculpture, peinture, musique, poésie. Par combinaison ou par prolongement, on parvient à développer indéfiniment cette liste en y ajoutant, par exemple, la danse, le cinéma (souvent nommé « septième art »), la bande dessinée, l'opéra, la photographie, etc. »  ( wikipedia)

                                    Ensuite il nous faut poser la question : De quoi parle-t-on quand on parle d’École ? – Je ne veux point évoquer ici les différents échelons de l’école française : École Maternelle – École Primaire – Collège – Lycée, etc … Là n’est point mon intention :  Je connais mieux les Écoles maternelles, les Écoles Primaires et les Collèges, c’est donc dans ces niveaux que je choisirai mes propos.
En fait, je n’ai que très rarement, sinon jamais passé la porte d’une École, appartînt-elle au secteur du Privé tout autant qu’à celui du Public !
          Parler d’École supposerait une unité d’objectifs, de moyens, de méthodes et une unité des enseignants. Pour être regroupés sous un même vocable il faudrait que ces divers éléments soient eux mêmes unis. Ce que j’ai vu, ce sont des classes, animées chacune par un enseignant aux niveaux maternelles et primaires … Mais je dis bien des classes :    Demandez donc à un enseignant ce que fait son collègue, dans la classe voisine – Vous verrez le résultat : Il ignore, la plupart du temps les thèmes sur lesquels on travaille, les objectifs que l’on se propose d’atteindre, les méthodes utilisées pour cela. Chaque enseignant travaille dans son coin et ignore même ce à quoi l’on occupe ses anciens élèves dans la poursuite de leur cursus. Au collège, les choses sont encore accentuées dans le même sens par le nombre et la spécialisation des professeurs auxquels chaque enfant est confronté. Et comme le Directeur de l'École ou le Principal du Collège n'ont aucun pouvoir pédagogique ....  Si l’on ajoute à cela la dissociation fréquente des familles, la perte des repères, due peut-être à des délocalisations familiales fréquentes, à des modifications de plus en plus fréquentes des activités professionnelles des parents, à des mouvements de société imprévisibles et perturbants,  aux incertitudes  que la modernité a introduites en matière d’avenir, il nous faut bien conclure que la moindre des choses, ce serait de restituer une Unité qui s’est perdue et de donner par là un sens à la vie.

                        En ce sens, je souscris à votre opinion, Madame la Ministre, Madame Desplanchin … Ce que peuvent attendre de nous nos enfants, c’est qu’on leur offre un, ou des projets : Ils cesseront peut-être alors de se réfugier dans une musique effrénée qui leur abîme les oreilles et les SMS qu’ils échangeront seront peut-être plus consistants. L’ennui, c’est que, chaque fois que l’on change de Ministre, on change d’idée et d’orientation, souvent en fonction de la propre formation et des goûts propres au Ministre ou au gouvernement dans son ensemble : Le Ministre est-il un ancien sportif, il proposera de centrer les activités scolaires sur le sport, est-il de formation ou son goût le porte-t-il vers les arts, il y trouvera l’occasion de formuler des projets pédagogiques !

                        Quoi qu’il en soit, il faudrait bien considérer qu’un enfant n’est pas mathématicien pendant une heure, puis l’heure suivante géographe et la troisième heure vous voudriez qu’il devienne exclusivement écrivain ou artiste ?

                        S’il vous plaît, Mesdames, une autre conception de l’École ! Une École dans laquelle on s’engagerait collectivement dans un projet tendant à une réalisation pluridisciplinaire … Une réalisation « artistique », soit, mais en tout cas une réalisation pluridisciplinaire, concertée et dans laquelle les enfants se sentiront concernés . Là où je ne puis être d’accord avec vous, Madame Desplanchin, c’est lorsque vous dites « On pourrait, par exemple, regrouper les heures de musique et d’Arts plastiques sur un seul mois plutôt que disséminées dans l’année … » Eh quoi, Madame ? … Un enfant serait artiste pendant un mois, puis le mois suivant, il serait grammairien ou scientifique ! On peut trouver aisément dans un projet à thématique artistique l’occasion et même la nécessité de lire, de compter, de mesurer, de parler, de chercher, de comparer et de perfectionner les instruments et les moyens
… Je crois que cela demande que l’on repense l’École et que l’on décloisonne les activités et les équipes. À quoi j’ajouterai la nécessité d’un suivi de chaque enfant par une sorte de tutorat exercé par un autre enseignant que celui qui lui est habituel, mais tutorat exercé par un enseignant chargé de cours comme ses confrères - tutorat qui aurait pour objectif de permettre à chaque enfant de se construire dans une unité qui lui manque et de l’aider à donner un sens à ce qu’il fait tout autant que de découvrir une unité dans ce qui se présente à lui de façon dispersée : Peut-être quelques enseignants supplémentaires dans l’école, peut-être des enseignants moins chargés en horaires d’enseignement, mais assumant plus d’heures de service dans l’établissement, au bénéfice de ce tutorat que j’appelle de mes vœux et qui permettrait également la communication avec les parents! J’insiste sur la nécessité de « Servir » dans l ‘établissement  sur un nombre d’heures plus important.

                        Je vais publier ces quelques « pensées » sur mon blog … C’est le seul moyen pour moi d’exposer ces idées, puisque les « commissions » sont désignées par le gouvernement, qui a lui-même ses propres objectifs. Merci à ceux qui m’auront lu jusqu’au bout et "advienne que pourra" !


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