samedi 29 novembre 2014

DANS L'OCÉAN PACIFIQUE







AUX ABORDS DE LA NOUVELLE CALÉDONIE



      L'ODYSSÉE DE LA CORVETTE L'ALCMÈNE
               
(D'après un journal de bord authentique)

DÉCEMBRE 1850




"Nous larguerons les amarres avant le quinze juillet si tout va bien. L'armement du navire a déjà commencé : Nous faisons embarquer les vivres frais, les salaisons, les tonneaux de vin et ceux de poudre à canon ... Nous descendrons ensuite le cours de la Charente ... Le plein des réserves d'eau douce sera fait au fort Lupin où se tient la pompe. Le navire, alourdi, gagnera l'estuaire de la Charente, puis la rade de l'île d'Aix
. Le quinze, nous devrions lever l'ancre." 

                                                                                       ... /...








... Le jour venu, rien de suspect ne s'étant produit, ils abordent à nouveau afin de préparer le café, au même endroit que la veille et, plus confiants, ils amarrent le canot en lieu sûr et débarquent sans armes, imaginant à tort que la réputation de barbarie des indigènes était surfaite.
Mais ceux-ci avaient profité de la nuit pour prévenir leurs pareils des îles voisines de la présence des nôtres.
Nos matelots, en attendant leur café, se divertissent avant de reprendre la mer lorsque, tout à coup, ils se trouvent entourés par une horde de sauvages entourés de flèches et de casse-tête, armes dont n'étaient pas pourvus les indigènes rencontrés la veille au soir. Malheureusement, il est trop tard maintenant pour faire quoi que ce soit.






Au moment où ils tentent de regagner leur embarcation une immense clameur s'élève de la foule barbare qui s'élance à leur poursuite. Bientôt ils sont rattrapés et succombent sous les coups. Seuls, trois marins qui nettoient le canot ont le temps de se jeter à l'eau. Sur la rive, des cris de rage éclatent. Les trois fugitifs s'éloignent à la nage vers un banc de corail, mais ils sont rejoints par des naturels montés sur des pirogues.
A la surprise de ces malheureux aucun mal ne leur a été fait en abordant les lieux qu'ils venaient de fuir. Un triste spectacle se présente à leurs regards horrifiés : Leur douze camarades, déchirés en morceaux encore palpitants, baignent dans le sang. Des sauvages chargent sur leurs épaules ces quartiers de chair humaine sanguinolente pour se rendre sur les lieux du festin.






Arrivés en cet endroit, de grands feux sont allumés en des trous assez vastes où des cailloux plats sont disposés à chauffer. La viande, couverte de feuilles d'arbres est posée dessus, puis de la terre enfouit le tout.
Une demi-heure après les cannibales déterrent la chair et, rassemblés par groupes, ils se distribuent les morceaux à moitié cuits sur de grandes feuilles en guise d'assiettes. Leur voracité satisfaite, les restes encore fumants ainsi que les trois hommes encore vivants sont répartis selon les différentes îles afin de les réserver pour un autre repas.





Trois jours après leur départ du bord, des bruits sur leur sort parviennent à la Corvette, colportés par les naturels d'une tribu où nous sommes en partie de chasse et également pour faire de l'eau. Mais, ne comprenant que vaguement leur langage, au début, nous n'en faisons aucun cas. Cependant la persistance des indigènes finit par intriguer notre Commandant à qui ces nouvelles sont rapportées. Il envoie à terre un missionnaire qui se trouvait à bord pour nous servir d' interprète.





Le chef de la tribu de Canala lui affirme que nos matelots étaient retenus par les Bélèpes et que, si nous ne partions pas à leur secours au plus vite, ils couraient le risque d'être dévorés par les naturels de ces îles si redoutés pour leur cruauté.
Le missionnaire rend compte à notre Commandant de sa mission dont le résultat ne tarde pas à être connu de tout le monde. Ces nouvelles provoquent pas mal de commentaires et nous n'entendons plus raison : Tout un chacun veut aller immédiatement au secours de nos compagnons.
Le Commandant fait réunir l'équipage sur le pont pour nous dire que les bruits n'étaient pas si alarmants qu'on pouvait l'imaginer, qu'il ne fallait pas croire outre-mesure les indigènes, qui ont toujours tendance à exagérer, mais que, cependant, s'il était arrivé malheur aux nôtres, il ne serait pas le dernier à venger la mort de nos compagnons et il termine en nous exhortant à patienter quelques jours.





Le neuvième jour, impatientés par l'inaction, nous allons voir le Commandant pour le prier d'organiser immédiatement une expédition. C'est alors que, voyant l'équipage animé au plus haut point d'un besoin de savoir, il promet enfin que le grand canot partirait le lendemain matin à l'aube.



Au levé du jour, la chaloupe, composée de quinze hommes sous les ordres d'un officier et d'un missionnaire en qualité d'interprète, part à la recherche. Une belle brise d'est les dérobe bientôt aux regards de la Corvette.
Le soir même, ils abordent l'île que le premier canot avait abordée également au début de son voyage. Des sondages sont effectués tous les quarts d'heures afin de permettre, le cas échéant, à la Corvette de s'acheminer sur ces lieux. Le lendemain, la petite expédition visite plusieurs îles de différentes importances sans trouver trace de notre premier canot.







Enfin, le troisième jour, inquiets de ne rien découvrir, ils décident d'aborder une île semblant séparée des autres et très peu peuplée.
Mais quelle n'est pas leur surprise de constater qu'au fur et à mesure de leur approche vers le rivage, des sauvages apparaissent de plus en plus nombreux ... La présence de ceux-ci, aussi importante, leur laisse à penser qu'ils touchent au but de leur mission. Cependant, en raison du nombre toujours croissant des indigènes, le canot change sa route. Cette initiative ne semble pas plaire aux cannibales, dont les plus hardis se jettent à l'eau pour rejoindre notre embarcation qui ralentit, se laissant rattraper quelque peu afin d'en capturer quelques uns et de les interroger.
Les nageurs étaient maintenant assez éloignés de la plage ... Le canot vire de bord et se dirige vers eux. A ce changement de manoeuvre si inattendu et prenant brusquement conscience de leur petit nombre, les indigènes tentent de fuir, mais déjà la chaloupe est si proche d'eux que des matelots sautent à l'eau, le sabre d'abordage au poing et s'emparent de deux imprudents.




Dès qu'ils sont à bord, nous repartons vers le large. Une fois hors d'atteinte, le missionnaire les interroge. Se croyant perdus, ils se refusent tout d'abord à parler mais, avec de la patience, on arrive à leur faire dire où se trouvent nos camarades. C'est ainsi que, consternés, nous apprenons la mort de douze d'entre eux.
Ils insistent sur le fait qu'ils étaient eux-mêmes esclaves des Bélèpes depuis leur enfance ... Ils n'avaient pas pris part au festin. Puis, reprenant confiance, ils s'engagent à tout raconter en détail si nous leur promettons de ne pas les débarquer dans l'île qu'ils venaient de quitter, craignant de payer cher leurs indiscrétions. Évidemment, on les tranquillise à ce sujet. C'est alors qu'ils nous déclarent que trois hommes ayant échappé au massacre sont répartis en différentes îles et que, de ce fait, il est difficile de les retrouver mais, cependant, ils ont aperçu l'un d'eux sur l'île que nous avons eu l'idée d'approcher. Enfin, ils nous proposent leurs services pour libérer nos compagnons, renouvelant leur condition que nous ne les débarquerons pas sur l'une de ces îles mais sur la "Grande-Terre" de Nouvelle-Calédonie.






SI VOUS VOULEZ LIRE L'ENSEMBLE DE CETTE HISTOIRE, INÉDITE, ALLEZ DANS :



http://odyssee-de-l-alcmene-michel-savatier.blogspot.fr/






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