DE GRANDS VOILIERS SONT VENUS - (3)
La chaloupe fut au récif
portée par la septième vague
Je dirai les marchands
habiles à l'estime et à la pesée
Leurs servants roulaient fûts de châtaignier
débardeurs de caisses et de
sacs
certains tenant flacons d'eau régale
Transbordeurs d'équipages et de main d'oeuvre de
grande transhumance
Pourvoyeurs de fers et de clous à tête plate
dérouleurs de coupons
dévideurs de câbles et de chaînes
Marchands suputateurs de sucre et
d'épices
de
pierres et de métaux rares
Leurs marins sentaient le lard et la fève et
le pois
Hautes circumnavigations par voies
loxodromiques
Longues errances d'une rade à un abri
quête de fruits
d'eau de sources et de cascades
Nous trouvâmes aux grottes pierres éclatées
os fendus
momies
enduites de goudron
Nous scellâmes nos plaques
relevâmes les
stèles
Grand récitant d'arbres généalogiques
le natif avait
perdu le chiffre
et le mot
J'ai chanté les marchands
habiles à l'estime et à la pesée
Avant
Bien avant
C'était avant le temps de nos pères
D'autres s'assirent sous la palme
Rangèrent feuilles et poudres sous les hangars
placèrent vigies
préservant leurs ports et
leurs temples
tribunaux
magasins
Hommes de grandes chartes et d'actes notariés
Hommes d'achat
Hommes de troc
Hommes de bornages et de clôtures
Vallées de grandes
semailles
Labours prédateurs et prémisses sans conclusions
Océan de futurs et de présents pérennes
d'irisation aux essences
d'orient
Océan de nacre
d'écailles et de plumes rouges
Arabesques de courbe et de volutes
Roses et rosaces
Tapis de
chantoung
de brocart
de damas
Tapis pour le fils de Roi portant
châsse
Longues errances d'une rade à un abri
Quête de fruits
d'eau de sources et de
cascades
Et le dieu réside sous le dais
aux cathédrales de verre et de lumière
Que nul
ne réclame
Que l'on se taise et remercie
Senteurs d'encens et de myrrhe étirées par le vent
La rosace
est à nos pieds
La voûte
est immense
Tapisseries aux absidioles
et l'ombre s'accroche à l'ogive
Coeur trop plein d'amour
et l'aiguille sur son
axe
et qui va
Je dirai encore
et
qu'en savez-vous ?
qui prétendez que je mens
Celui
qui me dénoncera
Quel est aux tables de
l'homme
son droit d'interdit sur le rêve et sur
Eden
Ce droit qu'il nous le
dise
Ou bien qu'on le
saisisse
qu'on le bouline sous
la quille
trois fois
dans une gloire de pièces de
huit
et de doublons
Qu'on le
pende aussitôt
juste sous les pieds du veilleur
au nid du
corbeau
Qu'il serve d'exemple aux oiseaux noirs des
harpies
suiveurs sinistres des grands vaisseaux
Coeur trop plein d'amour
et l'aiguille sur son axe
et qui va
Je dirai le poète dans sa barque
Bouche close
Il a taillé la voile dans la chlamide et dans la toge
et suivi sur l'Océan les ombres mauves ou violettes
les sternes par couples et
les mouettes
tridactyles
Il s'abreuve à l'eau
du ciel
Longues errances
Très longues errances au bout des silences
La vague
est d'argent
Le chant est chant de
sirènes
Longues très longues errances
Le vent est portant au îles d'os et de sable
Îles de velours aux passements d'amarante
Îles encore
basses ocellées recelant rosaces aux lagons
La Mer est chasuble
L'étole est brodée d'or et
d'argent
Le poète vint seul aux îles
éparpillées
Que les vents lui soient favorables
et les plages de bon accueil
Chercheur d'amitiés
Chercheur de reflets
Compositeur de musiques dithyrambes
Son visage étincelle aux cristaux du sel
Hommes de longues contemplations
de
longues méditations
Homme de grande route et dormant aux parvis
Homme de vastes communications
ésotériques
de
célébrations dans
la pierre et
dans le bois
J'ai chanté le poète dans sa
barque
Il vint seul aux îles
éparpillées
Mer
Ô Mer !
Océan des jours et des
nuits
Océan des sombres pupilles et des flots halogènes
Voyages
sans mouillages
ni hâvres
ni ports
Quels esprits guidaient nos
proues ?
Et la vague
offrait son ventre
et sa hanche
et son flanc
Nos douces épouses et leur
tiède haleine
Mais de quelles pluies
d'étoiles notre profit
de quels soleils ?
La vague est d'argent
Le chant est chant de
sirènes
Je dirai le politique
sorti très vite des chambres du Maître du calame
Homme habile au décryptage des triangles d'oies
sauvages
Homme de
grandes visions
Grand imaginateur de routes et
de tours
Traçant
fondations et charpentes
avenues et
lotissements pour la
préservation des espèces
chemins pour l'entraînement
des chevaux-
vapeur et des
cliques militaires
Assécheur de ruisseaux à pépites
Gestionnaire de cordons littoraux
de sentes et de pentes
Piégeur sachant placer l'appât
Il est entouré d'hommes à bésicles
et de femmes à
hiéroglyphes
toisant soupesant
promenant compas et théodolite
J'ai chanté le politique
sorti très vite des chambres du Maître du calame
Mais le fils du marin fait siffler la fronde
Ah qu'on
nous laisse
Nous
laissera-t-on ?
Célébration aux sillages du quartz et du
cristal
Célébration aux
versants de velours
Célébration aux jardins
du corail
Qu'on nous laisse notre apanage
Cette vie multiple aux éclats de l'écaille
La chaloupe fut au récif
portée par la septième vague
Je dirai les marchands
habiles à l'estime et à la pesée
Leurs servants roulaient fûts de châtaignier
débardeurs de caisses et de
sacs
certains tenant flacons d'eau régale
Transbordeurs d'équipages et de main d'oeuvre de
grande transhumance
Pourvoyeurs de fers et de clous à tête plate
dérouleurs de coupons
dévideurs de câbles et de chaînes
Marchands suputateurs de sucre et
d'épices
de
pierres et de métaux rares
Leurs marins sentaient le lard et la fève et
le pois
Hautes circumnavigations par voies
loxodromiques
Longues errances d'une rade à un abri
quête de fruits
d'eau de sources et de cascades
Nous trouvâmes aux grottes pierres éclatées
os fendus
momies
enduites de goudron
Nous scellâmes nos plaques
relevâmes les
stèles
Grand récitant d'arbres généalogiques
le natif avait
perdu le chiffre
et le mot
J'ai chanté les marchands
habiles à l'estime et à la pesée
Avant
Bien avant
C'était avant le temps de nos pères
D'autres s'assirent sous la palme
Rangèrent feuilles et poudres sous les hangars
placèrent vigies
préservant leurs ports et
leurs temples
tribunaux
magasins
Hommes de grandes chartes et d'actes notariés
Hommes d'achat
Hommes de troc
Hommes de bornages et de clôtures
Vallées de grandes
semailles
Labours prédateurs et prémisses sans conclusions
Océan de futurs et de présents pérennes
d'irisation aux essences
d'orient
Océan de nacre
d'écailles et de plumes rouges
Arabesques de courbe et de volutes
Roses et rosaces
Tapis de
chantoung
de brocart
de damas
Tapis pour le fils de Roi portant
châsse
Longues errances d'une rade à un abri
Quête de fruits
d'eau de sources et de
cascades
Et le dieu réside sous le dais
aux cathédrales de verre et de lumière
Que nul
ne réclame
Que l'on se taise et remercie
Senteurs d'encens et de myrrhe étirées par le vent
La rosace
est à nos pieds
La voûte
est immense
Tapisseries aux absidioles
et l'ombre s'accroche à l'ogive
Coeur trop plein d'amour
et l'aiguille sur son
axe
et qui va
Je dirai encore
et
qu'en savez-vous ?
qui prétendez que je mens
Celui
qui me dénoncera
Quel est aux tables de
l'homme
son droit d'interdit sur le rêve et sur
Eden
Ce droit qu'il nous le
dise
Ou bien qu'on le
saisisse
qu'on le bouline sous
la quille
trois fois
dans une gloire de pièces de
huit
et de doublons
Qu'on le
pende aussitôt
juste sous les pieds du veilleur
au nid du
corbeau
Qu'il serve d'exemple aux oiseaux noirs des
harpies
suiveurs sinistres des grands vaisseaux
Coeur trop plein d'amour
et l'aiguille sur son axe
et qui va
Je dirai le poète dans sa barque
Bouche close
Il a taillé la voile dans la chlamide et dans la toge
et suivi sur l'Océan les ombres mauves ou violettes
les sternes par couples et
les mouettes
tridactyles
Il s'abreuve à l'eau
du ciel
Longues errances
Très longues errances au bout des silences
La vague
est d'argent
Le chant est chant de
sirènes
Longues très longues errances
Le vent est portant au îles d'os et de sable
Îles de velours aux passements d'amarante
Îles encore
basses ocellées recelant rosaces aux lagons
La Mer est chasuble
L'étole est brodée d'or et
d'argent
Le poète vint seul aux îles
éparpillées
Que les vents lui soient favorables
et les plages de bon accueil
Chercheur d'amitiés
Chercheur de reflets
Compositeur de musiques dithyrambes
Son visage étincelle aux cristaux du sel
Hommes de longues contemplations
de
longues méditations
Homme de grande route et dormant aux parvis
Homme de vastes communications
ésotériques
de
célébrations dans
la pierre et
dans le bois
J'ai chanté le poète dans sa
barque
Il vint seul aux îles
éparpillées
Mer
Ô Mer !
Océan des jours et des
nuits
Océan des sombres pupilles et des flots halogènes
Voyages
sans mouillages
ni hâvres
ni ports
Quels esprits guidaient nos
proues ?
Et la vague
offrait son ventre
et sa hanche
et son flanc
Nos douces épouses et leur
tiède haleine
Mais de quelles pluies
d'étoiles notre profit
de quels soleils ?
La vague est d'argent
Le chant est chant de
sirènes
Je dirai le politique
sorti très vite des chambres du Maître du calame
Homme habile au décryptage des triangles d'oies
sauvages
Homme de
grandes visions
Grand imaginateur de routes et
de tours
Traçant
fondations et charpentes
avenues et
lotissements pour la
préservation des espèces
chemins pour l'entraînement
des chevaux-
vapeur et des
cliques militaires
Assécheur de ruisseaux à pépites
Gestionnaire de cordons littoraux
de sentes et de pentes
Piégeur sachant placer l'appât
Il est entouré d'hommes à bésicles
et de femmes à
hiéroglyphes
toisant soupesant
promenant compas et théodolite
J'ai chanté le politique
sorti très vite des chambres du Maître du calame
Mais le fils du marin fait siffler la fronde
Ah qu'on
nous laisse
Nous
laissera-t-on ?
Célébration aux sillages du quartz et du
cristal
Célébration aux
versants de velours
Célébration aux jardins
du corail
Qu'on nous laisse notre apanage
Cette vie multiple aux éclats de l'écaille
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