mercredi 2 septembre 2015

SARABANDES À TAHITI









SARABANDE À TAHITI










En la cathédrale de Strasbourg, tous les jours, à la même heure, l’horloge astronomique fait défiler ses automates. Ce sont toujours les mêmes personnages, saluant, virevoltant.

Depuis trente ans que je connais la Polynésie, j’y connais ses palais aux automates. On y voit des gens qui ouvrent des portes, qui saluent, parlent, dansent, font mille tours. L’un pousse l’autre, qui sort, se replace derrière, pousse et se met à danser à son tour. Depuis trente ans le mouvement n’arrête pas. Les ressorts se tendent et se détendent. Les pantins sont toujours les mêmes et leurs pantomimes sont toujours identiques.

Le premier qui apparaît, c’est le Président. Les autres le poussent et se poussent. Au bout du compte c’est toujours à peu près dans le même ordre que va la sarabande. Si l’un trébuche, son frère le remplace.

C’est comme au jeu de l’oie : il y a une prison. Quelqu’un y entre parfois, entre deux gendarmes, portant ses effets dans un sac en plastique.




Dans les imprimeries, les rotatives se mettent alors en mouvement. Le texte était déjà tout prêt tant l’événement était prévisible. Quelqu’un crie le journal.

























Selon le rite, chaque personnage passe par le Palais de Justice, chacun son tour : Tribunal d’Instance ou de Grande Instance, c’est selon. Cour d’Appel souvent. On en sort guilleret : Un carillon sonne alors, le porte-parole annonce une amnistie.

Et ça repart sur le même air de musique : ingérance, corruption ... Président, Ministres, Conseillers, échevins ...























Un jour, pourtant, le balancier vint à se détraquer sans doute.
On a vu le Président aller jusqu’aux portes de la prison, dans sa voiture de service ... Pour porter un collier de fleurs à l’un de ses Conseillers qui était incarcéré. Grave disfonctionnement !

































Mais le Président est toujours le Président. Le Conseiller n’est plus Conseiller, mais son frère l’est devenu.

C’est le balancier ... Ou bien ce sont les ressorts qui se sont détraqués. Cela dure depuis trente ans, trente ans, trente ans, trente, trente ...

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