J’ai dit que les Tahitiens doivent naître avec un harpon à la
main …
J’ai dit que les Tahitiens
devaient naître avec un harpon à la main ... Il faut bien cela pour se tenir,
dans l’eau jusqu’à la ceinture, debout sur un récif battu par les vagues, en attendant
qu’une carangue passe.
La détente est alors immédiate,
et il est rare que le pêcheur manque son coup!
Un jour, en bateau, je longeais
le récif, du côté de la haute mer. C’est souvent là qu’on prend du poisson à la
traîne. La mer était grosse. Les déferlantes roulaient sur le récif et se
brisaient en éclaboussures étincelantes. Le son de leur déferlement était
continu et puissant. C’était à Raïatea, devant la passe de Miri-Miri.
J’aperçois derrière un rouleau, un homme qui faisait de grands signes des deux
bras. Je m’approche prudemment, car le récif est proche. Les signaux
continuaient, incompréhensibles. Tout à coup, là, juste devant nous ... Un
bâton brisé émerge, tel un périscope de sous-marin et qui avance ... Intrigué,
je saute à la mer, équipé de mon masque et de mon tuba. Alors je vois : Je vois
une quantité de requins, des petits et des gros, qui font une ronde autour
d’une carangue blessée, une grosse carangue, comme je n’en avais jamais vu au
préalable ! Les requins préparaient l’hallali pour se ruer sur leur proie qui
saignait. Dans le dos de la carangue était planté un harpon, un harpon brisé,
solidement enfoncé. C’était le manche du harpon brisé que nous avions vu
avancer , vertical à la surface de la mer. Le pêcheur nous le montrait.
Trop de requins ... Je les
respecte infiniment ! Je sors de l’eau à la hâte et je grimpe dans mon bateau.
Moteur en avant-lente ... J’approche. Je saisis le manche du harpon. Je sors la
carangue, aidé par mon coéquipier ... Elle pesait cinquante-cinq kilos !
Mais là où les Tahitiens sont
époustouflants, c’est quand ils vous accompagnent à la pêche sous-marine. En
apnée, ils sont capables de rester sous l’eau, allongés sur le fond et ...
d’attendre là que le poisson qu’ils convoitent soit à leur portée. Leurs fusils
sont rudimentaires mais, pendant qu’il vous a fallu, trois ou quatre fois,
remonter à la surface pour respirer, ils ont visé quatre ou cinq poissons
successivement, les ont tous atteints et remontent enfin à la surface avec tous
ces poissons enfilés sur leur flèche comme sur une brochette ! Vous avez, vous,
senti pendant ce temps-là, quatre ou cinq fois vos poumons prêts à exploser!
Il y aurait tant à raconter, à
propos des pêcheurs tahitiens !
Mais écoutez plutôt ce pêcheur
européen, client de l’hôtel voisin. Il a le dos rouge comme une crevette, le
ventre écarlate mais rebondi :
-“Ah ! si vous aviez été là hier
! j’en ai pêché un Grand Comme ça ! “
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