OÙ
ALLONS NOUS ?
-” Ce sont les pareos ! Ils sont tous partis ! “
En commençant ce petit papier, j’étais bien décidé à
éviter le lyrisme et j’étais bien décidé à ne parler
de ce
pays qu’au présent. Va donc ! Tu fais le tour de
l’île, et
c’est toute son histoire qui revient.
Quelque chose dans le paysage, quelque chose qui
n’allait pas ... Depuis ce matin, nous avons cherché
ce
qui n’allait pas avec nos souvenirs.
_”Il y a moins d’hibiscus. C’est vrai qu’il y a moins
d’hibiscus. Ils ont été malades.”
-”Les abords des maisons sont moins soignés. “ C’est
vrai : On ne peut pas transformer tout le monde en
fonctionnaires
et avoir toujours des pelouses soignées.
-” Les maisons de bois sont devenues rares “...
C’est vrai encore : La moindre case éclatait de
couleurs
vives, comme une corole sous les cocotiers.
Actuellement, ce pays manque de peinture.
-”Mais ce n’est pas encore cela ... Ce n’est pas
cela.”
-”Ce sont les pareos qui ont disparu !”
Entendons-nous bien, les filles portent encore le
pareo
dès qu’elles ont quitté leur bureau. Pareos bleus,
rouges,
rouge et bleu,
jaune et blanc ...
-” J’y suis ! c’est vrai ! Tu as raison ! “
Les pareos, naguère, flottaient aux portes et aux
fenêtres, que l’on ne fermait jamais. Le vent
soulevait
ces rideaux multicolores. On apercevait l’intérieur, en plein dans
l’encadrement de l’ouverture : Une table basse,
offerte
à la vue des passants, comme un autel, offrande
marquant l’accueil, décoré de fleurs et de
coquillages,
porcelaines, tritons et “sept doigts”.
On vivait peu dans la maison, mais plutôt dans son
ombre, accroupis sous l’avancée du toit, sur une sorte
d’estrade basse où s’accumulaient les nattes et les
coussins.
Aujourd’hui, fenêtres et portes sont fermées ...
C’est cela qui a tout changé ... À moins que ce ne
soit le
signe que tout a changé !
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire