mercredi 13 février 2019

LE GINKGO BILOBA ....





LE GINKGO BILOBA








 




                   _ " Me permettez-vous, très chère amie, de

 prendre congé ? Je suis engagé pour un rendez-vous

auquel je ne saurais manquer puisque voilà que, pour un

 moment, le ciel a séché ses larmes. C'est un rendez-vous

 très intime, celui auquel je me rendrai. Oh ! Ne craignez

 pas, j'y serai tout plein de vous !





                   







                   _ " Voici plusieurs jours que la pluie ne cesse

 de tomber. Tant et tant il a plu que les ruisseaux

 débordent. Les allées sont inondées. Le merle sautille

 sur la pelouse détrempée. Il vous regarde de côté puis,

au dernier moment, en quatre battements d'ailes, il

 s'éloigne de trois pas. Il lance un trille. En cette fin de

 novembre presque tous les arbres sont déjà nus. Leurs

 écorces noires ou blanches, lisses ou gercées sont toutes

 luisantes . Les rameaux griffent les nuages qui passent

 en troupes pressées. Le parc se prépare à l'hiver. Une

 vieille dame promène son chien qu'elle tient en laisse

 afin qu'il ne se mouille point. Des marrons ont roulé.













                      - " J'ai rendez-vous, voyez-vous, avec un

arbre qui s'appelle Ginkgo- biloba. Permettez- moi d'aller

le retrouver pendant qu'il en est temps encore. Il est

souple, élancé, bien équilibré. On dit qu'il appartient à

une famille très ancienne. Sa généalogie remonterait au

temps des dinausores. C'est un arbre de qualité,

distingué, élégant et riche. On dit que c'est un arbre

 magique et bienfaisant. Il serait enchanteur et

thaumaturge, peut-être un peu sorcier ... 













                    _ " De ce pas, je le vais aller trouver tout au

bout de l'allée des charmes et des bouleaux. Au beau

milieu de la clairière il flambe de tous ses feux, ayant,

seul, gardé son feuillage. Par je ne sais quelle incroyable

 alchimie, il en a transmuté la matière en or fin,

étincelant. Il surgit à la vue d'un seul coup, tout entier,

 haut fuseau incandescent. 













                      _ " Immanquablement on pense à l'arbre de

 la Connaissance du Bien et du Mal, à l'arbre de vie, on

pense au Paradis. On cherche les chérubins. On pense

aussi au Buisson Ardent, lequel se découvrit à Moïse sur

le Mont Sinaï. On l'appelle l'Arbre-aux-Quarante-Écus.

 C'est l'Arbre-aux-Quarante-Mille-Écus qu'il faudrait

dire, et ces écus sont tous d'un or du meilleur aloi ... Ne

 me parlez point d'Esméralda, de ses cymbales, ni de ses

 sequins de cuivre.












                     _ " Voyez-vous, chère, dans le parc, tout au

 bout de l'allée, j'ai rendez-vous avec un arbre prodigieux

 et sybillin tout à la fois. Il porte robe de grand couturier

 brodée d'or. Je dois me presser de l'aller voir car je sais

que demain, d'un seul coup, il aura dépouillé sa chasuble

 incroyable. Il sera nu et ses trésors seront répandus

autour de lui ... Ne viendriez-vous donc pas avec moi lui

 rendre une visite ? "



 

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