mardi 13 janvier 2015

JEAN COCTEAU - ACTUALITÉ



JEAN COCTEAU










        Dites-moi où le bât
vous blesse. Je soignerai la blessure
aux lèvres froides grandes ouvertes
            criant son cri
  J’entendrai la flûte des moelles
     si légère que le squelette
ne tient qu’à un fil à cause
    du sac de sang du sac
    de salive du sac de bile
des sacs mal accrochés à une taille
   de guêpe coupée en deux.
Dites-moi où le bât vous blesse.
J’appliquerai l’ouate la gaze
       Et la croix rose
       Collée dessus.











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                Sérénissime. L’écusson
                       Des meurtres
                       Les animaux
Agenouillés qui pleurent. Les clefs au nombre
                     de sept. La roue
             triangulaire des miracles.
                         La main
        Qui n’en est pas une. L’œil
            Qui n’en est pas un.
         L’écoeurement mortel
             du rêve. La simple
  difficulté d’être. La bohémienne
             endormie. La tour
du  jeu  d’échecs. Son fou
                  libre.







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            Tout l’organisme stupéfait expulse
                    à l’extérieur son liquide
               pour fuir les chemins boueux
                   devenus impraticables.
                      Cela commence
            sous les bras fait des détours
      se perd se regroupe et forme un réseau
                 fluvial d’anatomie
         La débâcle venait des clous rouillés
                                                           broyant    
    Les mécanismes très fragiles d’une usine
 Habituée à travailler la nuit sans
                                                         lumières.
             C’est pourquoi tout le dedans
                       Fuyait dehors
              Cherchant quelque issue.
     Cette eau d’angoisse accrochait à l’angle
          Des corniches un peu vivantes
       Ses gouttes folles de peur qui sautent
           Désespérément dans le vide.











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Un tonnerre de chars à bancs enrubannés
     un tonnerre de grappes d’acacia un
          tonnerre de lit de noces
 qu’on traîne à l’étage au-dessus
     un tonnerre de barricades
     un tonnerre de canonnade
un tonnerre de gens criant : Par là !
         Par là ! Un tonnerre
      D’immeubles pavoisés acclame
               Au ciel un jet
     De sang devenu vin. L’ange Cégeste
      Sonna de la trompette. Et l’ombre
         de l’objet se redressant devint
                      l’objet.


EXTRAITS DE « LA CRUCIFIXION », DE JEAN COCTEAU.

Jaurais voulu vous proposer tout le poème, mais il se trouve qu’il est beaucoup trop long … Dans le contexte de l’actualité française, la lecture de ce poème, si vous le laissez vous imprégner, prend tout sa signification : Ce sont les sens qui parlent, tous ensemble  !
Difficile, sans doute, mais comme un air de musique, pas plus ! ... Une musique grave ...

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