mardi 6 janvier 2015

LA MARIE-JEANNE À LA DÉRIVE






DANS L'OCÉAN INDIEN



                                              (Suite)








                  Mais la Marie-Jeanne n'était pas un bateau à voiles ....

                                Elle n'avait rien qui lui permette de se diriger,

                                 Sinon des équipements de fortune !









La Marie-Jeanne dérive toujours vers le sud-est ... Mon Dieu, que l'océan est grand ! _ On avait réussi à manoeuvrer tant bien que mal, grâce à une voile de fortune.... On avait réussi pendant trois jours à se maintenir en vue de la pointe Capucin, extrémité sud de Mahé .... Depuis longtemps le vent est tombé, la mer est plate ... On avait espéré, pourtant : La direction dans laquelle on allait laissait supposer que l'on passerait près de l'île Frégate située, environ, à une douzaine de kilomètres dans le sud de La Digue ... A une quarantaine de kilomètres de Mahé ... Dire que l'on était parvenu jusqu'à Sainte-Anne, c'est à dire à moins de quatre kilomètres de Mahé, à vol d'oiseau !
Frégate fait partie d'un archipel d'îles hautes, granitiques ... On ne pouvait manquer d'apercevoir son relief ... Eh bien on ne l'aperçoit pas ! Était-on passé trop à l'est ?
Au début, on n'avait pas pris les choses de façon trop tragique, tant on était certain que les amis faisaient le nécessaire pour organiser les recherches : On allait apercevoir un bateau, un avion peut-être ? ... On avait guetté, guetté ... On s'occupait comme on le pouvait, pour meubler le temps, pour essayer de ne pas penser ... On avait plaisanté même, raconté des histoires, des galéjades et des devinettes :

_"Tic tic dans coin Sirons d'âne ! Zan baquette ... "

Aux deux femmes qui avaient peur, les jeunes avaient lancé pour les taquiner :

_" Attention ! Requins y a manze ou ! "































Tous les passagers de la Marie-Jeanne étaient certains que des secours allaient bientôt les tirer de là ... Et puis, on avait quelques vivres ... De quoi durer une dizaine de jours en se rationnant raisonnablement : Il y avait une caisse pleine de manioc, des mangues, des papayes, un giraumon ... Le cuisinier, Noël, préparait ces aliments en faisant de son mieux. Il faisait de petites rations : Savait-on pendant combien de temps on allait dériver sur cet océan ? Antoine réussit à capturer deux petits "fancins", Noël les fit bouillir avec le giraumon.

L'espoir demeurait : On avait quelques vivres et les secours arriveraient certainement bientôt ...

Au bout de dix jours, il ne restait plus rien à manger ... Rien du tout ... Ce qui s'appelle rien de rien ! On aurait bien pêché, mais on n'avait pas de ligne ... Des poissons-volants, de temps en temps, sautaient hors de l'eau ... Mais que faire d'autre que les regarder ... On les regarde ... Pas pour les admirer ... Si seulement quelques uns pouvaient avoir la bonne idée de retomber sur le pont du bateau ... (Cela se voit assez souvent, ces choses-là ! ). Justement, l'un de ces poissons saute, et retombe entre deux sièges ... Selby se précipite et l'empoigne ... Il est tout petit ... On le met en morceaux aussitôt. Un peu plus tard, l'une des deux femmes en attrape un autre.
Deux petits poissons pour dix personnes ... On pense à la multiplication des pains et des poissons dont parle la Bible ... Mais ici, pas de multiplication !

































Un oiseau de mer se pose à l'avant du bateau ... Un oiseau de mer, ce n'est pas un régal ... Mais cela se mange, un oiseau ! ... C'est un "fouquet" _ Ne bougeons plus, faisons silence ... Louis Laurence, le capitaine, s'approche doucement, doucement, sans mouvement brusque, sans aucun bruit ... Chacun retient son souffle ... Vlan! ... Il est pris ! Cris de joie !
Noël plume l'oiseau, le fait cuire et donne à chacun sa part ... Ô! Une bien petite part, mais c'est toujours cela et l'on tiendra plus longtemps grâce à cette nourriture envoyée par le ciel ... Dans les jours suivants, dans les semaines suivantes, on prendra sept autres "fouquets" ... C'est tout ce qu'on aura à se mettre sous la dent pendant les quarante cinq jours qui vont suivre ...

Vous avez bien entendu : J'ai dit quarante cinq jours ... 

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