jeudi 15 janvier 2015

LA MARIE-JEANNE À LA DÉRIVE (SUITE)






DANS L'OCÉAN INDIEN






Mais la Marie-Jeanne n'avait ni mât ni voiles et son moteur était en panne ....





_ XLIV _




Vous qui m'écoutez, que votre attention se maintienne ... Il est important, ici, de ne pas perdre un mot du récit que le conteur vous fait ... Important, car nombreux sont ceux qui ont imaginé des horreurs lesquelles n'avaient aucune réalité : Comme s'il n'y avait pas eu suffisamment d'horreurs dans cette histoire !

Le capitaine Archibald, Commandant du pétrolier Harold Sleigh, le seize avril mille neuf cent cinquante trois, câble, à l'intention de l'agence Reuter, à Londres. Il signale qu'il a trouvé, le quinze avril, un bateau mesurant environ trente cinq pieds de long. Le bateau était en état de naviguer. Il était gréé de voiles de fortune attachées avec des bouts de corde et des lambeaux de tissus. Il y avait à bord une ancre et une chaîne. Il restait à bord une certaine quantité d'eau potable et deux morceaux de pain sec...
Mais le conteur vous a dit, pourtant, tout à l'heure, qu'à la fin de l'odyssée de la Marie-Jeanne, il s'était trouvé des rescapés ... Prêtez bien attention à ce que va dire le conteur maintenant ...




_ XLV _





Le Capitaine Archibald précisait dans son message :
" Nous avons trouvé à bord de ce bateau le corps d'un homme de couleur. Il était couché l'épaule gauche appuyée contre le moteur, les pieds dépassant de la chambre des machines. Il était vêtu d'un pantalon kaki et d'une chemise de couleur sombre. Sa figure et sa tête étaient recouvertes par trois bouts de chiffon ... "






Il faut ici réfléchir un peu : Sur la "Marie-Jeanne", le capitaine du pétrolier ne trouve qu'un seul cadavre ... Que sont devenus les autres passagers ? ... Il devrait y avoir d'autres passagers ...
Sans aucun doute, c'est le corps de Monsieur Corgat que l'on a retrouvé, mais ... 

"... Le cadavre, qui était dans un état de décomposition avancé avait été attaché au bout d'une gaffe, de toute évidence pour être jeté par-dessus bord plus aisément ... Il portait des blessures à la tête, mais elles auraient pu être accidentelles : Il n'y avait aucune trace d'armes par lesquelles elles auraient pu être produites ...

Le capitaine Archibald retrouve donc le corps de Monsieur Corgat, lié au bout d'une gaffe, et portant des blessures à la tête, cependant ... 

" Il n'y avait aucun signe de lutte, même si ... des vêtements étaient éparpillés à travers la chambre du moteur et sur le moteur lui-même ... La blouse que portait le cadavre était tachée de sang "...

_ Ah! Comment se fait-il donc que le capitaine du pétrolier n'ait retrouvé qu'un seul cadavre, et comment se fait-il donc qu'il n'ait retrouvé aucun survivant ? _ Que sont donc devenus le capitaine Louis Laurence et Louis Lavigne ? _ Que sont devenus Antoine Vidot et Selby Corgat ? _ Le conteur vous a bien dit qu'il y avait eu des survivants ...














_ XLVI _


A bord de la Marie-Jeanne, le capitaine du pétrolier "Harold Sleigh" n'avait trouvé aucun survivant. Il n'avait trouvé que le cadavre de Monsieur Corgat ... C'était le 15 avril 1953 et toutes ces précisions étaient contenues dans le message envoyé à l'agence Reuter de Londres le seize avril ...

Après la mort de Monsieur Corgat, les survivants ont essayé de jeter son cadavre à la mer, mais ils n'en avaient plus la force ... Ils ont essayé alors de lier le cadavre à une gaffe pour, saisissant les deux extrémités de celle-ci, tenter de le soulever. Ils ont attaché les deux jambes l'une à l'autre en se servant des lambeaux du tissus qui recouvraient les banquettes ... Ils lui ont passé une ceinture autour de la taille et ont fait glisser la gaffe à l'intérieur des liens ... Ils ont échoué lorsqu'ils ont essayé de soulever le cadavre pour le jeter par-dessus bord : Ils n'en avaient plus la force ! Ils l'ont laissé retomber lourdement à l'intérieur de la cabine. La gaffe, en heurtant le front y a provoqué une marque que l'on a pu confondre avec celle qu'aurait provoqué un coup violent. 




_ XLVII _




Monsieur Corgat est mort. Le corps de Monsieur Corgat a été lié à une gaffe, mais les survivants n'ont pas réussi à le jeter par-dessus bord. 

Il ne reste plus que quatre personnes vivantes à bord de la Marie-Jeanne ... Quatre personnes : Le capitaine Louis Laurence, Selby Corgat, Antoine Vidot et Auguste Lavigne ... Le conteur vous a dit qu'il y avait eu des survivants ... Mais qui a survécu ? 











Le capitaine Louis Lavigne n'a déjà plus tous ses esprits, le conteur vous l'a déjà dit ... Il ne tient debout qu'en s'appuyant au bastingage. Il bredouille des paroles qui n'ont pas de sens ... Il inquiète ses compagnons car il est pris d'une hilarité intempestive et incompréhensible ... On comprend seulement que, parmi toutes ces paroles insensées, il y des regrets, des angoisses : Louis Lavigne pense à son épouse et à ses enfants ... Il a un grand fils qui habite chez une tante : Il charge ses compagnons de le prier d'être maintenant, à sa place, le soutien de la famille ... Son heure va sonner ... Il va bientôt mourir ...

Le capitaine Louis Lavigne déraisonne ... Il va bientôt mourir ... Mais auparavant il aura vu mourir Auguste, qui délirait depuis plusieurs jours ... Leurs deux cadavres, moins lourds que celui de Monsieur Corgat, seront glissés à la mer à l'aide d'une planche ...

Il n'y a plus que deux survivants sur la Marie-Jeanne ... Il n'y a plus qu'Antoine Vidot, le mécanicien et Selby Corgat , deux jeunes-gens ...

Conservez au récit du conteur votre plus grande attention car vous n'en avez pas fini avec les interrogations et les surprises ...



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