APRÈS
AVOIR
ENCORE SOUFFERT DE
LA SOIF …
La lame ayant jetté au plein le reste de
leurs effets, ils les ont tous
ramassés en mauvais état mais avec peu de
pertes. Tout le monde à
terre, après avoir encore souffert la soif
pendant deux jours, à force
de chercher on a trouvé de l'eau dans une
mare pleine de tortues qui
la rendaient détestable mais excellente pour
le moment.
On s'en est servi pour boire et pour faire
cuire les tortues et les
oiseaux dont ils ont vêcu l'espace de près
d'un mois.
Ennuyés de cette vie et de cette nourriture
toute de viande et voyant,
sans les connaître, des îles plus
considérables qui,
vraissemblablement devaient donner de plus
grands secours, à la
pluralité des voix, on s'est déterminé à
faire un cati _ maron dans
l'espérance de pouvoir joindre quelqu'une de
ces isles , mais, n'ayant
ni hâches ni herminettes, enfin aucun
instrument tranchant qu'un
mauvais couteau, tout ayant été perdu dans
le naufrage, on n'a pu
faire, au lieu d'un véritable cati _ maron
qu'un assemblage de
cinq gros morceaux de bois des débris du
tonnie, semblable à un
mauvais rât ,( mot illisible ) long, qui
surnageait si peu que les sieurs
Coutous et Crambre ( ? ) qui ont eu le courage
d'entreprendre le
voyage de cette isle à celle de Seychelles
étaient sur ce rât dans l'eau
jusqu' à la moitié du corps.
Ces deux messieurs, pleins d'intrépidité et
d'espérance de trouver un
soulagement à leur misère et d'en procurer à
leurs infortunés
compagnons ont donc entrepris le voyage le
dimanche matin
premier février avec trois lascars, sans
vivres, sans eau douce, avec
une mauvaise voile et trois mauvaises
pagayes faittes de bouts de
planches des débris du tonnie et ont attrapé
par le plus grand hazard
vers les trois ou quatre heures du matin la
pointe du Nord de l'île
Sainte _ Anne dont heureusement le récif les
a pris et les a jetés
dedans en leur faisant un chapeau de leur
rât, ayant attrapé comme
ils ont pu l'établissement du sieur Hangard,
ils s'y sont reposés et on
les a remis à Seychelles vers deux heures
après midi : Ces messieurs
m'ayant instruit du sort de leurs compagnons,
j'ai expédié le soir
même deux pirogues des habitants pour aller
chercher les pauvres
naufragés qui, craignant que les navigateurs
du cati _ maron
n'eussent péri, se croyaient encore une fois
sans ressources.
A Seychelles, le 1_ Xbre. 1789. Gillot
(
Document recueilli de l'original,conservé aux Archives Nationales
des
Seychelles. _ On a conservé l'orthographe et la ponctuation de
son
auteur : Antoine Gillot, Commandant des îles Seychelles _
Ces
documents, très abîmés par acidification du papier ont été
restaurés
mais certains mots demeurent illisibles à jamais. )
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