vendredi 16 juin 2017

APRÈS AVOIR SOUFFERT DE LA SOIF ...




    APRÈS AVOIR

ENCORE SOUFFERT DE         

           LA SOIF …













La lame ayant jetté au plein le reste de leurs effets, ils les ont tous

ramassés en mauvais état mais avec peu de pertes. Tout le monde à

terre, après avoir encore souffert la soif pendant deux jours, à force

de chercher on a trouvé de l'eau dans une mare pleine de tortues qui

la rendaient détestable mais excellente pour le moment.

On s'en est servi pour boire et pour faire cuire les tortues et les

oiseaux dont ils ont vêcu l'espace de près d'un mois. 







Ennuyés de cette vie et de cette nourriture toute de viande et voyant,

sans les connaître, des îles plus considérables qui,

vraissemblablement devaient donner de plus grands secours, à la

pluralité des voix, on s'est déterminé à faire un cati _ maron dans

l'espérance de pouvoir joindre quelqu'une de ces isles , mais, n'ayant

ni hâches ni herminettes, enfin aucun instrument tranchant qu'un

mauvais couteau, tout ayant été perdu dans le naufrage, on n'a pu

faire, au lieu d'un véritable cati _ maron qu'un assemblage de

cinq gros morceaux de bois des débris du tonnie, semblable à un

mauvais rât ,( mot illisible ) long, qui surnageait si peu que les sieurs

 Coutous et Crambre ( ? ) qui ont eu le courage d'entreprendre le

voyage de cette isle à celle de Seychelles étaient sur ce rât dans l'eau

jusqu' à la moitié du corps. 



















Ces deux messieurs, pleins d'intrépidité et d'espérance de trouver un

 soulagement à leur misère et d'en procurer à leurs infortunés

compagnons ont donc entrepris le voyage le dimanche matin

premier février avec trois lascars, sans vivres, sans eau douce, avec

une mauvaise voile et trois mauvaises pagayes faittes de bouts de

planches des débris du tonnie et ont attrapé par le plus grand hazard

vers les trois ou quatre heures du matin la pointe du Nord de l'île

Sainte _ Anne dont heureusement le récif les a pris et les a jetés

dedans en leur faisant un chapeau de leur rât, ayant attrapé comme

ils ont pu l'établissement du sieur Hangard, ils s'y sont reposés et on

les a remis à Seychelles vers deux heures après midi : Ces messieurs

 m'ayant instruit du sort de leurs compagnons, j'ai expédié le soir

même deux pirogues des habitants pour aller chercher les pauvres

naufragés qui, craignant que les navigateurs du cati _ maron

n'eussent péri, se croyaient encore une fois sans ressources. 








A Seychelles, le 1_ Xbre. 1789. Gillot 






 







( Document recueilli de l'original,conservé aux Archives Nationales

des Seychelles. _ On a conservé l'orthographe et la ponctuation de

son auteur : Antoine Gillot, Commandant des îles Seychelles _

Ces documents, très abîmés par acidification du papier ont été


restaurés mais certains mots demeurent illisibles à jamais. )

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