vendredi 9 juin 2017

ESCLAVAGE ET PEUPLEMENT DES SEYCHELLES ...




L ' UNE DES CLÉS POUR

 COMPRENDRE 


LE PEUPLEMENT DE

                         L'ARCHIPEL

( LA CHASSE AUX

MARCHANDS

                     D'ESCLAVES )








 






_ Les lettres dont la traduction figure ci-dessous ont été écrites de

 Zanzibar par le Capitaine du H.M.S. WASP à son épouse, en 1865.

Leur auteur devait devenir l'Amiral Cornish _ Bowden. Elles ont été

publiées par le " TIMES " en date du 18.04. 1964. 













_ " La nuit dernière, j'entendis raconter qu'un navire se préparait à

appareiller avec un chargement d''esclaves. Je donnai des ordres pour

 armer la chaloupe et le canot. 




La chaloupe aperçut un dow, ouvrit le feu dans sa direction et se

prépara à l'aborder. Le dow, manoeuvrant ses voiles, courut sur elle

et emporta son mât. Le Lieutenant Théobald reçut un coup de lance

au poignet et un pauvre homme fut tué. Ils nous repoussaient avec

des lances de bambou. Le Lieutenant Rising, avec le canot, l'aborda

par l'arrière. Après une résistance acharnée, les Arabes sautèrent

par-dessus bord et s'éloignèrent dans une embarcation, à l'exception

 de treize d'entre eux qui restèrent à bord. Ils laissaient trois morts. 






Il paraît que ce pauvre Rising avait bondi au-milieu de la mêlée avec

beaucoup de courage, mais sa main gauche avait été quasiment

sectionnée à hauteur de l'articulation. Il avait également été blessé

au cou, d'un revers de sabre. 



































C 'est le canot que nous avons vu revenir le premier, avec le pavillon

 en berne. A son bord, il y avait ce pauvre New, mort. Rising ne

pouvait plus bouger, il était couvert de sang, mais il n'avait pas perdu

 conscience. 






Je fis donner la vapeur aussitôt et je ramenai le dow à la remorque

jusqu'au port. Aussitôt arrivé, je me rendis à son bord : Il était bourré

 d'esclaves, qui étaient aussi serrés que des abeilles dans un essaim.

Il n'était pas étonnant que mes hommes aient été abattus sur ce pont

 : Ils avaient été obligés de se battre en se tenant debout comme ils le

 pouvaient, juchés sur les corps. 
























Nous avons compté deux cent quatre-vingt-neuf esclaves :

Des femmes et des fillettes, pour la plupart. On nous dit que

plusieurs, effrayés, avaient sauté par-dessus bord. 




























14 MAI : _ Je suis allé rendre visite au Sultan. Je lui ai dit ce que je

pensais, aussi fermement que possible. Le Sultan acquiesçait à tout

ce que je lui demandais et, après avoir reçu la lettre que je lui avais

fait porter, il avait fait saisir deux cent cinquante esclaves qui avaient

 été rassemblés par les Arabes pour un nouveau chargement. 














Lorsque je lui dis que je souhaitais ne restituer ni les esclaves, ni le

bateau, il mit le tout à ma disposition et , comme je lui demandais de

 punir les prisonniers arabes, ils me répondit que je pouvais en faire

ce que je voulais : Je pouvais les pendre ou en faire ce qui me

conviendrait. Je refusai cette responsabilité et je m'efforçai de lui

faire comprendre que c'était à ses propres lois qu'ils avaient

contrevenu. Il était si brutal que je ne pouvais me permettre d'avoir

avec lui, ne serait-ce que l'apparence d'une dispute. 




























Dès que mes esclaves seront capables de tenir le coup, je ferai la

traversée vers les Seychelles avec eux. Le temps pluvieux me pose

des problèmes pour leur logement à bord. Aujourd'hui, j'en ai cent

quatre-vingts et il faut trouver une solution, surtout pour les plus

affaiblis et pour les petits enfants. 



Dès leur arrivée à bord, on les a mis dans des baquets et les hommes

d'équipage les ont lavés avec du savon mou. Pendant qu'on les lavait,

 je me suis aperçu que beaucoup d'entre eux avaient de petites plaies.

Ils sont très heureux, maintenant qu'on leur a dit qu'ils ne seraient

 plus jamais esclaves. 

































23 MAI _ : Je suis tout près des Seychelles. Dès demain je serai au

mouillage là-bas. Dieu merci, nos blessés vont bien, ( On a amputé la

main de ce pauvre Rising, à l'exception du pouce et du petit doigt.

Il est affreusement faible, mais il tient bien le coup. J'ai essayé de le

réconforter en lui disant qu'il allait avoir une promotion ... Je l'espère

 d'ailleurs, et je sens que je peux rédiger un excellent rapport en sa

faveur.) 




Vous pouvez imaginer dans quel état nous nous trouvons : Depuis le

mât de misaine jusqu' à l'arrière, le pont n'est qu'un hôpital. Le reste

du navire est un enclos à esclaves. Dans l'ensemble, ils se comportent

 bien mais maintenant qu'ils ont surmonté leur peur et leur

mal-de-mer ils font grand bruit ! 

















Nous avons eu quatre morts ... Pauvres êtres! _ Je ne peux pas les

mettre dans la cale : Ils sentent trop fort! _ Tous les matins nous les

lavons dans de grands baquets, en les arrosant au jet : Je pense qu'ils

 n'ont jamais été aussi bien lavés ! Plusieurs d'entre eux sont

couverts de crow-crow, la gale africaine. . Je crois d'ailleurs que, plus

ou moins, tous en ont. 

L'armurier et le forgeron ont fabriqué tout un appareillage en fer, qui

 encercle le crâne de Rising et sa poitrine, afin de tenir sa tête droite ... 













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