RECORD ABSOLU ... !



UN RECORD HISTORIQUE ABSOLU.. CAPITULATIONS
ET CHANGEMENTS DE DRAPEAUX ...
Seize capitulations successives ! _ C'est un
record sans doute ... N' est-ce pas ? _ " Envoyez les couleurs!" _ " Amenez ! "
Et c'est le même homme qui a signé toutes
ces capitulations, dans le
même pays : Les Seychelles ... Et devant le
même adversaire :
L ' Anglais. Autant dire que, de mille sept
cent quatre-vingt quatorze
à mille huit cent onze, le pavillon
français et l ' Union-Jack n'ont
cessé de monter et de descendre
alternativement au mât de
l ' "Etablissement du Roi" ! _ Autant dire qu' en ces dix-sept années, le
pavillon britannique a
flotté chaque fois que passait un navire
britannique, remplacé par le
pavillon tricolore dès que disparaissait le
visiteur. _ Du reste, si le
Capitaine Newcome avait, le premier,
recueilli la capitulation des
Seychelles, le dix-sept Mai mille neuf cent
quatre-vingt-quatorze, le
Commandant des îles n'avait pas changé :
C'était toujours
Jean-Baptiste Quéau de Quincy, gentilhomme
et Capitaine du
Régiment de Pondichéry, ancien écuyer de
Monsieur, frère du Roi
de France.

_ Première capitulation le dix sept Mai
mille sept cent quatre-vingt- quatorze, donc, sous la menace des cent
soixante canons de quatre
vaisseaux ... Le pavillon français remonte au mât dès le
premier Juin. _ Deuxième capitulation le vingt et un Août
mille huit cent un,
devant les bouches à feu de la
"Sybille",qui venait d'amariner la
Frégate française "La Chiffone". _
Capitulation encore, et encore
capitulation ... Les drapeaux se succèdent
en haut du mât. Pour un
peu, les Seychelles seraient devenues un
condominium
franco-britannique ! ... On se les partage
sans l'autorisation des
métropoles ! _ Les métropoles, elles, ne se satisfont pas
toujours de ce manège ...
Ainsi, en septembre mille huit cent quatre,
Monsieur de Quinssy
capitule encore, devant le Capitaine Wood
cette fois, commandant
le " Concorde". Mais ... Par
inadvertance sans doute, ( L'habitude
précipite les réflexes conditionnés ! )
Quéau de Quinssy bouscule un
peu les choses : Il capitule ... Avant qu'on
le lui demande ! ...
Nouvel échange de pavillons !
_ Le Général Decaen, Gouverneur-Général,
depuis l'Ile-de-France
sermonne le Commandant des Seychelles, et
rappelle qu'il ne faut
point tant se presser.

_ " Il est évident que la Colonie ne
peut être défendue ... Néanmoins,
si Messieurs les Anglais veulent s'emparer
des Seychelles, ils
devront y mettre les formes. Tant qu'ils
n'auront pas effectué une
prise de possession officielle, le pavillon
français devra flotter en
haut du mât ... Chaque fois que ... Les
Anglais ne seront pas là ! " ... En substance, c'est ce qu'écrit le
Général et, croyez-nous, un
Général, ça s'y connaît ! _ " Donc, ne vous hâtez point trop
quand vous capitulez ... Il y va de
l'honneur de la patrie !

_ On ne détourne pas le cours de l'Histoire
: Le drapeau français a
fini par rester en bas du mât. Les forces navales anglaises croisent entre
les Seychelles, Tromelin,
la côte malgache et les Mascareignes. Elles
prennent possession de
Rodrigues en mille huit cent neuf. Le sept Juillet mille huit cent dix, c'est
La Réunion qui est prise et le trois Décembre de la même année, c'est le
tour de l' Ile-de-France.
Les Seychelles deviennent britanniques,
puisque le Gouverneur- général français ne gouverne plus rien du
tout. _ Plus de Gouverneur : Plus de Gouvernement
... Le Général
Decaen regagne sa bonne ville de Caen, dans
sa Normandie.

Le vingt et un Avril mille huit cent onze
arrive le "Nissus" et, à son
bord, le premier fonctionnaire britannique.
_ L' Union _ Jack flotte
sur les Seychelles. _ C'était le courant de
l'Histoire ... Il est probable
que Quéau de Quinssy l'avait pressenti ...
Tout comme Decaen ...
Chacun tirant ses propres conclusions. _ Donc, en mille huit cent quatre, emporté
par ses réflexes et sa
précipitation, de Quinssy baisse son
pavillon. Il se fait sermonner.
L'année suivante, la frégate le "
Duncan", sous pavillon de prise,
mouille dans le port de Mahé. Le bâtiment l'
"Emélie", une de ses
prises, armée en guerre, contourne l'île. Il
trouve, près l'île Thérése
le "Courrier des Seychelles" avec
une traite de cent soixante-dix noirs. Il
l'amarine. Mais les cent soixante-dix noirs ont eu le temps de se
cacher. On les recherche. L' Anglais met cinquante hommes à terre, qui
dévastent l'habitation
des sieurs Blin et Dupont, propriétaires du
"Courrier des Seychelles". Le brick le "Sirius", venant de
Madagascar, arrive au mauvais
moment : On le canonne ... Il perd sa mâture
et son gréement.
Le lendemain, on brûle la goëlette la "
Rosalie", de trente tonneaux. Au bout de cinq jours de présence, le
"Duncan", l'Emélie" et le
"Courrier des
Seychelles"appareillent et reprennent le large...

_ "Sans avoir arboré le pavillon
anglais ni témoigné la moindre
envie de prendre possession de ces îles...
", écrit le Général Decaen,
rendant compte à Son Excellence Monsieur le
Ministre de la Marine
et des Colonies, à Paris. _ Merveille des
rapports administratifs et
militaires ! ... inimitable saveur des
styles ! _ " Ce départ sans prise de possession
laisse les choses sur le pied où il me
paraît naturel qu'elles soient, c'est à dire que toutes les fois
qu'un bâtiment de l'Empire (C'est de
l'Empire français qu'il s'agit,
cela va sans dire ... ), paraîtra dans
quelqu'une des rades de cet
archipel, le pavillon français doit y
flotter à moins d'une prise de
possession de la part de l'ennemi qui,
alors, pourrait donner lieu à
une attaque proportionnée aux forces qui y
auraient été laissées pour garder la conquête ..." _ Ah ! Mais ! ... Ce n'est pas pour rien que
Corneille, Nicolas Morphey , commandant la frégate le "Cerf"
a déposé à Mahé une pierre de
granit gravée aux Armes de France ... Il est
vrai que c'était le premier Novembre mille sept cent cinquante six et que
les Armes de France
portaient alors trois fleurs de lys, le
Cordon du Saint-Esprit et la
couronne royale ... Le pavillon était blanc
et l'on tirait le canon en
criant : _ " Vive le Roi" ! ( Références : A.A.Fauvel : Unpublished
Documents on the
History of Seychelles Islands. Lettres du Général Decaen à Son
Excellence,
Monsieur le Ministre de la Marine et des Colonies.
Ile-de
France, an 14 .... Soit le 6 Décembre 1806. )
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