vendredi 23 juin 2017

LA NAUFRAGE DU SAINT ABBS (SUITE )



    LE NAUFRAGE
            DU
 SAINT ABBS

                     (suite)















_"Mais, alors que je veux gagner la partie

émergée du récif, le ressac, à ma profonde

horreur, me balaie et me tire en arrière.


Au moment où je relève la tête, une cage à poules

 passe, manquant heurter mon crâne de très peu.

.. Elle s'échoue dans une anfractuosité du récif ...

 Je l'agrippe et je m'y cramponne, jusqu'à ce que

je sois moi-même projeté sur la partie émergée

du récif ... Ma main rencontre alors la main

amicale du Français Bouche. Presque aussitôt

après moi, Massey, le charpentier du bord, et un

matelot Hollandais nommé Harry réussissent la

traversée et nous rejoignent. Tous les quatre,

nous nous mettons à la recherche de l'espar ...

 sans le trouver ... Puis nous recherchons le canot

 ... Il est encastré entre les rochers et nous ne

pouvons pas le sauver.

Nous y trouvons cependant quelques outils de

charpentier et un sac de clous.



_" La marée monte rapidement. Nous devons

nous hâter pour gagner l'île. Nous enveloppons

nos pieds nus pour pouvoir marcher sur le corail

 coupant qui nous blesse à chaque pas.



C'est de justesse que nous parvenons jusqu'au

rivage ... Moi qui suis le dernier, je suis obligé de

 nager sur les derniers mètres pour atteindre le

sable ... Je porte toujours mon sac de clous.

Je me traîne jusqu'en haut de la plage ...

Je souffle un peu, j'enlève mes pantalons et je

les étends au soleil pour les faire sécher ...

J'aurais mieux fait de n'en rien faire : L'un des

hommes se les approprie et je reste en caleçons

de flanelle, avec un mouchoir sur la tête ! ...

Voilà un costume léger, parfaitement adapté au

climat tropical ! ...

Le seul problème, c'est le soleil, qui me brûle les

bras et les jambes jusqu'à y provoquer des

cloques et des plaies douloureuses. 





_"Nous voici six survivants du Saint-Abbs,

rassemblés sur l'île Bird. Il y a le Capitaine,

le charpentier, trois matelots et moi ...


De tous les passagers, je suis le seul rescapé. 

_" L'île sur laquelle nous avons débarqué est un

misérable crachat de sable, bas, dont le diamètre

 mesure peut-être en tout et pour tout un

demi-mille ...




_" Des multitudes d'oiseaux de mer nichent ici.

 Immobiles sur leurs oeufs, ils couvrent toute

la surface de l'île. Quant on passe près d'eux ils

ouvrent le bec tout grand et ils crient. On est

presque obligé de les chasser de son chemin à

coups de pied. Curieux spectacle !




_"Cette nuit-là, nous nous étendons sur le sable

cru et nous y dormons à la belle étoile,

inconscients de la tragédie qui se poursuit

au-milieu des vagues rugissantes. 




_" Le dix sept juin au matin, le jour nous

découvre de bien tristes choses ...




_" Le Saint-Abbs s'est brisé. Seule la proue est

encore visible sur les écueils. Elle est dressée,

presque à la verticale ... Sous le vent, nous

distinguons trois hommes ...

Ils sont cramponnés à une grande planche du

Pont. Je saurai que l'un de ces hommes a atteint

 un îlot rocheux. Il y est mort ... de faim,

probablement.





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