jeudi 15 juin 2017

SANS VOILES ET SANS RESSOURCES ....

SANS VOILES ET SANS

     RESSOURCES …







Etant donc sans ressources, ni l'espérance d'une côte , puisqu'ils

n'avaient ni eau ni vivres, ni instruments de marine et que tous les

jours leurs noirs mouraient de faim et de soif, ils se sont accordés à

diriger leur route sur les Maldives par le moyen d'un mauvais

compas de route et d'une mauvaise et informe carte, croyant qu'ils

n'en étaient pas éloignés. Tellement était si (mot illisible ), qu'un des

 mariniers se jeta à la mer de désespoir et qu'un autre, peu de jours

après, se pendit ; beaucoup de gens d'ailleurs mourant tous les jours,

 les autres jeûnant la faim et la soif , étant réduits à boire de l'eau de

mer et leur urine, n'ayant pour toute nourriture que du poisson qu'ils

 prenaient de temps en temps et qu'on faisait sécher au soleil ( ce qui

 les rendait rouges comme du sang et leur causait de violents maux

de tête. ) N'ayant d'eau douce que lorsqu'il tombait de la pluye, qu'ils

 ramassaient soigneusement ayant resté plus d'une fois deux, trois,

quatre et cinq jours sans boire ni manger. 









La quantité d'oiseaux de toute espèce et surtout des goélettes

blanches dont examinèrent le coucher (mot illisible ) de la pleine

lune de Janvier leur rendit leur courage et ( mot illisible ) la

direction des oiseaux qui portait au Sud-Ouest , route qu'ils s' étaient

 proposés de suivre jusqu'au lendemain matin mais, vers minuit, à la

lueur de la lune, ils aperçurent un haut- fond de roches et de corail.

On sonda aussitôt, la voile dehors, et on a trouvé six brasses d'eau,

ils ont amené la voile sur le champ et sondé derechef, trouvé sept

brasses , ils se sont disposés à préparer une ancre pour mouiller,

resondé de nouveau, trouvé treize brasses, par lequel fond ils ont

mouillé. 















Le câble ayant été coupé par les coraux vers les quatre heures du

matin, peu après ils ont resondé sans fond et se sont laissé aller en

dérive au vent et au courant jusqu'à que le temps, qui était chargé et

couvert d'un grain fort épais , qui ne s'est dissipé que vers les huit

heures du matin , se fut bien éclairci. Alors ils approchèrent, sans la

connaître, l'île de Silhouette, droit au Nord. Ils s'en étaient alors

éloignés de dix huit lieues environ, et firent route dessus.

Etant arrivés par son travers vers sept heures du soir, et ne voyant

aucun endroit propre à mettre à terre, ils se sont déterminés à aller

mouiller vis à vis une grande anse de sable qu'on voyait sur l' isle du

Nord, que personne ne connaissait et où ils ont mouillé par les quatre

 à cinq brasses, vers les huit heures du soir. 












Le tonnie étant mouillé, du bord on aperçut au clair de la lune des

 tortues sans nombre, qui montaient à terre ; la faim et la soif

poussant fortement tous ces infortunés et n'ayant à bord du tonnie

aucun petit bateau pour descendre à terre, les sieurs Gomez et

Guillot prirent le parti de se jeter à la nage pour tâcher de procurer à

tout le monde les premiers secours. 













Ces messieurs, ayant manqué de se noyer en allant à terre sont restés

 toute la nuit sur l'île et les autres à bord, sans pouvoir se

communiquer. Au jour, ceux de terre ont fait de leurs mains une

espèce de cati-maron pour tâcher d'aller à bord porter quelques

secours à leurs camarades, mais la mer étant trop mauvaise, ils n'ont

pu s'en servir : le tonnie ayant beaucoup fatigué toute la nuit sur son

câble, qui s'est trouvé coupé par les coraux vers les neuf heures du

matin s'est jeté au plein le jour de la pleine lune en Janvier et s'est

aussitôt rompu en deux, de manière cependant que tout le monde

s'est heureusement sauvé avec une partie de leurs effets. 

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