SANS VOILES ET SANS
RESSOURCES …
Etant donc sans ressources, ni l'espérance
d'une côte , puisqu'ils
n'avaient ni eau ni vivres, ni instruments
de marine et que tous les
jours leurs noirs mouraient de faim et de
soif, ils se sont accordés à
diriger leur route sur les Maldives par le
moyen d'un mauvais
compas de route et d'une mauvaise et informe
carte, croyant qu'ils
n'en étaient pas éloignés. Tellement était
si (mot illisible ), qu'un des
mariniers se jeta à la mer de désespoir et qu'un
autre, peu de jours
après, se pendit ; beaucoup de gens
d'ailleurs mourant tous les jours,
les
autres jeûnant la faim et la soif , étant réduits à boire de l'eau de
mer et leur urine, n'ayant pour toute
nourriture que du poisson qu'ils
prenaient de temps en temps et qu'on faisait
sécher au soleil ( ce qui
les
rendait rouges comme du sang et leur causait de violents maux
de tête. ) N'ayant d'eau douce que lorsqu'il
tombait de la pluye, qu'ils
ramassaient soigneusement ayant resté plus
d'une fois deux, trois,
quatre et cinq jours sans boire ni
manger.
La quantité d'oiseaux de toute espèce et
surtout des goélettes
blanches dont examinèrent le coucher (mot
illisible ) de la pleine
lune de Janvier leur rendit leur courage et
( mot illisible ) la
direction des oiseaux qui portait au Sud-Ouest
, route qu'ils s' étaient
proposés de suivre jusqu'au lendemain matin
mais, vers minuit, à la
lueur de la lune, ils aperçurent un haut-
fond de roches et de corail.
On sonda aussitôt, la voile dehors, et on a
trouvé six brasses d'eau,
ils ont amené la voile sur le champ et sondé
derechef, trouvé sept
brasses , ils se sont disposés à préparer
une ancre pour mouiller,
resondé de nouveau, trouvé treize brasses,
par lequel fond ils ont
mouillé.
Le câble ayant été coupé par les coraux vers
les quatre heures du
matin, peu après ils ont resondé sans fond
et se sont laissé aller en
dérive au vent et au courant jusqu'à que le
temps, qui était chargé et
couvert d'un grain fort épais , qui ne s'est
dissipé que vers les huit
heures du matin , se fut bien éclairci.
Alors ils approchèrent, sans la
connaître, l'île de Silhouette, droit au
Nord. Ils s'en étaient alors
éloignés de dix huit lieues environ, et
firent route dessus.
Etant arrivés par son travers vers sept
heures du soir, et ne voyant
aucun endroit propre à mettre à terre, ils
se sont déterminés à aller
mouiller vis à vis une grande anse de sable
qu'on voyait sur l' isle du
Nord, que personne ne connaissait et où ils
ont mouillé par les quatre
à
cinq brasses, vers les huit heures du soir.
Le tonnie étant mouillé, du bord on aperçut
au clair de la lune des
tortues sans nombre, qui montaient à terre ;
la faim et la soif
poussant fortement tous ces infortunés et
n'ayant à bord du tonnie
aucun petit bateau pour descendre à terre,
les sieurs Gomez et
Guillot prirent le parti de se jeter à la
nage pour tâcher de procurer à
tout le monde les premiers secours.
Ces messieurs, ayant manqué de se noyer en
allant à terre sont restés
toute
la nuit sur l'île et les autres à bord, sans pouvoir se
communiquer. Au jour, ceux de terre ont fait
de leurs mains une
espèce de cati-maron pour tâcher d'aller à
bord porter quelques
secours à leurs camarades, mais la mer étant
trop mauvaise, ils n'ont
pu s'en servir : le tonnie ayant beaucoup
fatigué toute la nuit sur son
câble, qui s'est trouvé coupé par les coraux
vers les neuf heures du
matin s'est jeté au plein le jour de la
pleine lune en Janvier et s'est
aussitôt rompu en deux, de manière cependant
que tout le monde
s'est heureusement sauvé avec une partie de
leurs effets.
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