samedi 24 juin 2017

LE NAUFRAGE DU SAINT ABBS (SUITE)





LE NAUFRAGE DU SAINT ABBS (SUITE)










_"Après avoir débarqué, nous avons tout notre

temps pour explorer notre environnement.

C'est un tout petit îlot, très bas, rond et

sablonneux. Il émerge de très peu au-dessus de

la mer ... Il est évident que nous n'avons aucune

chance d'y trouver une source ... Au sud-ouest,

il y a quelques buissons rabougris. Ils ne

suffisent pas à nous protéger du soleil mais c'est

auprès d'eux que nous établissons notre camp. 

_" Nous ignorons notre position exacte.

Nous savons pourtant que nous nous trouvons

dans la zone des alizés ... Par conséquent, nous

avons très peu de chances d'avoir de la pluie.

La mousson du sud-ouest, plus au nord, souffle

sur les côtes de l'Inde, chargée de lourdes pluies

                       ... Par contre, nous n'avons aucune

préoccupation en ce qui concerne la nourriture :

Nous n'avons qu'à nous baisser pour ramasser

les oiseaux et leurs oeufs !













       _"Ces oiseaux appartiennent tous à la même

espèce ... Ce sont des sternes je pense, car les

fous sont plus gros. D'ailleurs, nous trouverons

aussi des fous, plus tard ... Ils perchent sur les

arbustes les plus gros de Juan-de-Nova.

Nous en mangerons également.

_" Le manque d'eau ... C'est là que se trouve le

danger le plus pressant ... Il est à l'origine de

nos plus grandes souffrances. La cargaison du

Saint-Abbs était constituée en grande partie de

spiritueux, de bière et d'huile. Il y avait aussi des

 coupons de tissu. C'est grâce à tout cela que

nous pouvons survivre. Depuis que la coque du

bateau a commencé à se disloquer, les caisses de

 provisions s'échouent les unes après les autres

sur le récif de corail et beaucoup s'y brisent. Leur

 contenu, boites et bouteilles, peut alors être

récupéré dans les creux des rochers ...

Dès que nous nous en rendons compte, nous

commençons à chercher sur le récif, à marée

basse et à transporter sur l'île tout ce qui est

mangeable ou buvable ... Nous collectons ainsi

une petite quantité de vinaigre, d'huile, de

confitures, d'olives et même quelques précieuses

 bouteilles de Champagne ! Avec les pots et les

bocaux de confiture, nous constituerons notre

batterie de cuisine, dès que nous aurons réussi à

 faire du feu. Au début, et pour longtemps encore

, nous n'avons ni feu ni eau. Nous sommes

obligés de dévorer tout crus les oiseaux et leurs

oeufs. C'est très peu appétissant car les oiseaux

ont un goût de poisson et de rance ...











_" Nos journées sont très monotones.

Au petit matin nous partons ramasser quelques

oiseaux et des oeufs. Nous les mangeons crus,

arrosés d'un liquide quelconque, choisi parmi

ceux dont nous disposons. La distribution se fait

 en parts égales. Parfois il s'agit de brandy,

parfois de vinaigre, d'huile encore ... Un peu de

champagne les jours de chance ...

Les fourrageurs vont jusqu'au récif et ramassent

ce qu'ils trouvent. Pour ma part, il m'est

impossible de participer à ces expéditions car la

plante de mes pieds est déchiquetée par les

blessures et chaque pas m'est une torture ...

Je suis donc délégué à l'approvisionnement ...

J'erre aux alentours, je ramasse des oeufs en

choisissant ceux qui, bien que n'étant pas

fraîchement pondus, sont encore bons à

consommer. Je m'occupe en faisant des fagots

de bois sec, dans l'espoir que nous pourrons

faire du feu un jour ... Au retour de mes

camarades, nous mangeons les oeufs et puis

nous faisons une autre distribution de liquide ...

Nous buvons dans une noix de coco ramassée

quelque part. 











_" Je peux t'affirmer que le brandy, le vinaigre

et l'huile n'étanchent pas la soif, bien qu'ils

mouillent les lèvres ... Ils l'aggravent plutôt ! ...

Nos souffrances augmentent donc sans cesse ...

Il nous faut de l'eau !



_" Quelques jours plus tard, notre sort

s'améliore un peu : Nous réussissons à faire du

feu ! Nous utilisons pour cela une lentille de

longue-vue trouvée au fond d'une poche et dont

nous nous servons comme d'une loupe.

A partir de ce moment, nous ne laisserons

 jamais notre feu s'éteindre et nous l'utiliserons

pour cuire nos aliments. 













_" Nous ramenons du récif quelques grands

morceaux de tissu, puis deux énormes espars ...

Nous cousons les morceaux de tissu entre eux :

Ils servent à nous abriter pour la nuit. Les espars

 nous serviront à fuir Bird, échappant ainsi à une

 mort de soif certaine ... Avec mon sac de clous,

 j'ai également ramené quelques outils de

charpentier. Il est donc possible maintenant de

construire un radeau rudimentaire. Le résultat

de notre travail n'est ni merveilleux ni très fiable,

 mais nous allons utiliser ce radeau pour

traverser jusqu'à Juan-de-Nova avec quelques


provisions ...

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