mercredi 7 juin 2017

LE TOUT PREMIER DÉBARQUEMENT AUX SEYCHELLES ... 1609.



LE TOUT PREMIER DÉBARQUEMENT AUX ILES 


SEYCHELLES :

JOURNAL DE BORD DU

CAPITAINE 

ALEXANDER SHARPEIGH ...
1609.


( traduction du journal de bord

de John Jourdain _

Société Hakluyt. )






19 janvier 1609




Aux environs de neuf heures du matin, nous aperçumes une terre

haute, qui s'étendait de l'Est au Sud. A trois heures de l'après-midi,

nous distinguâmes d'autre îles, qui nous semblèrent être au nombre

de quatre. Au soir, elles apparaissaient du Nord à l'Est, à quelque

cinq lieues de nous. Nous laissâmes les voiles fasseyer toute la nuit…

 jusqu'à l'approche de l'aube, puis nous approchâmes de la terre dans

l'espoir d'y trouver de l'eau et des vivres frais.

A midi, nos observations nous situaient par 4° et 20° de latitude. (1)




20 janvier




Au matin, étant tout près de la terre, nous laissâmes fasseyer nos

voiles et nous mîmes la yole à la mer pour aller sonder devant le

navire et chercher un bon mouillage. Ainsi, nos hommes allèrent

jusqu'à une petite île (2 ) , la plus proche de nous, se trouvant à deux

lieues environ au Nord de l'île haute ( 3 ). Ils débarquèrent dans une

belle anse sablonneuse. Nous aurions pu y mouiller dans de bonnes

conditions, mais, comme nos hommes ne signalaient pas avoir trouvé

 d'eau, nous ne jetâmes pas l'ancre. Le canot revint donc. Il ramenait

autant de tortues terrestres qu'il pouvait en contenir. Nous nous

approchâmes donc des autres îles. 
















Les tortues fournissaient une bonne viande, aussi bonne que du

boeuf frais, mais après deux ou trois repas, nos hommes refusèrent

d'en manger à cause de l'apparence si laide de ces animaux avant la

cuisson. Elles étaient si grosses que huit d'entre elles remplissaient

la yole. 



Avançant parmi les îles, nous trouvâmes dix à douze brasses à une

lieue de terre. A deux lieues, il y avait de vingt à trente brasses, avec

un très bon fond. Pour le soir, nous avions pensé mouiller près d'une

île qui s'étendait Est / Nord _ Est et qui paraissait pouvoir offrir

beaucoup de fruits et d'eau. Mais la nuit était proche et, comme nous

 avions aperçu des hauts-fonds et des rochers au long de la côte, ainsi

 que d'autres îles devant nous, nous virâmes de bord et nous restâmes au large,

cap au Nord / Nord _ Est, en attendant le lendemain et en espérant

que nous trouverions un bon mouillage auprès des autres îles qui

nous apparaissaient un peu plus loin à l' Est / Nord _ Est.





Mais sur notre route il y avait une petite île ( 5 ), à deux lieues

environ du rivage. Nous ne parvenions pas à la doubler, mais nous

réussimes à passer entre elle et l'île principale. Nous avions des

fonds de quinze à vingt brasses. Cette petite île n'était guère plus

qu'un rocher, ou peu s'en faut. Ayant passé ce rocher nous tirâmes

des bords jusqu'à minuit, puis nous demeurâmes sous la côte Est de

l'île, les voiles flasques, sous un vent frais. Nous tirâmes des bords

vers l' Ouest, puis vers le Nord et l' Ouest / Nord _ Ouest, pour

demeurer auprès de l'île. 
















J'avais aperçu une trentaine d'îles petites et grandes, et les eaux

étaient libres autour d'elles. Nous fîmes route au Nord par rapport à

elles. La distance entre l'île la plus au Sud et celle qui se trouvait le

plus au Nord pouvait être d'environ vingt lieues, et elles étaient très

rapprochées les unes des autres. 



(1 ) _ D'après Revett, 4° 48'. 
(2 ) _ Ile du Nord. 
(3 ) _Ile Silhouette. 
(4 ) _ Praslin et ses voisines. 
(5 ) _ Mamelles.







21 janvier






Au matin, nous nous sommes préparés pour nous rendre à terre.

Nous avons envoyé notre yole pour sonder devant le navire et pour

chercher un endroit favorable au mouillage. 

Aux environs de neuf heures du matin, nous avons jeté l'ancre par

un fond de quinze brasses, à un demi-mille de la côte, à peu près.

Mais il y avait là beaucoup de petits écueils. En conséquence, nous

allâmes plus avant. 



Nous trouvâmes alors un fond clair et nous pûmes avancer aisément.

En plusieurs endroits nous trouvâmes une eau potable excellente,

mais rien ne venait signaler qu'il y avait jamais eu là une vie humaine
Il y a un excellent passage qui se trouve entre deux îles situées à

environ un mille et demie l'une de l'autre et qui s'étendent de

l'Est / Sud _ Est au Sud _ Est et au Nord _ Est. Il y avait trois autres

îles qui se trouvent à trois lieues environ de l'endroit où nous étions

à l'ancre. Ainsi nous nous trouvions dans une sorte de bassin entouré de

terres, sauf à l'Est / Nord _ Est et à l'Est. 

















Pour permettre l'identification de l'endroit où nous étions au

mouillage, je dirai qu'il y avait une petite île ( 3 ) qui se trouvait à

proximité, au Nord du chenal à deux lieues environ et qu'il y avait un

 rocher ( 4 ) entre l'île dans laquelle nous voulions nous rendre et

celle dont je viens de parler ; le passage se trouvant au Sud de

celui _ ci . Vers l'Ouest _ Nord _ Ouest se trouve une île très haute, à environ

dix lieues, qui est celle dont j'ai déjà parlé ( 5 ). Nous avons jeté

 l'ancre. Le passage était à 4° 10' Sud. 




22 janvier




Mettant un canot à la mer afin qu'il se dirige vers l'Est / Nord - Est,

 nous élongeâmes deux filins sur une bonne longueur et nous

mouillâmes l'ancre par treize brasses de fond, excellent fond. 




Nous étions à une portée de pistolet du rivage, vers lequel nous nous

 dirigeâmes comme si nous avions navigué dans un bassin de vingt à

 trente brasses de profondeur. 













Nous fîmes alors de l'eau et du bois tout à loisir, avec beaucoup de

facilité. Nous trouvâmes beaucoup de noix de coco, mûres et vertes,

de toutes espèces, beaucoup de poissons, d'oiseaux et de tortues

( Mais nos hommes ne voulaient pas en manger, alors que nous

aurions pu en tuer autant que nous aurions voulu. ).

Il y avait beaucoup de raies, et autres poissons. Auprès des rivières,

il y avait également beaucoup d'alligators ( 8 ) . En pêchant des raies,

nos hommes en prirent un. Ils le tirèrent au sec tout vivant, en lui

passant une corde derrière les ouïes. Sur l'une de ces îles, à deux

milles de l'endroit où nous nous trouvions, il y avait de beaux arbres,

tels que je n'en avais encore jamais vus quant à la hauteur et au

diamètre du tronc. Leur bois est dur . On peut en trouver beaucoup

qui mesurent de soixante à soixante-dix pieds de haut, sans une

seule branche, si ce n'est tout en haut. Ils sont très gros et droits

comme des flêches. L'endroit est excellent pour les rafraîchissements

 et pour le bois, l'eau, les noix de coco, les oiseaux et les poissons.

Il n'y a aucun danger de quelque sorte que ce soit, à l'exception des

alligators. C'est à ne pas comprendre que personne ne soit venu ici

avant nous. ( 9 ).


( Le 1er février, ils mettaient à la voile ... ) 


( 1 ) _ Mouillage final, sous Ste. Anne, près 
de la Victoria actuelle. 
( 2 ) _ Cerf, Ile-Longue et Ile-Moyenne. 
( 3 ) _ Mamelles. 
( 4 ) _ Brisard. 
( 5 ) _ Silhouette
( 6 ) _ 4° 35 Sud. 
( 7 ° _ coco-de-mer ? 
( 8 ) _ Il s'agissait de crocodiles, ( Ils ont 
complètement disparu ! )
( 9 ) _ Ils ont appelé ces îles : " Les îles 
désolées " !






 








Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire