lundi 26 juin 2017

LE NAUFRAGE DU SAINT ABBS




    LE NAUFRAGE
            DU
 SAINT ABBS

                     (suite)



_" L'exploration commence ... L'île n'a aucun

relief ... Au centre, nous trouvons quelques

mares ... L'eau en est boueuse ... Mais c'est de

l'eau douce !


Elle mesure environ trois milles sur un demi-

mille de large. Des broussailles et des arbres

rabougris la recouvrent. Les oiseaux sont

nombreux : Ils perchent sur les arbres et les

arbustes. 







_" Nous poussons notre radeau le long du rivage

, à travers les eaux peu profondes ...

Le lendemain, nous gagnons l'autre extrémité de

 l'île, où se trouvent une petite éminence, un

palmier chétif et quelques mares dont l'eau est

saumâtre, mais buvable. Il y a également là une

hutte et, bien évidemment, nous décidons d'y

installer notre campement. Dans la mer toute

proche, il y a un parc à tortues ... Il contient

quelques tortues vivantes. 








_" Notre situation se trouve donc améliorée,

l'avenir s'annonce avec un peu plus d'espoir :

De toute évidence l'île n'est pas abandonnée,

elle reçoit périodiquement des visites ...



_" La première nuit, des hurlements nous

alarment : Il semble bien qu'ils soient ceux que

pousseraient des bêtes sauvages ...




Nous découvrirons plus tard qu'il ne s'agit que

de chiens revenus à l'état sauvage, qui vivent

dans la brousse. Ils doivent rôder la nuit le long

des rivages, se nourrissant de crabes ...



Le charpentier les rencontrera un jour ...

Surpris, il reviendra prudemment au campement. 




_" A partir de ce jour il y a un peu plus de variété

 dans notre routine quotidienne. Les fous,

oiseaux plus gros que ceux de Bird vivent dans

la brousse. Nous partons à leur recherche

chaque matin, armés de bâtons, pour assurer

l'approvisionnement. Ils demeurent stupides,

attendant qu'on les assomme ... Mais ils

deviennent vite plus rares et nous sommes

inquiets pour notre nourriture ... La frégate,

autrement dénommée l' "oiseau-combattant" est

 également l'un des habitants de notre île.

Un jour, le Capitaine en ramène une ...

Il la mange pour son dîner ... Nous nous sommes

 beaucoup moqués de lui ! ... À en juger à l'odeur

, les fous et les sternes sont moins goûteux,

assurément ! 
















_" La nuit, nous dormons dans la hutte ... Nous

dormirions peut-être moins tranquillement si

nous savions qu'elle a été occupée ...

par des lépreux !




_"Ces journées harassantes nous ont

passablement affaiblis, bien que nous ayons

varié notre nourriture en mangeant des tortues ...

 Notre santé commence à s'en ressentir ...





_"L'impression d'être coupés du reste du monde

 devient difficilement tolérable ...

Nous imaginons parfois de lancer un radeau sur

 l'océan, plutôt que de traîner une vie si

misérable ...




-" Y a-t-il pire que ce que nous vivons ? "




_" Avant de répondre à cette question, que nous

nous posons tous, essayez donc de vivre sur une

île avec l'espoir pour toute compagnie ! 



_" Une nuit, Harry le Hollandais, fait un rêve :

Au petit matin il nous raconte qu'il a vu une

voile ... Peut-être a-t-il un don de voyance et de

prophétie ? ... Le même jour ... Je suis seul, en

train de faire cuire des oiseaux ... J'entends un

cri ...





















_" Je lève les yeux ... Je vois un homme qui

gesticule et qui hurle comme un fou, sur la dune

qui nous sert d'observatoire ... Je laisse choir les

oiseaux dans le feu ! Je grimpe sur la dune,

aussi vite que mes jambes me le permettent ...

J'aperçois une goélette ... à l'ancre, tout près de

notre île ! ... Enfin, l'heure de la délivrance est

venue !



_" Une embarcation légère, montée par des noirs

 avec un blanc à la barre aborde le rivage ...

C'est en Français que l'on nous interpelle et que

nous racontons nos aventures ...




_"La goélette s'appelle la "Marie".

C'est un bateau seychellois. Il croisait, à la

recherche des tortues de mer ... Le patron, un

Créole-Français, nous fait envoyer un peu de

nourriture et quelques vêtements ...

Ce que ses maigres ressources lui permettent ... 


















_" Il accepte, bien entendu, de nous emmener

avec lui ... A son bord, nous mangeons du riz ...

C'est, je vous l'assure, ce qu'il y a de plus

délicieux ... O ! Combien ce riz bouilli nous

paraît délicieux !

_" Il me semble que nous embarquons sur la

 "Marie" le vingt deux juillet mille huit cent

cinquante cinq ... Nous avons donc passé trente

six jours sur nos îles ! ... C'est avec une grande

joie que nous quittons ce repaire de fous et

autres oiseaux de mer ... Nous mettons le cap sur

 les Seychelles ... Malgré ses maigres ressources,

le Capitaine de la "Marie" fait tout ce qu'il peut

pour subvenir à nos besoins. Nous sommes

toujours têtes nues et pieds nus mais, comme

nous y sommes habitués, cela ne nous préoccupe

 guère ...

Nous sommes nourris de riz, accompagné de

viande de tortue et de poisson salé. 










_" La "Marie" commence par faire route vers le

canal du Mozambique, à la recherche d'une

équipe de noirs qui ont été laissés sur Astove

quelques mois plus tôt pour y chercher des

tortues. Le vent est fort, la vieille goélette fait de

l'eau ... Le voyage n'est guère plaisant.

Au bout de quelques jours, nous sommes à

Astove mais il n'y a là aucune trace de vie

humaine ... Le Capitaine reprend donc la route

des Seychelles, qui se trouvent à une petite

centaine de milles dans le nord ...

( Nous apprendrons plus tard que les chasseurs

de tortues, manquant de provisions, ont été

recueillis par un bateau de passage ... )

Le temps est très mauvais. Nous échappons de

justesse à un nouveau naufrage sur un banc de

récifs ...





_"Après dix jours de navigation sur ce bateau

qui prend l'eau nous voici enfin en vue des

Seychelles ... L'Officier de Santé monte à bord ...

Il est fort surpris d'y rencontrer des passagers si

étranges ... Il repart pour faire son rapport ...






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