ERROMANGO
Papayer
ERROMANGO
1962
Erromango ! J’ai lu le livre de
Pierre Benoît ayant ce nom pour titre. Il ne me souvient plus très bien … Je
crois qu’il racontait l’histoire d’un colon qui s’était installé dans cette île
couverte de forêts primitives. Il avait tenté l’élevage des bovins, mais la
nature hostile, le climat humide, chaud et pluvieux, l’hostilité des indigènes,
la menace des « esprits » et la malédiction pesant trop fort, il
avait dû se résigner à baisser les bras et à partir. On disait que le bétail
s’était multiplié après son départ. On chassait le bœuf à Erromango,
maintenant. Pierre Benoît avait évoqué les arbres gigantesques et serrés, les
lianes recouvrant les frondaisons, les petits perroquets, que l’on appelait des
loris, les chauves-souris énormes venant, la nuit, grignoter les mangues et les
papayes dans les plantations. Il avait dit les sons étranges de la mer,
l’énorme souffle du vent des cyclones, les pluies diluviennes qui durent des
saisons entières, les secousses des tremblements de terre. Il avait dit les
ombres à formes humaines, disparaissant sous les feuillages. Il avait dit la
force des mythes et des légendes … savait-on s’il s’agissait bien de
légendes ?
La piste d’aviation était encore
beaucoup, beaucoup plus étroite que celle de Bauerfield : Elle était
taillée dans une plantation de cocotiers. On aurait dit que le bout des ailes
allait frôler les troncs …Et c’était tout juste si l’avion avait assez de place
pour se faufiler. Burton prenait la piste de très court, parce qu’elle se
terminait au bord d’une falaise. Atterrissage acrobatique !
Champion ! Burton est un champion ! J’ai tremblé lorsque, prenant la
piste, l’avion a décapité un papayer !
Papayer portant fruits
Échanges assez mystérieux avec deux
Mélanésiens à demi nus : trois paniers changent de mains et s’affalent
dans la soute - Des paniers de palmes tressées et remplis de langoustes !
Burton s’est assuré la collaboration des pêcheurs d’Erromango et se fait ainsi
une exclusivité du commerce de la langouste à Port-Vila. Savez-vous comment on
pêche la langouste ? De nuit, et particulièrement par les nuits très
noires, les insulaires vont sur le récif avec une lampe à gaz de pétrole, un
« morigaz », dit-on … Les langoustes, il n’y a qu’à les ramasser sur
les rochers !
Outre les langoustes, et beaucoup
plus appréciées encore, on ramasse des « popinées », c’est à dire des
cigales de mer. Elles se distinguent des langoustes par leurs antennes
aplaties, élargies. La chair en est beaucoup plus fine !
Personne n’est descendu, à Erromango,
personne n’a embarqué : L’escale visait uniquement le commerce des
crustacés ! L’avion reprend la piste : Burton nous a prévenus, la
piste n’est pas assez longue … L’avion n’aura pas décollé encore tout à fait
lorsqu’il arrivera au bord de la falaise ! De fait, il roule, prend de la
vitesse, les deux moteurs s’emballent. L’appareil chute – Un
haut-le-cœur ! – Il reprend de la hauteur, vire sur l’aile, se dirige vers
l’île voisine, située dans le Sud : Tanna ! Enfin Tanna !
On la distingue : masse bleutée, assez vague encore, surmontée d’un immense panache sombre : Le panache du volcan, qui est en éruption. Dans les airs, à haute altitude, des volutes et des bubons, des nuages qui dérivent en direction de l’Est. À perte de vue, des poussières et des fumées, des fleuves de poussières et de fumées … Nous nous poserons à l’Ouest, c’est à dire dans une zone épargnée : Michel, c’est là que tu vas vivre pendant trois ans !
On la distingue : masse bleutée, assez vague encore, surmontée d’un immense panache sombre : Le panache du volcan, qui est en éruption. Dans les airs, à haute altitude, des volutes et des bubons, des nuages qui dérivent en direction de l’Est. À perte de vue, des poussières et des fumées, des fleuves de poussières et de fumées … Nous nous poserons à l’Ouest, c’est à dire dans une zone épargnée : Michel, c’est là que tu vas vivre pendant trois ans !
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