jeudi 1 octobre 2015

ERROMANGO - VANUATU





ERROMANGO

















               Papayer







ERROMANGO

1962


Erromango ! J’ai lu le livre de Pierre Benoît ayant ce nom pour titre. Il ne me souvient plus très bien … Je crois qu’il racontait l’histoire d’un colon qui s’était installé dans cette île couverte de forêts primitives. Il avait tenté l’élevage des bovins, mais la nature hostile, le climat humide, chaud et pluvieux, l’hostilité des indigènes, la menace des « esprits » et la malédiction pesant trop fort, il avait dû se résigner à baisser les bras et à partir. On disait que le bétail s’était multiplié après son départ. On chassait le bœuf à Erromango, maintenant. Pierre Benoît avait évoqué les arbres gigantesques et serrés, les lianes recouvrant les frondaisons, les petits perroquets, que l’on appelait des loris, les chauves-souris énormes venant, la nuit, grignoter les mangues et les papayes dans les plantations. Il avait dit les sons étranges de la mer, l’énorme souffle du vent des cyclones, les pluies diluviennes qui durent des saisons entières, les secousses des tremblements de terre. Il avait dit les ombres à formes humaines, disparaissant sous les feuillages. Il avait dit la force des mythes et des légendes … savait-on s’il s’agissait bien de légendes ?
La piste d’aviation était encore beaucoup, beaucoup plus étroite que celle de Bauerfield : Elle était taillée dans une plantation de cocotiers. On aurait dit que le bout des ailes allait frôler les troncs …Et c’était tout juste si l’avion avait assez de place pour se faufiler. Burton prenait la piste de très court, parce qu’elle se terminait au bord d’une falaise. Atterrissage acrobatique ! Champion ! Burton est un champion ! J’ai tremblé lorsque, prenant la piste, l’avion a décapité un papayer !




Papayer portant fruits

Échanges assez mystérieux avec deux Mélanésiens à demi nus : trois paniers changent de mains et s’affalent dans la soute - Des paniers de palmes tressées et remplis de langoustes ! Burton s’est assuré la collaboration des pêcheurs d’Erromango et se fait ainsi une exclusivité du commerce de la langouste à Port-Vila. Savez-vous comment on pêche la langouste ? De nuit, et particulièrement par les nuits très noires, les insulaires vont sur le récif avec une lampe à gaz de pétrole, un « morigaz », dit-on … Les langoustes, il n’y a qu’à les ramasser sur les rochers ! 
Outre les langoustes, et beaucoup plus appréciées encore, on ramasse des « popinées », c’est à dire des cigales de mer. Elles se distinguent des langoustes par leurs antennes aplaties, élargies. La chair en est beaucoup plus fine ! 
Personne n’est descendu, à Erromango, personne n’a embarqué : L’escale visait uniquement le commerce des crustacés ! L’avion reprend la piste : Burton nous a prévenus, la piste n’est pas assez longue … L’avion n’aura pas décollé encore tout à fait lorsqu’il arrivera au bord de la falaise ! De fait, il roule, prend de la vitesse, les deux moteurs s’emballent. L’appareil chute – Un haut-le-cœur ! – Il reprend de la hauteur, vire sur l’aile, se dirige vers l’île voisine, située dans le Sud : Tanna ! Enfin Tanna ! 








On la distingue : masse bleutée, assez vague encore, surmontée d’un immense panache sombre : Le panache du volcan, qui est en éruption. Dans les airs, à haute altitude, des volutes et des bubons, des nuages qui dérivent en direction de l’Est. À perte de vue, des poussières et des fumées, des fleuves de poussières et de fumées … Nous nous poserons à l’Ouest, c’est à dire dans une zone épargnée : Michel, c’est là que tu vas vivre pendant trois ans !

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