jeudi 4 décembre 2014

LES ÎLES SEYCHELLES





DES OISEAUX






                     Comment imaginer le bonheur sans un arbre, sans les feuilles, sans les fruits, sans les fleurs, sans les oiseaux ? Ici, les arbres portent de petites fleurs blanches et tout à la fois les coupes des tulipiers, les pompons des dahlias, les roses en bouton et les roses épanouies, les longs cornets des droséras, les flammes des glaïeuls, les houppes des coccolobas ou raisins-bord-de mer. Les feuilles sont graciles et roses ou bien larges et luisantes ainsi que celles des magnolias. Comment imaginer plus pure merveille que la miraculeuse ébénisterie de la pomme du mahogani, ses graines ailées logées entre les écailles qui s'ajustent et s'emboîtent ? ... L'air sent la cannelle, la girofle, le cèdre et le mimosa. Il faut imaginer des rameaux chargés tout à la fois de sapotilles, de prunes et de pommes, de mangues, de cerises, de letchis, d'oranges, d'abricots et de noix ... La brise dans les branches et dans les feuillages joue des musiques très douces.






                      À cinq heures, dans l'après-midi, on tape dans ses mains, vigoureusement, comme pour appeler quelqu'un. Le bonheur alors se complète. Il arrive très vite, dans un froissement de rouges et d'orangés. Centaines d'ailes qui battent. Centaines d'oiseaux cousins des serins, libres, venant nous voir car tel est leur bon plaisir, nous faisant la grâce d'une visite. Vous leur lancez deux poignées de riz sur la terrasse. Ils se posent avec de petits cris de joie. Joie ... C'est la joie qui bat des ailes, écarte les queues en éventails, déplie les petites pattes, ouvre les doigts. La plupart de ces oiseaux sont rouges, avec le ventre dans les tons orange vif. Certains ont la plume verdâtre, d'autres, plus rares, sont tout à fait jaunes comme les canaris de vos volières. Ils viendront picorer jusque dans le creux des mains, lestes, prompts, attentifs. Habituellement ils vont en bandes et on ne les voit venir qu'en fin d'après-midi. Il arrive souvent pourtant qu'un vieux mâle vienne se poser sur ma fenêtre aux heures les plus chaudes. Il rentre dans la cuisine. Il est chez lui. Sur la table, il sait qu'une tranche de pain a été disposée à son intention. Je ne jurerais pas, pendant que je le photographie ... Je crois bien qu'il n'attendait que ça !







                      À cinq heures, les serveuses du restaurant de l'hôtel commencent à disposer les couverts et à préparer le buffet libre-service. Les oiseaux sont là, perchés sur les dossiers des chaises. Dès que les dos seront tournés ils viendront planter leur bec dans la chair des papayes et autres fruits ... Couvrez, couvrez les plats et les mets qu'ils contiennent, les oiseaux arrivent ! Ils sont là, pendant le repas, prudents, mais néanmoins effrontés assez pour demeurer à faible distance. Ils font le bonheur des convives. Dès que les chaises ont été tirées, ils se reforment en vol serré et ils se posent sur les tables.







                       Le bonheur est là. Les arbres sont toujours verts. Il y a toujours quelque part quelque fleur épanouie. Il y a toujours, pendu à une branche ou à une autre quelque fruit à peau de velours ou à peau de cuir. L'air sent le patchouli, la vanille, la cannelle, la girofle. Il y a des centaines d'oiseaux qui pépient en battant des ailes, des oiseaux libres et sans crainte ... Le bonheur selon Saint François d'Assise qui parlait aux oiseaux ! ... C'est tout près de la ligne équinoxiale, c'est aux iles Fortunées, c'est aux îles Bienheureuses, c'est aux îles Saint Brendan, aux îles d'Ophir, aux îles du Brazil, c'est aux Seychelles, les îles d'or, d'émeraude et de saphir! ... 







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