lundi 29 décembre 2014

ALLÉGORIE POUR TAHITI











ALLÉGORIE POUR TAHITI



               ( COMPRENNE QUI POURRA !)





















LA ROUTE DE L'OCÉAN





L'Océan est très grand. Il est presque tout plat, à peine courbé sur la ligne d'horizon. Il est tout bleu.

Juste au milieu, il y a un récif tout blanc, rond comme un anneau. Dans l'anneau, il y a un lagon et au centre du lagon, il y a une petite île. C'est une petite île, mais elle est haute, comme une haute montagne. Elle est bordée de sable blanc, de cocotiers et de takamakas.

Aux flancs de la montagne, il y a des mahoganis et puis des albizzias. Tout en haut, il y a ...
Mais tu ne sauras pas ce qu'il y a en haut de la montagne : Il n'y a pas de sentier pour y grimper !
Sur cette île, il y a Petit-Jean. Petit-Jean habite une belle petite maison, dont le toit est de palmes. Tu ne sauras pas quelle est la couleur de la maison : Elle est cachée derrière les lauriers-roses et les bougainvillées. Il y a aussi des frangipaniers parfumés.

Dans cette île, il n'y a pas de routes. Il n'y a pas d'automobiles, ni même de chars à boeufs. Quand on veut aller chez son voisin, on utilise son petit bateau.

Chaque lundi, Petit-Jean va chez son voisin de droite. Chaque mardi, il va chez son voisin de droite. Son voisin de gauche a un chapeau pointu. Son voisin de droite ne porte pas de chapeau, mais il est barbu.

Petit-jean joue aux dominos, le lundi, chez son voisin de droite. Il joue aux cartes le mardi, chez son voisin de gauche. Tu ne sauras pas ce qu'il fait le mercredi et le jeudi, ni le vendredi, ni le samedi : On ne me l'a pas dit. Et le dimanche ? -Le dimanche, c'est chez Petit-Jean qu'a lieu la partie : Une fois, c'est une partie de dominos, le dimanche suivant, c'est une partie de cartes. Tous les dimanches, il y a l'homme au chapeau pointu, il y a le barbu, il y a Petit-jean, il y a aussi Petit-Louis. Petit-Louis habite un peu plus loin, près de l'arbre aux "bil-bil". Lui aussi vient dans son bateau ...






















Mais Petit-Louis est fatigué de ramer, surtout quand le vent souffle.

-" Si nous construisions une route ? "

-" Une route ! Pour quoi faire ? "

-" Nous aurions chacun une automobile. Une automobile, ça roule tout seul, comme son nom l'indique. C'est moins fatigant qu'un canot avec ses avirons ! "




















Le lundi matin, au lieu d'aller jouer aux dominos, l'homme au chapeau pointu commence à construire la route, avec une pelle, une pioche et un râteau. Elle doit aller jusque chez Petit-Jean.

Le mardi matin, au lieu d'aller jouer aux cartes, Petit-Jean en fait autant, en direction de la maison du barbu.

Le mercredi matin, le barbu commence aussi à tracer une route dès potron-minet. Elle doit aller jusque chez Petit-Louis.

Le jeudi matin, tous les habitants de l'île en font autant, tout autour de l'île.

Le samedi soir, la route est finie. Elle court entre les frangipaniers et les bougainvillées.




Petit-Jean achète une auto rouge. L'homme au chapeau pointu achète une auto bleue. Le barbu en a une verte. Celle de Petit-Louis est toute blanche.
Tu ne sauras pas comment sont les autos des autres ... Mais si ! Tu n'as qu'a les imaginer !


Le dimanche matin , dès que le soleil se lève, chacun monte dans son auto. Petit-Jean, Petit-Louis, le barbu et aussi l'homme au chapeau pointu ! Tout le monde démarre à la fois. C'est comme un vrai manège tout autour de l'île, de toutes les couleurs !


Le barbu va chez Petit-Jean, mais ... comment s'arrêter ? ... Petit-Louis arrive par derrière, et les autres aussi ... Il faut bien avancer ! Alors, le barbu continue, et ls autres aussi ! Quand le barbu arrive chez l'homme au chapeau, c'est le même problème ... Comment s'arrêter ? ... Il continue ... Et les autres aussi !

Alors, toutes les voitures roulent, roulent, sans jamais pouvoir s'arrêter !
Petit-Jean appuie sur son avertisseur. Tous les autres en font autant. Cela fait tant de bruit que tous les oiseaux s'envolent, même " Madame Patton" aux longs pieds, au long bec et au long cou, tout de blanc vêtue ... Tous les oiseaux en font autant : les martins, les aigrettes, les cardinaux et les paille-en-queue. C'est beau ! C'est beau !

Mais, le soir venu, chacun voudrait bien dormir ! Comment s'arrêter ? Mais comment s'arrêter ?

 
Deux jours se passent, et puis aussi deux nuits ... On ne peut plus jouer aux dominos ou aux cartes ...


Un policier allume une lampe verte. Les autos roulent toujours. Il en allume une rouge, les autos s'arrêtent : Il n'y a plus une goutte d'essence dans les réservoirs. Il n'y a plus d'essence et chacun, en bâillant, va rejoindre son lit. Le dimanche, chacun va jouer aux dominos, mais chacun y va ... en bateau !


Les autos sont toujours sur la route. Vous pouvez les y voir, au beau milieu. Elles sont vides .
Chaque année, pour Noël, on y verse un peu d'essence ... Juste ce qu'il faut ... On roule à la queue-leu-leu, tout doucement pour ne pas effrayer les oiseaux. Par les fenêtres, en passant, on cueille des oranges, des fruits de la passion, des pommes-cythère. On cueille aussi des fleurs.


La lampe du policier s'allume, tout en haut de la montagne où on l'a placée ... Je ne vous dirai pas comment on a fait pour y grimper !
La lampe est tantôt verte, tantôt rouge. Les paille-en-queue font des guirlandes au-dessus des albizzias et des takamakas. Mon Dieu, que c'est beau !

Et l'on tourne jusqu'au Premier de L'An !
Après, chacun reprend son petit bateau ... 

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