mercredi 30 mars 2016

BANGKOK






BANGKOK

















           





                Bangkok n’est pas une ville, à mon sens, c’est une agglomération. 

                 Bangkok, c’est d’abord du bruit, un bruit assourdissant, continu, obsédant, abrutissant : L’écoulement ininterrompu des véhicules à moteurs de toutes sortes : Automobiles innombrables, camions, autobus, trains … Et ces curieuses voiturettes à trois roues que l’on appelle les « Tuk-Tuk » : Ce sont des taxis, des engins qui fonctionnent au gaz butane, et la bouteille de gaz est fixée sous le siège du passager. Le conducteur est à l’avant, assis sur une espèce de selle de moto. L’avantage de ce moyen de transport, c’est son aptitude à se faufiler à travers les automobiles … Son inconvénient principal, c’est le bruit, d’où il tire son nom, qui n’est qu’une onomatopée. Subsidiairement, il faut considérer que le passager, à l’air libre sous la capote, est exactement à la bonne hauteur pour respirer tous les gaz d’échappement libérés par la meute à travers laquelle on se faufile … Agréable, évidemment, aussi bien quand on roule que lorsqu’on attend à l’un des nombreux feux rouges !











         





            Bangkok, c’est aussi la foule des piétons : Ils traversent la rue sur de longues passerelles métalliques qui enjambent la voie.

     Ce sont des bâtiments en perpétuelles modifications. Celui qui est là aujourd’hui ne sera plus là demain et celui que l’on vient de démolir, demain sera rebâti, différent dans ses dimensions et différent dans sa forme. Perpétuels échafaudages de bambous liés qui font songer à des cages pour singes que l’on pourrait voir dans un zoo. Même pour élever une tour de vingt-cinq étages, les ouvriers grimpent d’un bambou à l’autre en portant leur seau de béton … 

         Ce sont des tours. Elles abritent les grands hôtels, les grands magasins, les bureaux des sociétés, qui sont nombreux, les banques, qui sont nombreuses aussi. Tout aussi nombreux : Les magasins de joaillerie … 












                    





                      Entrez, vous êtes devant des présentoirs de dimensions inouïes : De vrais présentoirs de marchés publics : des casiers comme casiers de fruits et légumes, longs et abondamment garnis … Topazes, brûlées ou non, émeraudes, foncées ou claires, saphirs … Beaucoup de saphirs, bleu foncé ou bleu clair. Rubis aussi, beaucoup de rubis, dont le poids varie de quelques centièmes de carat à une dizaine de carats, taillés de diverses façons … Les lumières électriques, dans le magasin, sont étudiées pour faire luire toutes ces pierres. Tant de pierres : On a un peu l’impression, devant les rubis, de se trouver devant l’ éventaire d’une marchande de cerises ou de prunes ! Qui achète ? – Je ne sais, mais les femmes ne manquent pas d’entraîner dans ces lieux leurs maris ou ceux qui aspirent à le devenir, et même ceux qui n’ont nullement l’intention de le devenir: Ceux-là, à mon sens, ambitionnent quelque chose qu’ils se préparent à payer très cher !














             




              Au petit matin, en longues files indiennes, les moines sortent des pagodes. Ils sont enveloppés dans une toge dont la couleur est d’ocre jaune ou d’ocre rouge et qui dégage une épaule nue. Ils ont le crâne rasé, souvent ils arborent un sourire. Ils tendent un bol métallique au décor guilloché, dont ils soulèvent le couvercle pour que les fidèles le remplissent de riz, de poisson, de viandes … Les fidèles se prosternent. Ils sont nombreux et, chacun à son tour place son obole : Les bonzes et bonzillons auront leur repas pour la journée. Ils reviendront demain. Les fidèles aussi.

Bangkok, ce sont aussi les pagodes, superbes constructions aux toits cornus, aux faïences vernissées, aux toits multiples, aux mosaïques de verres colorés, aux sculptures grimaçantes ou souriantes, aguicheuses ou terrifiantes … Marbres, beaucoup de marbres, ors, beaucoup d’ors, lourdes portes de bois sculpté, cloches de bronze, tambours du même alliage, bassins d’eau claire, statues du Bouddha.


























              Multiples statues du Bouddha ! … Le Bouddha assis en position du lotus, le Bouddha allongé, la main sous la joue, le Bouddha debout, le Bouddha marchant … S’asseoir, joindre les mains, saluer … Surtout, ramener ses pieds convenablement : On ne dirige pas ses pieds vers le Bouddha ! Bouddha en bois, Bouddha en or, Bouddha en pierre, Bouddha d’émeraude … Ramayana : Toutes les scènes de l’histoire sainte, peintes sur les parois … Prodiges des couleurs et du trait ! Le peuple des singes lutte contre le peuple des hommes : Chevaux et chars, lances et sabres, grimaces horribles mais superbes !
Au-dehors, dans des pots de terre vernissés, bonzaïs minutieusement taillés et entretenus … Rumeur des prières, à bouches fermées…

         Ce peuple est, foncièrement, un peuple religieux : Brûlez les bâtonnets d’encens, en paquets, tenus entre les deux mains jointes, accrochez là où il le faut un petit billet de banque, si petit qu’il soit. Sortez de la pagode à reculons : On ne tourne pas le dos au Bouddha !












         




            Bangkok : Millions de gerbes d’orchidées, blanches, bleues, rouges, jaunes et mouchetées, zébrées, tachetées. Orchidées soyeuses, superbes, inquiétantes … Joues poudrées, paupières fardées, lèvres frémissantes.

           Miasmes : Ville vénéneuse … Les « klongs », réseau de canaux où dort une eau lourde et noire, où flottent des chiens crevés, des liserons d’eau et des fleurs de lotus. Exhalaisons, relents et effluves  … Y circulent des barques plates chargées de fruits et de légumes … Le fleuve en majesté : Des palaces s’y mirent et des pagodes aux toits cornus … Des chalands y circulent.

        Ville vénéneuse, les baraques de bois et de fer-blanc se groupent au long des voies ferrées qui mènent à la gare. On soupçonne, on devine : On sait que les venins s’échangent de  main en main. On sait que le vice est là : Derrière les rideaux de fer baissés, derrière les murs, sous les toits … La chaleur est lourde et l’air est chargé de poisons. Dès que le soir tombe s’allument les guirlandes, les lanternes et les réverbères. Les foules s’agglutinent et bourdonnent La « Panthère Rose » est une maison de plaisir : Les jeunes femmes y vont danser en maillots de bain, attendant une rencontre rémunérée … Jeunes femmes superbes, qui s’exposent et se prostituent pour échapper au travail dans les rizières : Les deux pieds dans l’eau et les reins brisés pour le repiquage ! Les spectacles sont   graveleux, mais les « apsaras » conservent la hauteur.

























                        « Choisis », vous dit le chauffeur de taxi qui vous ramène à votre hôtel ». Et il vous présente un album de photos sur lequel on choisirait bien une princesse ou même une reine …

« Massage » ? – Il y a partout des salons de massages. On y soupçonne d’autres poisons.

              Mais avant de monter dans le taxi, flânez donc quelques instants dans le quartier de « Patpong » : Éventaires sur le sol ou sur des tables, tentes et cahutes de fortune : Là, on vend de tout … Les contrefaçons étiquetées « Lacoste », « Chanel » ou « Hermès », les contrefaçons de montres « Rolex » ou « Breitling », les bouteilles de « whisky » frelaté, les copies d’œuvres d’art et d’objets anciens …. Les cigarettes, en fraude … Les petits paquets sans aucun nom, plus que douteux … Les bonnes adresses et les mauvaises … Même pas la peine de chercher : Tout est là !

       Ah ! Les soieries de Thaïlande…

Bangkok, ville extraordinaire où tout est invisible, mais où tout est là. Il suffit de payer … En dollars, de préférence !











          





               J’allais oublier : Avant de quitter la région, ne manquez pas d’aller visiter le parc aux crocodiles … C’est sur votre chemin quand vous allez voir le marché flottant. On vous montrera peut-être aussi le serpent python …

Bangkok … Aux branches de l’Arbre de Vie, les vents agitent les lanières des tissus en lambeaux … Prières !

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