TOKYO
EN GUISE DE
CONCLUSION
… MAIS Y A-T-IL UNE CONCLUSION À UNE
VIE?
– MÊME LES MORTS SONT
VIVANTS !
J’aurais pu, j’aurais dû, si j’avais
voulu être complet, parler plus encore du Maroc et de l’Algérie, mais je le
ferai peut-être ailleurs, un jour …
J’aurais pu parler plus du Congo,
mais je n’en ai guère vu que Brazzaville et son fleuve, en une période
« animée » … Évidemment, j’aurais pu dire les Russes qui demeuraient
dans le même immeuble que moi, leurs chants puissants, tard dans la nuit, les
rangées de bouteilles de vodka vides, dans l’escalier et devant les portes, au
petit matin. J’aurais pu dire les Chinois qui se déplaçaient à pied, toujours
trois par trois (Il fallait bien qu’il en eut deux pour témoigner de ce que
faisait le troisième ! J’aurais pu dire les jeunes congolais qui
arrêtaient nos voitures, le soir, quand nous allions dîner chez des amis :
Ils se terraient dans le fossé et pointaient leurs kalachnikovs sur notre
nombril en nous réclamant « vos papiers ! », je commençais
toujours par écarter le canon de la mitraillette, puis je tendais des papiers,
que le milicien lisait parfois à l’envers. Je pourrais dire les deux
mitraillettes pointées sur ma poitrine pendant que j’assurais mon émission
hebdomadaire au micro de Radio Brazzaville ! Je pourrais parler des deux
sentinelles, gardiens de notre immeuble : Ils montaient la garde toute la
nuit au pied des escaliers, armés en tout et pour tout … Chacun d’une lance !
Je devrais dire les camions qui passaient tout au long des avenues pour
« ramasser » les mendiants et les « suspects », chaque fois
qu’un visiteur de haut rang arrivait dans la capitale : Les
« ramassés », on les « mettait à l’abri » pour qu’ils ne
puissent être vus. Je devrais dire la chasse à l’homme qui aboutit à abattre un
certain Diawara, opposant au régime en place, et l’exposition de son
corps dans le stade de foot ball.
BRAZZAVILLE
Je devrais dire les administrations
au sein desquelles j’étais censé travailler et dont les locaux restaient
désespérément vides à longueur de journée, chacun ayant mieux à faire que d’y
occuper son siège … Mais tout cela ne m’amènerait qu’à justifier ma décision de
quitter le Congo au plus vite : En échange, on me proposa un poste intéressant
à Madagascar … Joie ! … Mais c’était au moment, juste, où un coup d’état
faisait tomber le Président Tsiranana : Je ne partis pas à Madagascar,
c’est le grand regret de ma vie ! Je fus nommé à Vientiane, capitale du
Laos, où l’on m’assura qu’il y avait un lycée français dans lequel je pourrais
scolariser mes enfants … Las, au moment de mon arrivée là-bas, la langue
française disparaissait des établissements laotiens! Il me fallut
scolariser mes enfants à la maison !
GENÈVE
J’aurais pu parler de la Suisse,
peut-être, et de ses merveilles du côté d’Interlaken ? mais mes excursion
là bas sont tellement anciennes ! Cela ne fait rien, j’ai beaucoup aimé la
Suisse, ses montagnes et ses prairies, ses lacs et ses torrents …
J’aurais pu, j’aurais dû parler du
Japon, mais à dire le vrai, je ne suis allé qu’à Tokyo, la capitale, invité par
l’Université de Tokyo qui célébrait le cent cinquantième anniversaire des
relations diplomatiques entre la France et le Japon et organisait une grande
exposition dont mon arrière grand père était l’un des héros pour avoir été l’un
des botanistes majeurs de ce pays, au temps où les Européens posaient pour la
première fois le pied dans le pays … J’ai aimé Tokyo, ses foules des piétons
affairés, courant sans cesse, toujours bien habillés, courtois … J’ai bien
apprécié la courtoisie des Japonais et des Japonaises, et j’ai bien aimé leurs
jardins, leurs parcs, leurs toriis et leurs temples. Je n’ai pas détesté,
peut-être à cause de leurs jardins … Je n’ai pas détesté leurs immeubles « gratte-ciel ».
J’ai bien aimé la spiritualité qui les imprègne, teintée de respect et de
mysticisme … J’ai beaucoup moins apprécié leurs « sushis » de poisson
cru, mais il faut y avoir goûté.
Je voudrais retourner au Japon et
visiter les capitales déchues, parcourir les campagnes, prendre le bain
traditionnel dans les « ryokan » et dormir dans les auberges du cru.
On ne croise plus guère de Geishas, mais on y trouve, peut-être, un genre de
sérénité …
Je reviendrai au Japon !
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