LA CITADELLE DE L’ÎLE D’YEU
C’est une forteresse à la Vauban,
comme les dunes et les forêts en dissimulent tant, sur les côtes de
l’Atlantique. Les murailles en pierres de taille sont basses. Elles émergent du
sable à peine. Fleurs partout : ombelles, corolles … Jaune, blanc.
La porte est massive, bardée de fer.
Je crois bien qu’il y a un pont-levis encore, enjambant les douves ;
Là passe le souffle de l’histoire,
quoi qu’on en pense. Pourtant, le fort n’a jamais connu la guerre. Au
pilier de la poterne, un lézard se chauffe. L’air sent la résine et le sel,
l’œillet et les champignons. On entend crier un geai : un cri qui
ressemble un peu au grincement d’une vieille serrure rouillée …
Le gardien est bucolique et loufoque.
La forteresse appartient toujours à l’État, mais, l’été, elle sert de centre de
vacances
Trou sombre, voûtes humides, parois
de pierre brute, nue. C’est là qu’on enferma Philippe Pétain, Maréchal de
France, mort à quatre-vingt-quinze ans .
« Le Maréchal vécut là. À
l’entrée, on avait fixé au mur un porte-manteau pour sa canne et son
chapeau. Regardez, il y a encore les chevilles dans le mur, à cet
endroit :
« Fixez le porte-manteau plus
haut, conseilla le Maréchal … Celui qui viendra après moi est de taille
beaucoup plus élevée … »
Le « Grand » n’est pas venu
après le Maréchal.
Promenade sur le mur d’enceinte. Le
gardien recueille les graines de soucis pour les éparpiller. Symbole ?
-« L’allée bordée d’arbres dans
laquelle le Maréchal se promenait … C’est là que la maréchale l’accompagnait,
aux heures de visite, quand le jour était beau. »
Casemate, tout en longueur : on
y mit son lit de fer, quand il tomba malade.
« Visite Interdite »,
annonce un écriteau à la porte d’entrée.
« Vous pouvez entrer, personne
n’en saura rien ! »
Dans un renfoncement de coursive, une
chaudière éteinte : « C’est là que je cache ma bouteille de vin
rouge. Vous en buvez un coup ? Ma femme n’est pas là pour nous
voir ! »
Pourtant, c’était bien le souffle de
l’Histoire qui passait par là !
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