dimanche 6 mars 2016

LE DÉTROIT DE MAGELLAN









           LE CANAL DE MAGELLAN




























Comment dire ?
C’est un monde minéral
En quatre jours j’ai vu un seul oiseau

Un rêve très étrange
L’impression de planer sur un tapis volant
























Je glissais au-dessus d’un fleuve couleur d’étain vieilli
Et le ciel aussi était d’étain
On n’en voyait d’ailleurs qu’une lanière découpée
Tout en haut
Comme un couvercle faiblement halogène entre les falaises abruptes
Vertigineuses
Le navire avançant tout au fond d’une monstrueuse
 faille de rocaille grise






















La nuit parfois scintillaient de froides étoiles
Arbres morts
Labyrinthes de très étroits canaux
Fronts des glaciers bleus
Bouées noires
Et l’épave d’un navire écorché
Glaçons partant à la dérive
Chutes d’eau
Pas une fumée
Pas une cabane
Pas une vie
L’impression très étrange de pénétrer dans un autre monde






















J’avais rêvé de grands voiliers à trois ou quatre mâts
De baleines et de rorquals
D’albatros
Rien
Rien que le canal lisse
Unicolore
Muet
J’avais rêvé d’orpailleurs
De trappeurs
De guanacos en liberté
Je n’ai rencontré rien de tout cela
Mais contemplé
L’indicible et effrayante beauté




                                                  Cap Horn

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