samedi 23 janvier 2016

CARAÏBES ...










CARAÏBES



















Et ce cri a empoisonné ta vie
Maintenant tes cheveux sont blancs
Le cri de cet homme
Il était debout en plein soleil
Et ne cherchait même pas l’ombre du manguier
Près de la barque tirée sur le sable blanc
Vol des chauves-souris

Roussettes
Soie sur l’océan
Mais leur cri est atroce
Cri jailli de la roue du moulin à cannes
Des engrenages d’acier
Des dents de fer
Bagasse

Du plus profond de la gorge
Ô maman !
Brûlure de l’alcool blanc
Alcool des îles
Des îles parties à la dérive
Jusqu’où la dérive ?
Cingle des fouets sur les peaux à vif

Longues traînées blanches sur l’Océan
Les premiers sur cette terre
Qu’il te faut inventer
Il faut marcher et chaque pas t’éloigne
Au fil des jours
Au fil des ans
Et ce cri a empoisonné ta vie

Rhum-pays
Versé sur les blessures des ans
À vif encore et pour longtemps
Longues patiences
Rage cachée du crabe au fond de son trou
Je t’en sortirai
Je t’en sortirai











La sente au flanc de la colline
Morne rouge
Épines des buissons
Le tranchant des cailloux de basalte
Je t’en sortirai
Je t’en sortirai
Je te sortirai de ta rage

Ô Jésus !
Tambour
Tambour
Chante
Gros kha
Le titi racoon
Et les chutes du Carbet

Chante à coups sourds
Jusqu’à te faire mal aux mains
Jusqu’à la rougeur de tes paumes
Fleuri-Noël pourras-tu les adoucir  ?
Morsure de serpent empoisonne les veines
Ô cœur !
Ô, sapotille !


Rhum-pays au petit matin
Pour le décollage
Sens-tu la vanille ?
La banane-figue
Bois-côtelettes
Gommiers
Bois-bander

La vie
Tambour
Tambour
Chante
Ô papa !
Papa-soleil
Chante à coups sourds
























Mais la flûte au petit matin
Fleur d’hibiscus et de balisier
L’oiseau siffleur
La rose-porcelaine
Ilang-Ilang
Le catalpa et les orchidées
Ce soir une étoile brillera
À la pointe du morne
Morne rouge
Ce soir une étoile va briller
Dans le bol de la darse morte
Odeurs de vases
Odeurs de mort
Placenta
Odeurs de naissances et de vies
Les filaos  dans le vent !
Tambour
Tambour
Ô maman !

La saintoise nous attend sur le sable 
« Dieu Merci ! »
C’est son nom
Catalpas et orchidées
C’est ma liberté de chanter …








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