LE GOÉLAND
LE GOÉLAND
… Brume sur le port. Gerbes de pavillons qui dansent :
coquelicots, boutons d’or … Une corne mugit doucement, plaintivement. La «
Marie des Lys » dort. Au bord du quai, un amateur remonte son carrelet : Un
crabe … Je ne sais s’il vit ou s’il est mort.
-« C’est un crabe enragé" lance un gamin qui passait par
là.
-« Mouettes, gris et goélands » …
Souvenirs scolaires … Ils sont quatre : deux blancs et deux
gris, là, à portée de main. Trois daignent ouvrir les ailes. Ils s’envolent.
-« Regarde le quatrième ! Pauvre bête ! Il traîne à la patte
un morceau de bois attaché au bout d’un fil de nylon. »
-« Mais non, regarde mieux : il se tient sur une seule patte.
La deuxième est liée à la première … Pauvre bête ! Le fil de nylon a fait un
véritable garrot. La patte est atrophiée : On n’en voit plus que l’os. Moignon
de cuisse boursouflé, cicatrisé pourtant».
L’oiseau semble en parfaite santé. Il nous suit de son œil
rouge. J’esquisse un geste, il se laisse tomber du quai, au ras de l’eau, il
ouvre les ailes et part en jetant un long cri.
Oiseau martyr !
Hier, au bout de la jetée, tout près du musoir … La lumière
sur la mer : On l’eut saisie à pleines mains, telle une poudre d’or ! Brume sur
le port ce matin … Sur le bitume, le train des voitures automobiles, doucement,
lanternes allumées.
***
« LE LENDEMAIN, IL SE LEVA, FIT SA PRIÈRE DU MATIN ET REVINT
CHEZ SON HÔTE AUQUEL IL SOUHAITA LE BONJOUR … ON PARLA, LA TABLE FUT SERVIE . ILS BURENT ET MANGÈRENT AVEC BEAUCOUP DE PLAISIR ET DE JOIE. À CE MOMENT LE
MAÎTRE DE MAISON ENTREPRIT DE CONTER SON SIXIÈME VOYAGE … »
(Les Contes des Mille et Une Nuits. )
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