vendredi 7 avril 2017

AU FEU ! LE BATEAU BRÛLE !

AU FEU !





















_"Comme vous le savez sans doute, le coton, naguère, était la principale ressource des Seychelles. Le commerce du coton était si actif que plusieurs bateaux y étaient entièrement affectés ... Je venais d'être nommé capitaine de l'un de ces bateaux, qui avait pour nom " Les Six-Soeurs". Il jaugeait six cents tonneaux. J'avais vingt ans, l'esprit aventureux. J'avais passé toute ma jeunesse à apprendre le métier. Ce commandement venait me récompenser. J'étais fier d'avoir déjà accomplis trois voyages et de les avoir tous réussis. Et puis ... Le ciel me précipita dans une épouvantable apocalypse ...



 



_L e vingt sept juillet mille huit cent dix neuf, je sortais du barachois de Mahé. J'emportais une cargaison de coton pour l'île Maurice. J'avais, de plus, une trentaine de passagers à mon bord. 





_" C'était un vendredi. Certains de mes passagers, par superstition,répugnaient à partir ce jour-là. Me rendant à leur désir, je mouillai en rade de l'île Sainte-Anne. Je ne fis hisser les voiles que le lendemain, vingt huit juillet. Il était deux heures du matin. Le temps était superbe et la brise était belle. Elle nous permit de filer sept à huit noeuds pendant
 quatre jours. J'avais mis le cap à l'est pour m'élever dans le vent...









_ "Nous voici au premier août. Il est huit heures du matin. Je viens de quitter mon quart. Mes calculs me situent par 2°18 sud et 61° de longitude est. Je suis las, je m'allonge sur ma couchette et j'attrape un livre au hasard.

... Je l'ouvre ... C'est le récit du naufrage de la "Méduse", tout récent encore. J'étais en train de m'apitoyer sur le sort de son malheureux
 équipage ... Une voix formidable retentit, venant des soutes ;


_" Au feu ! Au feu ! Nous brûlons !




À moitié nu, je cours jusqu'au gaillard d'arrière. Mon équipage m'y attend,consterné. Je fais carguer le grand hunier. Je donne l'ordre de puiser de l'eau le long du bord avec des seaux et de faire la chaîne jusqu'à ceux qui se précipitent avec moi dans la cale ... 



















Parvenu sur les lieux du sinistre, je constate que le feu a pris dans des balles de coton, entre le pied du grand mât et l'épontille avant, sous des voiles de rechange. Cet incendie ne peut être dû qu'aux marques, imprimées au fer chaud, que l'on a coutume, aux Seychelles, d'appliquer sur les balles de coton. 
















Auprès de moi, il y avait M. Lesage, ancien représentant du gouvernement anglais aux Seychelles. J'aurais dû l'écouter : Il me conseillait de faire fermer hermétiquement toutes les ouvertures et de me diriger vers la terre la plus proche. Hélas, je vois bien, maintenant, que j'aurais dû suivre son conseil ... Mais je ne croyais pas le danger si sérieux que cela, et je persistai dans mon attitude : A tout prix, je voulais essayer de sauver mon bateau ...




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